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Il est urgent que l'Amérique comprenne
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 02 - 2013


Par Hmida BEN ROMDHANE
Sans doute vous vous rappelez Paul Bremer. C'est le type qu'a choisi George W. Bush pour gouverner l'Irak après la chute de Saddam Hussein. C'est le type dont l'ignorance et l'incompétence sont derrière la transformation de l'Irak en enfer. C'est le type qui a contribué de manière substantielle à noircir la réputation de son pays dans le monde, sans parler de son rôle dans le plus grand désastre stratégique que les Etats-Unis ont subi en ce 21e siècle.
Si, dix ans après l'intervention américaine, l'Irak est encore quotidiennement en proie à la violence, c'est parce que Paul Bremer a pris la décision catastrophique de dissoudre l'armée irakienne et de procéder à la «débaathification» de l'administration, ce qui a provoqué un vide politique, administratif et sécuritaire propice à l'anarchie qui n'a pas tardé à se répandre dans le pays comme une traînée de poudre.
Envoyé par George W. Bush en Irak pour «superviser le passage de la dictature à la démocratie», Paul Bremer a livré les musées et les trésors archéologiques et historiques de l'Irak aux pilleurs, très bien protégé le ministère du Pétrole, relâché les démons ethniques et confessionnels dans le pays, rendu possible le désastre de la prison d'Abou Ghraib. En un mot, Paul Bremer a commis plus de crimes qu'il ne faut pour mériter son statut de criminel de guerre et être traîné devant la Cour pénale internationale.
Mais Paul Bremer n'est ni le premier ni le dernier criminel de guerre à jouir d'une totale impunité. Il mène actuellement une retraite dorée dans l'Etat du Vermont. Entre-temps, il s'est découvert un «talent» d'artiste-peintre et, dans ses moments d'oisiveté, il peint des paysages et des nus «avec les couleurs de Matisse». Des peintures qui se caractérisent essentiellement par une tristesse stressante et un manque de talent saisissant. Jugez par vous-mêmes en visitant : http://blog.foreignpolicy.com/posts/2012/08/02/the_watercolor_paintings_of_paul_bremer
D'aucuns se demandent, à juste titre, pourquoi parle-t-on maintenant d'un homme qui a commis ses crimes il y a dix ans déjà, et qui a eu la chance d'échapper à la justice internationale ? Evidemment, on n'aurait jamais choisi un tel sujet, si Paul Bremer n'avait pas reçu, le 7 février dernier, une paire de chaussures sur la tête à Londres.
Il a fallu attendre dix ans pour que l'occasion se présente à un Irakien de lancer sa paire de chaussures sur la tête de celui qui a contribué à la destruction de l'Irak : «Vous avez détruit mon pays, je vous emmerde et j'emmerde votre démocratie», criait ce jeune Irakien alors que le service d'ordre le traînait dehors.
Le service d'ordre assurait la protection d'une conférence donnée par Paul Bremer, le 7 février dernier à Londres, à l'invitation d'une institution très néoconservatrice, la «Henry Jackson Society», où, vous l'avez deviné, il parlait de ses services rendus à l'Irak et aux Irakiens et de l'aide qu'il leur avait prodiguée pour réussir, comme tout le monde sait, leur douce transition de la dictature vers la démocratie. Ce sont probablement ces mensonges éhontés qui ont décidé le jeune Irakien à prendre la décision de balancer ses chaussures sur la tête du menteur et de rentrer chez lui pieds nus.
L'administration Obama a pris la décision de ne jamais se pencher sur le dossier irakien, bien qu'il se soit traduit par un désastre stratégique pour les Etats-Unis, sans compter les milliers de soldats tués, les dizaines de milliers de blessés et le trillion de dollars au moins gaspillés dans cette terrifiante mésaventure. Sans compter les victimes côté irakien et qui se comptent en millions entre morts, blessés et déplacés.
Cette politique est dangereuse et risque de se solder par un nouveau désastre stratégique et la destruction d'un autre pays musulman. Le fait de refuser de se pencher sur les erreurs monumentales commises par l'administration Bush fils dans le cadre de «la guerre globale contre le terrorisme», semble encourager les néoconservateurs à aller de l'avant en mettant en point de mire cette fois l'Iran.
Il est urgent que l'Amérique comprenne quelque chose. Elle ne peut pas continuer, indéfiniment, à combattre le terrorisme d'une main et à le nourrir de l'autre. Les think-tanks néoconservateurs qui pullulent aux Etats-Unis travaillent en parfaite symbiose avec le terrorisme islamiste. On ne suggère pas ici l'idée qu'il y a des relations secrètes de part et d'autre. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que les thinks-tanks néoconservateurs mettent au point des stratégies que la Maison-Blanche applique, donnant ainsi au terrorisme islamiste la matière qui lui manque pour faire sa propagande et mobiliser fonds et troupes pour passer à l'action.
L'Irak n'aurait jamais été détruit et le terrorisme n'aurait jamais connu un tel développement, si les think-tanks néoconservateurs n'avaient pas pondu leurs idées sur «l'anarchie créatrice», «le Nouveau Moyen-Orient» et «la libération des peuples du joug des dictatures», idées que Bush fils a transformées en une aventure désastreuse non seulement pour l'Irak et l'Amérique, mais pour le monde entier.
Les attaques du 11 septembre 2001 n'auraient jamais eu lieu, si les Etats-Unis n'avaient pas investi des milliards de dollars dans la guerre en Afghanistan, et si la CIA, au nom de l'antisoviétisme, n'avait pas aidé massivement Ben Laden et ses amis, ceux-là mêmes qui ont remercié leur bienfaiteur par l'action terroriste la plus terrifiante et la plus spectaculaire de l'Histoire.
Le drame est que ces thinks-tanks continuent à produire la même matière que le terrorisme islamiste attend impatiemment. Ils continuent à pointer indécemment du doigt l'Iran et à appeler à une intervention armée contre 80 millions d'Iraniens. Ils continuent d'inviter Tony Blair et Paul Bremer pour parler de l'intervention salutaire en Irak, et de la liberté et la prospérité dont jouissent aujourd'hui les Irakiens. Cette farce cynique continuera aussi longtemps que l'Amérique refuse d'évaluer sérieusement ses mésaventures catastrophiques en Irak et en Afghanistan, et aussi longtemps qu'elle ne fait pas assumer au moins une part de responsabilité de ses désastres stratégiques à ces thinks-tanks néoconservateurs.


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