L'initiative du chef du gouvernement pour un gouvernement de compétences a échoué, hier soir, au terme du marathon de négociations engagé par la présidence du gouvernement. C'est ce qui a été confirmé par les participants à ces négociations, dans leur deuxième phase, qui ont connu l'absence du Front populaire, du mouvement Wafa et d'Al Aridha. Outre les représentants d'Ennahdha, son président Rached Ghannouchi et Ameur Laârayedh, président de son bureau politique, du CPR et de leurs alliés, qui ont quitté sans donner de déclarations, les autres participants à ce deuxième tour de négociations ont insisté sur le caractère délicat de la situation après le refus de l'initiative du chef du gouvernement. Certains ont même affirmé que c'est une chance qui a été ratée et qui aurait pu remettre le pays sur la bonne voie... Mohamed Hamdi (Alliance démocratique) : « Des veto et une chance ratée » Concernant l'initiative du chef du gouvernement, nous pouvons dire que l'affaire est close. Dommage ! C'est qu'elle n'a pas eu le soutien politique d'Ennahdha, qui a levé son veto, ainsi que du CPR et de certains proches d'Ennahdha au sein de l'Assemblée nationale constituante. Il y avait un attachement à un gouvernement de quotas partisans. A notre avis, nous avons raté une occasion importante qui était en faveur du pays et de la stabilité. Certains ont même voulu écarter cette initiative en proposant d'autres ! Comme c'est contradictoire que la proposition du chef du gouvernement ne soit soutenue que par l'opposition. Nous espérons qu'il y aura un consensus, d'ailleurs c'est l'ultime solution loin des intérêts partisans. De notre côté, nous n'accepterons pas que les ministères de souveraineté ne soient pas neutres. La situation du pays est délicate. Mohamed Jounaïdi (Al Massar) : « Pour le dialogue national » Les discussions ont été ouvertes et avec une honnêteté certaine. Le chef du gouvernement a vu que son initiative, dans sa formulation initiale, n'a pas été soutenue politiquement. Il a affirmé qu'il faut ouvrir la voie pour un débat national sans exclusion aucune. Tous les partis politiques, les différentes composantes de la société civile, la centrale syndicale et la centrale patronale y participeront. Je pense que c'est une solution et c'est à quoi nous avons appelé, comme parti, depuis un certain temps. Dans le cadre de la légitimité de l'Assemblée nationale constituante et de ce que lui permettent les lois, le chef du gouvernement dispose d'autres possibilités pour chercher le consensus. Il aura un rôle déterminant quant à l'étape à venir, et Ennahdha, qui dispose d'une majorité au sein de l'ANC, a une responsabilité certaine à pousser les choses vers une autre solution. Mahmoud Baroudi (Alliance démocratique) : « La nécessité d'un consensus politique » Le chef du gouvernement s'est attaché à son initiative qui n'a pas eu l'appui politique nécessaire pour être adoptée. Cette initiative est désormais dépassée et il faut trouver un consensus entre les différents partis politiques en vue de sortir de cette crise qui déstabilise le pays. On verra de quelle manière se poursuivront les concertations. Mohamed Brahmi (Mouvement Achaâb) : « Un projet de salut national » L'initiative du chef du gouvernement n'a pas réussi à avoir l'appui nécessaire. Désormais, plusieurs hypothèses existent pour sortir de cette crise. Je pense qu'il ne faut plus traiter les choses de la manière dont on a procédé. Il nous faudra un projet de salut national.