Le couple masculin-féminin semble plus que jamais confronté à une situation de crise et de non-admission de l'alter ego. Cette situation qui se répercute, d'une manière directe, sur l'harmonie du couple, sur la vie conjugale, sur l'inculcation des repères auprès de la jeune génération, ainsi que sur l'équilibre sociétal d'une manière générale, revient, essentiellement, à un déficit définitionnel. Qu'est-ce que le masculin? Qu'est-ce que le féminin? Quelle est la nature du rapport qui unit ces deux genres opposés? Est-ce un rapport fondé sur la logique d'un bras de fer existentiel ou, plutôt, un rapport basé sur la complémentarité des fonctions? Ce thème, qui s'avère être actualisé notamment par une discrimination sexiste acharnée au nom du religieux, mais aussi faute de traiter le problème à la base, c'est-à-dire par le biais d'une re-vulgarisation de la définition du couple masculin-féminin, a fait récemment l'objet d'une conférence organisée par la société tunisienne de psychiatrie. Cette rencontre, qui s'est tenue au complexe Sleim-Ammar, à l'hôpital psychiatrique Razi, a été l'occasion, non seulement pour les psychiatres mais aussi pour certains artistes et étudiants, de rappeler cette définition dans l'optique de zoomer sur l'importance du rôle du masculin et de celui du féminin; une importance confirmée car fondée et sur la logique de la nature et sur la complémentarité des contraires. «Le choix de ce thème se justifie par la contestation antiféministe que l'on vit au quotidien. Aujourd'hui, la femme est amenée à faire un double effort afin d'accéder à des droits. Ce n'est point le cas pour son alter ego masculin», indique le Dr Rym Ghachem, présidente de la Société tunisienne de psychiatrie et chef de service des consultations externes et des urgences à l'hôpital Razi. Sensibiliser le public sur l'importance du masculin et du féminin s'impose surtout avec l'émergence de nouveaux problèmes conjugaux. Des problèmes qui résultent de la difficulté de comprendre et d'accepter l'autre. La psychiatre parle de conjugopathie, dont la démission parentale, qui touche à l'harmonie familiale et celle sociétale. Masculin, féminin, et masculin-féminin La définition du masculin et celle du féminin ont été cernées, entre autres, à travers l'analyse des fonctions de chacun. Une analyse qui tient évidemment compte de notre société qui demeure patriarcale et conjugale. La distinction entre les genres se traduit clairement via la différenciation entre leurs fonctions. En effet, si la mère acquiert plus le statut de position, de point d'attache, le père, lui, se distingue par sa fonction, son rôle dans le noyau familial. Une fonction accordée et appuyée en permanence par la mère. «C'est ton père», ne cesse-t-elle de rappeler à ses chérubins pour expliquer ou justifier le comportement parental. Le père – le masculin — a souvent tendance à interdire, à tracer les lignes rouges à ne pas franchir sans pour autant prendre la peine d'expliquer ou de justifier sa position. Parallèlement à cette attitude, la mère intervient pour compléter le maillon manquant de la chaîne de la communication. Sa fonction dépasse la seule explication pour compenser cette fissure communicationnelle, sauvegarder intacte l'autorité parentale, et établir ainsi l'équilibre entre les deux fonctions complémentaires. D'autant plus qu'à l'union primaire mère-enfant, s'ajoute l'union père-enfant, apportant ainsi à la mission éthique de la mère une mission autre et tout aussi fondamentale dans l'éducation, à savoir la mission moralisatrice. «En fin de compte, chacun des deux a un rôle capital dans la société, en général, et dans la relation du couple en particulier. Le bras de fer entre les genres ne tient pas, car le rapport entre les deux est fondé sur la complémentarité», renchérit la psychiatre. L'analyse des deux missions du couple masculin-féminin a conduit les participants à ladite conférence à s'interroger sur la définition du masculin-féminin. Peut-on, en effet, être les deux à la fois? L'affirmatif ne peut se justifier que dans l'unique cas où l'un accepte l'autre. «Un couple ne marchera que si la femme trouve dans l'homme le féminin qui lui convient et que l'homme trouve chez la femme le masculin qui lui convient également», indique le Dr Ghachem.