Par Abdelhamid GMATI La hausse des prix des produits de grande consommation préoccupe, au plus haut degré, les Tunisiens dont le pouvoir d'achat s'érode et l'endettement augmente. Conscient de la gravité de la situation, le nouveau chef du gouvernement a placé «la lutte contre la cherté de la vie» parmi ses priorités. De son côté, le nouveau ministre du Commerce, M. Abdelwaheb Maâter, a déclaré qu'il présentera, dans les quinze jours prochains, un programme pour baisser les prix des produits alimentaires. Tiendra-t-il sa promesse ? Les raisons qui ont amené le gouvernement précédent à hausser les prix depuis un an auront-elles disparu ? On nous dit qu'on obtiendra des résultats probants en luttant contre le commerce parallèle, contre la contrebande et en renforçant les contrôles économiques et sanitaires. Cela pourra-t-il être fait en 15 jours, sachant que les trois actions précitées ne sont pas ponctuelles et sont permanentes ? Prenons- en acte et cultivons un optimisme...prudent. Selon les chiffres avancés par l'Institut national de la statistique, le taux d'inflation serait de 5,8% en février 2013 contre 6% en janvier 2012. Les experts ne mettent pas en doute ces chiffres, mais estiment que les modes de calcul utilisés ne tiennent pas compte des nouvelles habitudes de consommation du Tunisien telles que le transport et Internet. Ils estiment que l'inflation se situerait entre 8 et 9%, sachant que dépasser les 3% est «grave». En attendant, la dernière hausse des hydrocarbures (5 mars), la deuxième en six mois, provoque contestations, remous et menaces de grèves. Cette hausse a nécessairement des effets sur les prix des autres produits de consommation, sur les coûts de fabrication des produits industriels et sur les transports publics et privés. Déjà, mardi prochain 18 mars, les taxis seront en grève. Les distributeurs de bouteilles de gaz domestique ont décrété une grève les 25 et 26 mars. Les stations-service suspendront leurs activités les 15, 16 et 17 avril. Plusieurs organisations de consommateurs et plusieurs structures professionnelles ont protesté et protestent contre cette augmentation des prix des hydrocarbures. Et pour cause : les carburants sont d'une importance vitale pour plusieurs secteurs économiques et pour les citoyens, y compris les plus démunis. L'agriculture, l'industrie, les services, les transports, le chauffage, l'électricité, tout fonctionne au carburant. Et bien entendu, cette hausse sera répercutée sur tous les produits, y compris l'alimentation. Ce qui augmentera le taux d'inflation. Les distributeurs de bouteilles de gaz ont déjà proposé une augmentation de 100 millimes au prix d'achat d'une bouteille de gaz. La Steg va augmenter de 7% la consommation d'électricité dépassant 300 kw par mois. Certes, cette augmentation était prévue par la loi de finances 2013. Accessoirement, on parle de nouveau de l'augmentation, la deuxième depuis le mois de juillet 2012, des prix de vente des cigarettes locales et étrangères pour le mois d'avril prochain. Certes, les caisses de l'Etat sont en mauvais état et il faut les renflouer. Avant de procéder à des augmentations des prix des produits de première nécessité, il y a d'autres actions à entreprendre. Selon une responsable à la Steg, l'Etat devrait s'occuper du problème des impayés. Des impayés qui, au mois d'août 2012, se montaient à 2.635MD. Le problème est que 36% de ces factures impayées reviennent à des ministères, des entreprises publiques, des hôpitaux, des universités. Une autre action à entreprendre rapidement serait de restreindre les dépenses du personnel de l'Etat. Ainsi le président de la République qui touche un salaire, à vie, de 30.000 dinars et un tas d'autres frais dont 950.000 dinars de «frais de bouche» (nourriture), 1,450 MD de frais de «costume», 2,8 MD de frais «de réceptions» et 2,525 MD de frais «de carburant»... En plus des salaires et autres avantages pour une multitude de conseillers d'un président sans grandes prérogatives. Idem pour un gouvernement pléthorique et très coûteux. Les chiffres correspondant aux salaires, aux divers avantages, aux frais de voyages, de déplacements, de téléphone, donnent le vertige. La même chose pour une Assemblée constituante dont le président s'octroie 8.000 dinars par mois, en plus des avantages divers et la vice-présidente bénéficie d'un salaire de plus de 10.000 dinars et en devises. Une constituante qui consomme 150.000 dinars en frais de carburant, 100.000 dinars en frais de voyages à l'étranger, 100.000 dinars en frais de réception, etc. En attendant, on ne voit pas venir la Constitution, et les élus ne font que profiter de leurs avantages qu'ils veulent garder le plus longtemps possible. Une petite cure d'amaigrissement des uns et des autres, surtout au sommet de l'Etat, aiderait beaucoup le citoyen lambda qui n'aura plus à tant s'endetter pour survivre.