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Les voix de la révolte
Concert de clôture de «Cinéma de la paix?»
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 03 - 2013

Après cinq jours de projections et de débats, c'est par la musique que «Cinéma de la paix?» a bouclé sa 13e session, dimanche dernier. Le rappeur libanais Erras et le groupe tunisien Wajd ont été les invités de la scène du palais El Abdellia pour ce concert où le thème de la mémoire, thème choisi pour le programme de cette année, a été omniprésent.
Aux alentours de 16h00, heure annoncée pour le concert, le public était impatient d'accéder à l'espace d'El Abdellia. Ce n'est finalement qu'une heure plus tard que le spectacle a commencé, après des excuses des organisateurs. Pendant cette attente, le public pouvait découvrir les créations du street artist tunisien Jawhar Soudani, alias VA-JO. Il proposait dans son stand des T-shirts et des sacs aux messages et aux graphismes originaux. Des œuvres hand-made (fait à la main) sur lesquelles ont peut lire Chbik, Ritek, accompagnés de dessins de personnages inventés et réalisés par ses soins. L'un des T-shirts est dédié à Chokri Belaïd, dont on a commémoré le 40e jour dimanche matin à la coupole d'El Menzah.
Le public a été étonné de découvrir que l'invité principal du concert, le Libanais Erras, est monté sur scène en premier. Cela a mis tout de suite de l'ambiance mais a cautionné la partie réservée au groupe tunisien Wajd. Après la fin de la première partie, la grande majorité du public a, en effet, quitté les lieux. Ceux qui sont restés ne l'ont pas regretté. Cette jeune formation a enchanté les présents grâce à des reprises de Cheikh Imam, tels que El bahr byedhak, Chayed qousourak et Idha echams ghereet, ainsi que des titres du répertoire classique tunisien: Zaama ennar de Cheikh Efrit, Lyoum gueletli et Hobbi yetbaddel de Hédi Jouini. Côté musique, le groupe mise sur des réarrangements de fusion entre les rythmes d'Orient et d'Extrême-Orient. Le résultat est d'un éclectisme plaisant, livré par la voix du chanteur Marwen Abouda. Celui-ci a invité Erras sur scène pour un moment de complicité musicale et d'improvisation.
La rappeur libanais Erras (la tête en arabe), de son vrai nom Mazen Essayed, est venu précédé par les échos de ses titres qui ne laissent pas indifférents. Ses paroles, écrites en arabe littéraire comme en dialecte libanais, sont accompagnées par la musique de Mounma ou Jawad Nawfal. Un duo qui fait de plus en plus parler de lui sur la scène musicale underground dans le monde arabe. Cette scène a connu la percée de nombreux talents qui manient le verbe comme leurs ancêtres maniaient les sabres. Des mots tranchants, qui disent leurs quatre vérités aux dirigeants, aux opposants et même aux rebelles. Le tout est enveloppé d'une poésie savante et exquise, qui interpelle en annonçant l'évolution des rimes en langue arabe, souvent associées aux classiques de la chanson orientale. Erras n'est pas un cas unique. Des jeunes de différents pays arabes, comme le Jordanien Hamourabi, invitent leur langue historique commune, accusée à tort de rigidité, sur la piste du rap, slam et hip-hop. La recherche musicale contribue à cette évolution. Mounma invente dans ce sens des sons à la rencontre de l'électronique et de l'oriental, pour des paroles hybrides dans la forme comme dans le fond.
Le projet «Erras w Mounma» s'adresse à une jeunesse porteuse d'espoir, qui a été la tête de file des soulèvements. Une jeunesse aujourd'hui à la croisée des chemins, témoin impuissant du virage qu'ont pris ces soulèvements. Dans le même temps, Erras est une voix parmi d'autres qui expose son propre point de vue. Il peut être livré dans un plat séduisant et enchanteur, mais c'est à la jeunesse à laquelle il demande de dépasser la réception passive pour analyser le message avant de l'adopter. «Takhayl» (imagine) dit d'ailleurs Erras dans l'une de ses chansons, où il appelle à sortir des cadres conventionnels de réflexion. Avant cette chanson, il a interprété en ouverture du concert l'un de ses titres les plus connus Ana mouch ana (je ne suis pas moi), suivie de Azizi el waled (cher père), Nafass (souffle), Al batrik (le pingouin), wahchou kalâat tarablos ou encore Ommet edholm (la nation de l'injustice). Avec ces titres, il survole des siècles d'histoire pour questionner ses ancêtres autant que la jeunesse d'aujourd'hui, celle qui vit dans les pays arabes et celle qui y vient en touriste, comme «Jimmy», personnage auquel il dédie l'une de ses chansons. Au menu, il y avait également Sanadat el khazina (traites), Rissala min al anfaq (lettre des tunnels) et Majnoun Leila (le fou de Leïla), entre autres titres. Erras avait un invité surprise, le rappeur palestinien Moukatâa, surnom qui veut dire boycott en arabe.
Ces voix qui jaillissent un peu partout dans le monde arabe ramènent un nouveau souffle, une nouvelle forme et nouveau discours à la révolte. Elles se placent dans une vision radicale où aucun parti n'échappe à la critique. Ce sont des révoltés de la marge, des Saâlik (marginaux) des temps modernes qui s'assument dans leur refus de l'existant. Dans le même temps, leur lecture de l'histoire n'est pas sans rappeler que les générations qui les ont précédés avaient elles aussi leurs propres formes de révoltes, avant de tomber dans la désillusion et la conformité. Mais le maillon de la mémoire collective est souvent perdu et l'Histoire est condamnée à un éternel recommencement. Les jeunes d'aujourd'hui réussiront-ils là où les jeunes d'hier ont échoué?


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