• La croissance gagne en vigueur au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais la faiblesse du crédit continue de peser sur la reprise Malgré les perspectives économiques des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord qui se sont améliorées grâce au rebond des flux de capitaux et à la montée des cours du brut, les tensions constatées dans les secteurs financier et bancaire et la morosité du crédit pèsent sur la reprise. C'est ce qui ressort de la dernière édition des Perspectives économiques régionales pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Afghanistan et le Pakistan (Moanap), présentée récemment par le Fonds monétaire international (FMI). Rappelons que si les perspectives de la région sont celles d'une nette embellie par rapport à 2009, la croissance gagne en puissance en 2010, portée par un rebond des entrées de capitaux et un redressement de la consommation interne. Ces perspectives encourageantes sont cependant assombries par des tensions dans le système bancaire et par la langueur du crédit dans l'ensemble de la région. Accroître la compétitivité Les pays émergents de la région, Afghanistan, Djibouti, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Syrie et Tunisie, se redressent après le ralentissement de l'année dernière, mais la croissance reste inférieure à ce qu'elle devrait être pour réduire le niveau élevé du chômage. Le caractère limité des liens financiers et commerciaux de ces pays avec l'extérieur et les retombées positives de la relance budgétaire opérée par les pays exportateurs de pétrole de la région Moanap ont contribué à amortir l'impact de la récession mondiale. De ce fait, la croissance globale n'a accusé qu'un repli modeste, revenant à 3,8 % en 2009, contre 5% en 2008. Vu le rebond enregistré par les échanges depuis le milieu de 2009 et la reprise amorcée par l'investissement et le crédit bancaire, la croissance devrait grimper timidement à 4,1% en 2010 puis à 4,8% en 2011. Ces taux ne suffiront cependant pas à créer les emplois dont la région a besoin vu la rapide expansion de sa population active et son taux de chômage élevé. Ils sont du reste inférieurs à ceux qu'affichent les autres pays émergents. La croissance du crédit, qui a chuté à une moyenne pondérée de 2 % durant l'année achevée en octobre 2009, contre près de 20 % avant la crise, reste également faible, comme partout ailleurs dans la région. L'inflation quant à elle continue d'être relativement élevée dans beaucoup de pays, principalement du fait de la montée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Le rapport signale aussi que la reprise des flux de capitaux constatée dans d'autres pays émergents n'est pas encore manifeste dans la plupart des pays importateurs de pétrole de la région Moanap. La faiblesse persistante de la demande en Europe, l'appréciation des taux de change et la concurrence des autres pays émergents restreignent le potentiel de croissance tirée par les exportations. Partant, le principal défi pour les pays émergents du Moyen-Orient consistera à accroître leur compétitivité afin de relever leur croissance et de créer les emplois dont ils ont grandement besoin. Se remettre de la crise Les pays exportateurs de pétrole de la région Moanap, Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Iran, Iraq, Koweït, Libye, Oman, Qatar, Soudan et Yémen, ont été frappés de plein fouet en 2009. L'excédent combiné de leur solde des transactions courantes a chuté de 362 milliards de dollars US en 2008 à 53 milliards de dollars US en 2009. Leur PIB pétrolier s'est contracté de 4,7% suite à l'effondrement des cours du brut. Cependant, la mise en œuvre de vastes mesures de relance a contribué à atténuer l'impact de la crise et l'activité hors pétrole a tout de même progressé de 3,6 % en 2009. Le rapport sur les perspectives régionales table pour l'année à venir sur une forte reprise alimentée par l'intensification des entrées de capitaux et la poussée des cours du baril. L'augmentation de la production et des prix du brut devrait faire remonter l'excédent des transactions courantes à 140 milliards de dollars US et la croissance du PIB pétrolier à 4,3 %. L'activité hors pétrole, accompagnée par une relance budgétaire soutenue dans certains pays, devrait également afficher un taux de croissance de 4,1 %. Selon le rapport, les systèmes bancaires des pays exportateurs de pétrole de la région ne sont cependant pas tirés d'affaire. Le crédit au secteur privé reste atone et les pertes sur prêts improductifs n'ont pas encore été entièrement comptabilisées. Après avoir connu une longue période de forte croissance jusqu'au milieu de 2008, le crédit dans ces pays avait accusé un repli de près 30 points de pourcentage en moyenne à fin 2009. Les gouvernements devront concilier l'objectif de la reprise du crédit et la nécessité d'un renforcement de la réglementation financière et d'une amélioration de la supervision, notamment dans les pays où, manifestement, la prise de risques a été excessive. À moyen terme les pouvoirs publics auront également pour tâche délicate de retirer leur soutien au secteur financier et d'éliminer progressivement la relance budgétaire, laquelle devrait durer jusqu'à la fin 2010 puis disparaître une fois la reprise bien engagée.