«Les transitions démocratiques dans le monde arabe: l'expérience tunisienne en tant que modèle», tel est le thème autour duquel plancheront les 29 et 30 mars, à l'initiative du Centre des études de l'islam et de la démocratie, quelque 400 personnalités étrangères et tunisiennes représentant le monde politique, les sphères académiques et la société civile. Hier, le président du Centre, Radhouane Masmoudi, a souligné devant les quelques journalistes qui ont répondu à son invitation que la conférence est «essentiellement académique et elle est destinée aux décideurs. 80% des intervenants ont déjà envoyé leurs communications qui ont été traduites et seront distribuées aux participants. L'objectif recherché par notre centre est de susciter un débat sérieux et approfondi sur les expériences démocratiques dans le monde arabe, d'évaluer ce qui a été déjà réalisé en Tunisie depuis le 14 janvier 2011, de rectifier les erreurs commises et de nous inspirer des expériences des autres pays qui ont devancé le Printemps arabe et qui ont réussi à faire conduire leurs transitions à bon port». S'agit-il d'un congrès de dialogue national parallèle du moment que les forces politiques nationales ont échoué jusqu'ici et ne sont pas parvenues à dépasser leurs divisions pour organiser ce débat national tant attendu ? «Oui, il s'agit d'un dialogue national, réplique Dr Masmoudi, mais il n'est pas parallèle. Le rôle de la société civile est bien d'éviter les tiraillements politiques et de rapprocher les points de vue des uns et des autres. Notre centre a déjà organisé plusieurs ateliers de réflexion sur les principaux chapitres de la future constitution, sur fond de recherche de l'édification de la culture de la coexistence entre les différents partis présents sur la scène politique nationale, de l'écoute de l'autre et du respect du droit à la différence et à l'opinion contraire». Quant aux partis politiques tunisiens invités au congrès, «il sera accordé à chacun (10 partis en tout que le centre considère comme les plus importants) dix minutes pour présenter leurs approches sur les meilleurs moyens à mettre en œuvre afin de dépasser les difficultés qu'affronte à l'heure actuelle la transition démocratique en Tunisie. En tous les cas, les partis politiques ne domineront pas les travaux de la conférence puisqu'une seule séance de deux heures leur sera consacrée». «Une exception tout de même : Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, aura droit à une conférence qu'il prononcera en sa qualité de l'un des penseurs islamiques les plus éminents sur la scène mondiale», reconnaît Radouane Masmoudi. A la lecture du programme de la conférence et des personnalités et penseurs qui meubleront les travaux, on découvre que les intellectuels tunisiens de renom et les universitaires qui sont connus pour être spécialisés en la matière sont absents. Le président du Csid précise : «Nous n'avons écarté aucun nom tunisien. Nous avons envoyé un e-mail à tous les intéressés leur demandant de nous faire parvenir leurs communications sur le thème de la conférence. Malheureusement, personne n'a répondu dans les délais. Toutefois, nous les avons invités à assister à nos travaux et à participer aux débats. Les associations tunisiennes de la société civile dites de gauche ont été, elles aussi, sollicitées mais elles n'ont pas répondu à nos appels». Il est à préciser que la séance d'ouverture de la conférence, prévue demain 29 mars, sera présidée par Ali Laârayedh, chef du gouvernement. Les principales communications Les participants à la conférence auront à écouter les principales communications suivantes : – Les relations entre les laïcs et les islamistes : l'expérience turque, par Ahmed Kourou – Le Printemps arabe et le droit constitutionnel : comparaison entre les Assemblées constituantes en Tunisie et en Egyptge, par Petro Longo – La formule électorale et l'Assemblée nationale constituante tunisienne, par John Kerry (USA) – Les forces antirévolutionnaires : la police politique tunisienne avant et après la chute du régime de Ben Ali, par Philippe Hoffman (USA) – L'Islam et l'Etat civil et la relation entre la religion et la politique, par Abderrahmane Cherif (Soudan). – L'expérience des partis islamiques en Algérie : lecture du phénomène des divisions, par Amor Arbaoui (Algérie).