Mme Sihem Badi, ministre chargée des Affaires de la femme, a rendu hommage, hier au siège du ministère, à Dr Hayet Omri, universitaire, chercheuse et inventrice tunisienne spécialisée dans la chimie inorganique et appliquée. Cette action vise à mettre en exergue le génie féminin tunisien et à reconnaître son mérite. Dans une allocution improvisée, la ministre a salué le précieux apport du Dr Omri en matière de chimie industrielle et en purification de l'acide phosphorique, en particulier. Elle a indiqué que le génie tunisien ne cesse de prouver sa pertinence, une pertinence qui passe souvent sous silence, ignoré qu'il est par les institutions nationales et les organismes d'appui. Elle a ajouté que cette mentalité devrait changer pour le mieux afin d'aider les chercheurs et les inventeurs à donner le meilleur d'eux-mêmes. Emue et intimidée par la cérémonie, Dr Omri a pris la parole pour se présenter aux médias. Cette jeune femme tunisienne a décroché deux médailles d'Or, dont la première lui avait été attribuée par la Fédération européenne des inventeurs, et la deuxième lors de la tenue des Olympiades internationales des jeunes inventeurs en Février 2013 à Hammamet. Originaire de Regueb, une petite localité de Sidi Bouzid, elle y a poursuivi ses études primaires et secondaires, lesquelles ont été couronnées par l'obtention du baccalauréat. Son parcours estudiantin s'est approfondi à l'Insat où elle a donné libre cours à sa passion pour la chimie industrielle. Et c'est en 2007 qu'elle a obtenu brillamment la qualification d'ingénieur en chimie industrielle. Elle a, récemment, obtenu le doctorat en chimie appliquée avec mention très honorable. Mais la passion de Dr Omri pour ce domaine est telle qu'il lui était impossible de se contenter de la moitié du parcours. D'autant plus que des idées innovantes et fort utiles pour le domaine de la chimie industrielle et organique l'incitaient à aller de l'avant et à s'investir davantage dans la recherche. Aussi, a-t-elle focalisé son projet d'étude sur le phosphate; un choix audacieux pour une femme tunisienne. «Ce n'est point évident pour une fille issue d'un milieu rural d'accéder à un domaine à dominante masculine», avoue-t-elle. Mais sa détermination a fini par donner ses fruits. «J'ai réussi — et au bout de deux mois — à trouver la solution au problème majeur qui préoccupait le Groupement chimique 25 ans durant. La purification et la valorisation de l'acide phosphorique s'avère être la solution permettant de minimiser l'impact de la pollution chimique et du coût alloué à cet effet. Les redoutables déchets du phosphogypse s'élèvent à 10 mille tonnes par an. Or, purifier l'acide phosphorique en le délestant de ses déchets permet de réduire sensiblement le phosphogypse et, du coup, minimise son impact sur notre environnement», explique Dr Omri. Il est à noter que cette technique est également utilisée au Maroc, sauf que les moyens alloués à cet effet sont coûteux et le rendement est moindre. Malgré l'importance des inventions de Dr Omri, les portes demeurent closes face aux solutions pourtant salvatrices. La chercheuse signale ce constat non sans déception. «Je continuerai à observer le secteur et à m'y investir en tant que chercheuse», ajoute-t-elle. Manifestement, sa volonté et sa passion pour ce secteur sont inébranlables malgré le manque de moyens financiers pourtant nécessaires au travail de recherche. «Toutes mes recherches et inventions, je les dois à l'appui financier de mon père», précise-t-elle. Aujourd'hui, Dr Omri aspire à une autre distinction internationale, à savoir la participation au Salon international des meilleurs inventeurs.