Un nouveau recueil de poèmes rédigés en arabe par le poète Mohamed Ksibet et traduits en anglais par Walid Soliman et Jayson Casper vient de paraître aux éditions Walidoff sous le titre de : Le parcours des aveugles (The Journey of the Blind). Il s'agit d'une collection de poèmes dont l'inspiration se manifestait pendant l'errance de Ksibet entre les différents coins du monde. De Benghazi à Helsinki, du Caire à Ottawa, le poète raconte d'un ton anxieux ses tâtonnements à la recherche du vrai amour. A différentes reprises, l'expérience et l'aura plutôt mystique nous rappellent celles du Prophète de Khalil Gibran, bien que cette fois-ci il s'agisse d'un messager d'amour. Tout au long de l'ouvrage se développe une métaphore entre l'amour et le voyage dans le sein de l'inconnu. «Ô mon amour, comme j'ai erré, perdu Dans les océans de sang Et dans les abîmes. Je me noyai dans les marécages lointains Je combattis les anciens moulins, Je parcourus parmi les masques de la vérité Tout cela pour te voir, mon amour, Pour te voir dans le champ des rêves» (17). Le poète, tourmenté par son avidité d'amour platonique et son mal du pays qui ne cesse de s'accroître, passe sa jeunesse comme un frêle papillon égaré au milieu de ces terres étrangères. Dans cette crise d'identité et d'existence que le poète ne peut plus déchiffrer, l'amour combien attendu, comme la patrie si chérie, demeure un eternel paradis perdu. Ainsi continue-t-il, sans plus pouvoir se contrôler, à aller d'une fleur à une autre dans «une forêt de noms». «Un visage meurt. Un visage efface un autre visage de ma mémoire. Une femme pousse une autre dans l'oubli. Un corps efface un autre corps. Alors pourquoi dois-je rester comme un prisonnier Au milieu de ce jardin ?» (58) Un petit mot pour finir au sujet de l'éditeur et cotraducteur, même si pour beaucoup d'entre nous sa présentation est désormais superflue : Walid Soliman est né le 11 avril 1975 à Tunis. C'est un jeune talent tunisien qui a décidé de s'investir dans le domaine de la littérature. Après avoir obtenu son diplôme universitaire de l'Institut supérieur des langues de Tunis, il crée la maison d'édition Walidoff en 2005, se lançant ainsi dans la publication d'un nombre important de romans, de nouvelles et de recueils de poèmes dont quelques-uns sont traduits à partir de plusieurs langues du monde telles que le chinois et l'espagnol. Le mérite de ce jeune amoureux de la littérature est d'avoir réussi à contribuer considérablement à la ranimation de l'activité littéraire dans notre pays au cours des cinq dernières années. L'aventure lui a permis de publier son propre premier recueil de nouvelles en langue arabe, La dernière heure d'Einstein (Saât Einstein Al-Akhira) (2008), qui a bien attiré l'attention des lecteurs et des critiques en Tunisie comme dans le monde arabe. Elle lui a également permis de participer lui-même à la traduction de plusieurs autres publications telles que Eros dans le roman de Mario Vargas Llosa (2009) et La mémoire de Ruben de Luis de Miranda (2010) et de publier les ouvrages d'un certain nombre d'écrivains tunisiens d'envergure à l'instar de Hassouna Mosbahi et Kamal Ayadi.