Au moins cinq grands chapitres ont fait l'objet de la 5ème rencontre périodique avec les représentants des médias nationaux et étrangers organisée, hier matin au siège du ministère des Affaires sociales à Tunis. Climat social, contrat social, convention sectorielle mixte pour les associations de protection des handicapés, programme d'enseignement pour adultes, réforme du système de la sécurité sociale et les équilibres financiers des caisses et bien d'autres questions diverses ont été à l'ordre du jour. La multiplication des revendications et la succession des mouvements de protestation partout dans le pays n'ont fait qu'envenimer le climat social et amplifier les tensions en milieu professionnel. Constat des faits, un bilan lourd des grèves et des sit-in. A ce sujet, M. Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales, n'a pas manqué de dresser une longue liste des manifestations saillantes ayant marqué 2012 et rebondi aux premiers mois de l'année en cours. Statistiques à l'appui, le nombre des grèves observées a connu une légère hausse estimée à 14%, touchant, au cours du premier trimestre 2013, quelque 111 entreprises dont 92 relevant du secteur privé, contre 97 par rapport à la même période de l'année écoulée. Ce qui a entraîné une perte de 28% au niveau des journées de travail. Alors que le taux de participation à l'ensemble de ces grèves a été actuellement réduit plus que de moitié, en comparaison de celui réalisé pendant le premier trimestre de 2012, soit 42% contre 74%. Du point de vue légal, 75 grèves sur un total de 126 sont jugées aussi légitimes, avec un pourcentage de 60%. Au début de 2012, ce taux n'a été qu'aux alentours de 48%. Autant dire que la forte légitimité de ces grèves observées sporadiquement a été, en quelque sorte, justifiée par autant de raisons liées notamment aux conditions de travail, aux augmentations salariales et à l'amélioration des relations professionnelles. Et le ministre d'ajouter, dans ce contexte, que les secteurs des services et de la sous-traitance ont enregistré le taux le plus élevé des grèves survenues au sein des entreprises (72%), suivis par les industries métalliques et mécaniques (21%) et le textile et habillement. Cela a été visiblement constaté dans le gouvernorat de Ben Arous qui s'était érigé, en ce premier trimestre de cette année, en théâtre de grèves et de mouvements protestataires. Viennent en second lieu la région de Sfax, suivie de celle de Zaghouan et de Nabeul. Cela sans compter évidemment les fausses alertes qui ne sont pas parvenues à prendre la forme de grèves, a-t-il encore indiqué. Soit 255 appels à la grève ont été recensés au début de cette année auxquels s'ajoutent quelque 57 qui sont restés depuis 2012 en phase de conciliation pour porter le nombre total à 312 grèves suspendues. Conseil national de dialogue social Mis en vigueur à partir de la date de sa signature tripartite, le 14 janvier dernier, le contrat social a fait, également, partie des questions évoquées lors de la rencontre médiatique. Celui-ci a été ratifié par les trois principaux acteurs sociaux, à savoir le ministère de tutelle d'une part, l'Ugtt et l'Utica de l'autre. Basé essentiellement sur cinq axes fédérateurs portant sur le développement régional et économique, les politiques de l'emploi et de la formation professionnelle, les relations socioprofessionnelles et le travail décent, la protection sociale et l'institutionnalisation d'un conseil national de dialogue social tripartite. Et la conférence, prévue demain à Gammarth, sous les auspices de l'Organisation internationale du travail (OIT), ne serait qu'une opportunité incontournable pour jeter les premiers jalons du dialogue social, comme cela a été convenu. L'objectif escompté est celui de créer un conseil national de dialogue social, en tant que mécanisme fédérateur censé être en mesure de rapprocher les points de vue et d'unifier les positions pour l'intérêt supérieur du pays. Loin des calculs étriqués qui ne font qu'élargir les divisions et mettre en échec toute volonté d'édification. La convention sectorielle mixte des associations œuvrant en matière de protection des porteurs de handicap est aussi une question sur laquelle le ministre a fait pleins feux. Vu l'importance du service social, les différents rounds de négociations qui ont été engagés entre les associations concernées et le syndicat général des affaires sociales représenté par la direction générale du travail ont abouti, le 24 octobre 2011, à une convention bilatérale, l'ultime but étant l'amélioration de la situation professionnelle des 3500 agents opérant dans la protection des handicapés. Cette convention, mise en vigueur depuis janvier 2013, prend actuellement effet dans 19 gouvernorats pour être progressivement généralisée à toutes les régions. Elle vise à garantir tout droit syndical, à la promotion en grades, à la santé et à la sécurité professionnelle... Sans pour autant oublier les autres avantages sociaux et financiers (transport, primes, frais scolaires..). Par ailleurs, le ministre a évoqué l'état des lieux du programme d'enseignement pour adultes, soulignant que ce dernier, lancé en 2000, n'arrive pas à porter ses fruits. Et les résultats soi-disant réalisés n'ont été qu'un faux semblant. Car, après plus de dix ans d'activité, l'on s'est retrouvé encore avec un million 700 mille analphabètes. Aujourd'hui, ce programme devrait, à ses dires, reprendre de plus belle, lui attribuant une nouvelle vision plus réaliste. Le ministère de tutelle tente à lui conférer plus de sérieux et d'efficacité. Il s'engage à inculquer aux illettrés une nouvelle culture citoyenne les habilitant à l'exercice démocratique. Cette nouvelle approche d'alphabétisation est en passe de préparer un projet portant «simulation de l'opération électorale» destinée aux bénéficiaires. Déséquilibres financiers des caisses La réforme de la sécurité sociale demeure encore d'actualité brûlante. Pour ce faire, il est temps de réviser ce système pour pouvoir parer aux déséquilibres financiers dont souffrent les caisses sociales, particulièrement la Cnrps et encore moins la Cnss. Cela fait l'objet du contrat social dans son axe portant sur la protection sociale. A ce sujet, M. Khalil Zaouia a relevé que la Cnrps vit actuellement une situation financière assez délicate marquée surtout par la dégradation totale de ses réserves en fonds. Suite à ce triste bilan, la caisse a accusé, l'année dernière, un déficit estimé à plus de 213 millions de dinars. Ce qui a nécessité de lui accorder, en début de cette année, une enveloppe de 150 millions de dinars, versés sur avance des contributions de l'Etat au profit des régimes sociaux pour l'exercice 2013. Bien qu'elle soit dans une situation le moins que l'on puisse dire plus favorable, la Cnss souffre également d'un déficit financier de 70 millions de dinars. De même pour la filière d'assurance maladie relevant de la Cnam qui continue de présenter autant des défaillances et de déséquilibres. Il n'est plus question aujourd'hui de continuer avec cet état névralgique, prévient le ministre. Evoquant la neutralité des services administratifs de la promotion sociale, le ministre a insisté sur l'engagement de respecter les procédures du travail, tout en faisant prévaloir la primauté de la loi et l'égalité entre tous les bénéficiaires des allocations sociales et des frais de soin. L'accent a été mis sur le contrôle intensif des procédures des enquêtes sociales. Pour conclure, le ministre a relevé que les préparatifs sont en cours pour célébrer la fête du Travail dans son édition 2013. Cette année, il y aura intérêt à procéder à la remise des prix du travailleur exemplaire, du progrès social et celui de la santé et la sécurité professionnelle. Ce 1er mai 2013 aura, ainsi, un nouveau caractère festif, a-t-il affirmé.