Lors d'une conférence de presse organisée hier à Tunis, Lazhar Bali, président du parti El Amen, a accusé certains partis d'utiliser la table du dialogue national pour faire du «chantage politique» au détriment du consensus, qualifiant ces pratiques de «viles manœuvres». D'un autre côté, le président du parti se félicite de la qualité des négociations menées afin de fixer des choix cruciaux qui engageront le pays pendant plusieurs années, et se dit «satisfait», malgré tout, du nombre de concessions faites par les uns et les autres afin d'aboutir au consensus recherché. «Malgré son engagement avec sa base militante, le parti Ennahdha a consenti au régime mixte au lieu du régime parlementaire pur, et c'est là un signe de bonne volonté de la part de ce parti», dit-il. Selon Moez Kammoun, président du bureau politique du parti, les points de discorde ont été résolus à 90%, mais que des questions purement techniques restent néanmoins à discuter, notamment en ce qui concerne la responsabilité du président de la République devant le Conseil des ministres. Lazhar Bali déclare en outre que le parti Ennahdha comme d'ailleurs le parti El Amen souhaitent «éviter» un référendum dont les résultats «ne sont pas garantis» et qui risque de jeter le discrédit sur l'ensemble de la classe politique engagée dans le processus de l'Assemblée nationale constituante. Il ajoute qu'«il n'est pas possible de concevoir un projet sociétal sans concertation avec l'Ugtt». Pour lui, le dialogue national servira de base à cette concertation. «Refuser les consensus, comme le font certains, fera monter les extrêmistes de tout bord, chacun campera sur ses positions et la Tunisie se retrouvera dans l'impasse politique», conclut-il. Commentant la candidature de Béji Caïd Essebsi à la prochaine élection présidentielle, le président du parti El Amen estime qu'il s'agit-là d'une manœuvre qui vise encore une fois à «se poser comme victime aux yeux de l'opinion publique». «Le parti Nida Tounès était représenté lors de la négociation sur la limite d'âge et avait approuvé son plafonnement à 75 ans», explique Lazhar Bali.