La recherche du juste équilibre semble être l'obsession plastique et esthétique d'Emna Masmoudi. En 1995 déjà, lors d'une première exposition à la galerie Driba, elle présentait des funambules et des trapézistes sur de petites ardoises. Elle expliquait cela par une vie entre deux rives, de Paris à Tunis, se cherchant encore, n'ayant pas trouvé sa juste place. Aujourd'hui, la fragilité de l'équilibriste en marche improbable vers son destin la poursuit et sous-tend son travail. Dans le superbe espace que déploie la galerie El Marsa, dont l'aire et les cimaises ont été pratiquement doublées, et où on ne l'a pas vue exposer depuis sept longues saisons, Emna Masmoudi continue à évoluer sur le fil. Mais le fil de quoi en fait ? Un fil de fer qu'elle choisit barbelé, trahissant une tension et une émotion, mais aussi un environnement, hélas, devenu familier. Un fil conducteur qu'elle suit à travers toute l'exposition, témoin du temps qui passe et de sa fragile quête d'équilibre. Un fil noué, que le bouillonnement de la révolution ne lui laisse pas le loisir de dénouer, et qui demande de la sérénité pour l'être. Un fil du rasoir, synonyme de tous les dangers, auxquels seule peut échapper la virtuosité de l'équilibriste. Sur ce fil, les personnages d'Emna Masmoudi évoluent, dansent une danse joyeuse, aérienne, ludique souvent, tragique quelquefois. Il y a ceux qui pourraient être des derviches en transe, et puis ceux qui seraient des clowns tristes. Il y a encore ceux qui s'envolent vers un ailleurs meilleur, et puis il y a ces damnés de la terre de Lampedusa. Il y a ceux à qui Emna Masmoudi donne des ailes, et ceux dont elle laisse prévoir la chute. Il y a ceux à qui elle offre trois dimensions, et ceux qu'elle laisse glisser dans les délicats glacis aux éclats argentés de sa matière translucide. Il y a ceux qui racontent une histoire ancestrale, et ceux qui annoncent des lendemains qui chantent. Il y a ceux qui.....