Dans le cadre du cycle de projections-débats «Vivre ensemble», organisé par l'Institut français de Tunisie, en collaboration avec la Médiathèque Charles-de-Gaulle, on a eu le plaisir de découvrir le long métrage Une bouteille dans la mer de Gaza du réalisateur français Thierry Binisti, adapté du roman de sa compatriote Valérie Zenatti. Le film relève, dès le début, un véritable défi. D'abord au niveau de la forme où il s'agissait d'adapter un livre composite, fait de récits à deux voix (Tal et Naïm, les deux personnages principaux, se font tour à tour narrateurs et s'expriment à la première personne) et d'un échange épistolaire à l'heure du Web, les mails y remplaçant les lettres. En deuxième lieu, le film a été tourné en Israël et à Gaza avec, également, un casting composé d'acteurs palestiniens et israéliens. Le film raconte l'histoire de Tal, une jeune Française de dix-sept ans installée à Al Qods avec sa famille. Après un attentat kamikaze dans un café près de chez elle, la jeune fille, prise de révolte et désireuse de comprendre les auteurs d'un tel acte, décide d'écrire ce qu'elle a sur le cœur. Elle glisse une lettre dans une bouteille et demande à son frère, qui fait son service militaire près de Gaza, de jeter la bouteille à la mer, en espérant qu'un Palestinien la récupère. La lettre doit lui permettre d'entamer une correspondance électronique avec lui. La jeune fille veut ainsi se prouver que tout espoir de paix et d'entente n'est pas perdu. Quelques semaines plus tard, un mystérieux Gazaoui trouve l'énigmatique objet. Vindicatif et ironique, le jeune Palestinien entame, pourtant, une correspondance apaisée avec la jeune femme, pourtant ennemie désignée. A base de jolies phrases et de grandes réflexions, philosophiques sur les bords, tous deux tentent d'abattre le mur d'incompréhension qui isole toujours un peu plus leurs peuples respectifs. Le film explore le conflit israélo-palestinien d'une façon différente et moins sanglante que celle dont il est vécu, aujourd'hui, par la jeunesse des deux peuples. C'est ainsi qu'on nous montre le tourment des jeunes Israéliens et Palestiniens vis-à-vis de la guerre qui les oppose et les déchire et leur impuissance à trouver une explication et des réponses aux questions qu'ils se posent au quotidien. La correspondance virtuelle permet le dialogue, la compréhension et même l'amour et l'espoir entre une Israélienne et un Palestinien. Voilà, donc, deux jeunes gens ordinaires, installés dans ce contexte si particulier de violence, aux vies diamétralement opposées, mais dont les rêves se rejoignent, au fond, et qui parviennent à se comprendre, à s'accepter et à s'aimer. Le film est une évocation plutôt fine d'un sujet lourd, et même s'il se risque un court moment à figurer l'abstraction qui entoure le territoire de Gaza pour les Israéliens, il ne s'aventure pas vraiment sur le terrain du politique. Ici, on parle avant tout de sentiments et de dignité, on ne s'encombre pas de parti pris. On cherche avant tout à convaincre que l'amour peut venir à bout de toutes les absurdités.