Avec «Aisheen (Still Alive in Gaza)», le Genevois Nicolas Wadimoff ramène de l'enclave palestinienne des images aussi libres que les habitants en sont des prisonniers. Sur une plage, des adolescents grillent un semblant de poisson et se le partagent. Ils l'ont pêché au péril de leur vie puisqu'il est interdit de s'écarter du rivage. On est à Gaza, peu après l'opération israélienne «Plomb durci» qui a laissé dans le paysage – immeubles éventrés, oliviers déchiquetés – mais aussi dans les corps et dans les âmes des blessures visibles et invisibles. Ces jeunes ont risqué leur vie pour un poisson parce qu'il est parfois difficile de trouver les bons défis quand on vit sur une petite parcelle de terre où même les rêves semblent prisonniers. Aisheen (Still Alive in Gaza) témoigne de cette difficulté, mais aussi des émouvantes forces humaines, faites de dignité dans le quotidien, qui défient les frappes militaires et les murs. Trouver les mots, malgré tout. Comme cette présence, ces paroles d'espoirs offertes à une adolescente qui se souvient de la bombe qui lui a arraché sa mère. Ou comme ces rythmes hip-hop qui ouvrent une porte vers ailleurs, vers des sons d'Occident, tout en portant les préoccupations gazaouies. Le groupe Darg Team chante le refus de l'enfermement, l'envie de reconstruire. Il a écrit la musique d'Aisheen. Les mots, Nicolas Wadimoff a choisi de les laisser aux Gazaouis. Ni le cinéaste ni la journaliste Béatrice Guelpa, qui l'a accompagné pendant le tournage, n'ont déposé aucun commentaire sur ces images souvent décalées. C'est un film d'une belle densité de couleurs et d'émotions que Nicolas Wadimoff a ainsi ramené de Gaza. (*) Production Qatar/Suisse, 2010. 1h27.