L'arrivée des grandes surfaces a causé la fermeture de plusieurs petits commerces, mais le nombre de patentes a évolué annuellement de 7 à 8%. De même, cela a marqué le début de l'évolution du concept de franchise en Tunisie. C'est le 12 août 2009 que la réglementation tunisienne, notamment la loi n°2009-69, s'est prononcée sur la franchise et a stipulé : «Le contrat de franchise est un contrat par lequel le propriétaire d'une marque ou d'une enseigne commerciale accorde le droit de son exploitation à une personne physique ou morale dénommée franchisée, et ce, dans le but de procéder à la distribution de produits ou à la prestation de service moyennant une redevance». La franchise consiste à dupliquer une réussite. En d'autres termes, c'est un fonds de commerce sur un plateau d'argent. En effet, la notoriété de la marque internationale assure des issues pour les produits et services du franchisé. D'ailleurs, l'adhésion du franchisé à un réseau commun qui a accumulé une expérience réussie, mais aussi qui a confronté et résolu plusieurs obstacles minimise les risques de l'aventure entrepreneuriale. En amont, le franchisé bénéficie des économies d'échelle générée par l'ampleur du réseau commercial de la marque. Car, en achetant pour tout le réseau, les centrales d'achat seraient en mesure d'offrir des matières premières et des produits de qualité à des coûts avantageux. Ce qui est de nature à renforcer la compétitivité des franchisés. Ainsi, pour le franchisé, c'est une formule de travail rassurante, en période d'activité habituelle, et encore plus, en temps de crise. Lorsque l'économie tourne à son rythme habituel, la franchise est une formule rassurante pour les investisseurs, notamment les jeunes promoteurs, démunis de fonds propres suffisants. Mieux encore, en période de crise, cette formule offre au franchisé une garantie d'approvisionnement. En plus, la notoriété de la marque constituera un refuge pour les clients peu confiants en la qualité des autres produits peu connus, d'où une assurance de commercialisation. Dans cette perspective, les contrats de franchise offrent aux banques une garantie de la réussite du projet. Et les consommateurs, pour leurs parts, bénéficieront d'une qualité de services aux normes internationales et d'un meilleur rapport qualité – prix. Encore du terrain à faire En Tunisie, malgré l'existence de plusieurs marques internationales dans diverses activités, l'expérience est encore à ses débuts. Bien que théoriquement, le terrain est favorable au développement du concept, en pratique, l'insuffisance de la loi, dans certains cas, et sa complexité dans d'autres, ont retardé le développement du concept. «Avant 2009, la législation tunisienne était ambiguë, parfois astucieuse, et surtout confuse», selon plusieurs franchisés. Et après, tout contrat de franchise, notamment avec des marques étrangères, est conditionné à 22 conditions et documents précontractuels. De même, la liste positive des activités libres a exclu toutes les activités non citées, à savoir la restauration rapide, la distribution des produits alimentaires et les boissons chaudes. Ainsi, le poids de ces conditions et la lenteur des procédures sont de nature à dissuader tout promoteur. S'agissant des produits importés, «l'enlèvement de la marchandise d'un franchiseur américain nécessite des semaines alors que la même marchandise est dédouanée dans un délai ne dépassant pas 48 heures par le franchisé implanté en Arabie Saoudite», compare l'un des franchisés importateurs d'outils de bricolage. Dans cette perspective, les franchiseurs focaliseraient leurs efforts ailleurs. Sur un autre plan, le poids de l'économie informelle est de nature à dissuader tout investisseur, franchiseur et franchisé. « L'un des vendeurs ambulants présentait à moitié prix des produits que j'importais légalement de la société mère», illustre-t-il. A vrai dire, pour préserver la renommée mondiale de sa marque, le franchisé est appelé à respecter la législation en vigueur, en matière fiscale, douanière, commerciale et sociale. La traduction financière de ces engagements se manifeste dans les prix de vente. De ce fait, l'ampleur du marché parallèle pourrait entraver le développement de telles pratiques modernes de commercialisation. Sur un autre plan, le franchisé affronte des difficultés financières de taille. «Nos banquiers manquent de connaissances et de formations en matière de franchise» déplore le promoteur. En effet, la franchise s'exerce essentiellement dans le secteur du commerce et la distribution. Mais ces activités ne figurent pas dans les priorités des banques qui financent, principalement, des projets industriels dont les machines et équipements pourraient constituer des garanties réelles. En résumé, la réussite de ce mode de commercialisation nécessite la simplification des lois, la limitation du marché parallèle, et l'incitation des banques à soutenir la réalisation et le développement de tels contrats.