La Tunisie a été incontestablement un pays pionnier en matière d'initiation et de développement du secteur de l'énergie. Ce, grâce à une politique volontariste d'utilisation rationnelle de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables initiée depuis les années 80. Progressivement, la maîtrise de l'énergie est devenue l'un des piliers de la politique énergétique du pays, voire une priorité nationale. L'opérationnalisation de cette politique s'est traduite par la mise en place de différents programmes et plans d'action. Ces derniers ont eu des impacts positifs, confirmant le potentiel important de maîtrise de l'énergie que recèle la Tunisie. «En tant que politique, notre référence est le programme présidentiel pour la période 2009-2014 à travers les mesures de rationalisation de la consommation d'énergie et de développement des énergies renouvelables», relève Mme Noura Laaroussi, directeur général de l'Agence nationale de la maîtrise de l'énergie (ANME). Ces mesures concernent les actions suivantes : l'abandon total avant la fin de 2014 de la commercialisation des ampoules et pièces électriques non économes en énergie, la construction de 70.000 bâtiments obéissant aux critères d'efficacité énergétique, l'amélioration de l'efficacité énergétique pour que l'intensité énergétique atteigne le niveau de 275 Kep pour chaque mille dinars de PIB contre 305 Kep actuellement, la multiplication par 5 de la part des énergies renouvelables dans la consommation totale de l'énergie, la mise en place de 350 mille m2 de capteurs supplémentaires au terme de cette échéance et la réalisation de 5.000 habitations à énergie solaire. «Ces mesures concernent tous les secteurs économiques du pays et notre devoir en tant qu'agence est de sensibiliser et de coordonner entre les différents intervenants, et ce, à travers notamment des campagnes de sensibilisation et des ateliers de formation», indique-t-elle, ajoutant qu'il y a des ministères qui sont très actifs dans ce domaine, à l'Instar des ministères de l'industrie et de la Technologie, du Transport, de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire. D'autres ministères commencent à s'activer comme le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, ainsi que le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Education physique. Sensibiliser Actuellement, le plus important est de préparer les réglementations relatives à l'efficacité énergétique et de veiller à leur application, souligne Mme Laaroussi, le but étant la réalisation des objectifs nationaux escomptés. Comme déjà souligné par notre vis-à-vis, les mesures en question concernent tous les secteurs économiques. Ainsi, au niveau du secteur de l'industrie, l'agence a dénombré 370 entreprises grosses consommatrices d'énergie. «Nous avons ainsi mené des campagnes de sensibilisation à même de permettre à ces entreprises de maîtriser leur consommation d'énergie en optant pour les bons investissements. Nous les aidons à améliorer leurs procédés, voire les changer, en utilisant d'autres systèmes comme la cogénération», relève-t-elle. Cette aide se concrétise à travers l'assistance technique, la formation, le choix des équipements... Pour ce qui est du secteur agricole, l'agence assiste le ministère de l'Agriculture, surtout dans le milieu rural. «Nous avons effectué une étude en vue de permettre à 200 fermes d'introduire le pompage photovoltaïque et de réduire leurs factures de consommation d'énergie», indique Mme Laaroussi. Dans ce cadre, l'ANME oriente les agriculteurs concernés vers la réduction de la facture de la Steg et intervient même au niveau du financement, et ce, grâce à la coopération internationale qui inclut des fonds en provenance de la Banque mondiale, du ministère italien de l'Industrie, du Fonds français de l'environnement, de la GTZ et du Japon. Dans ce secteur, l'état d'avancement des projets est «satisfaisant», contrairement au secteur de l'hôtellerie où les charges demeurent encore coûteuses. Réduire les coûts En ce qui concerne le transport, Mme Laarousi évoque une nouvelle mesure relative aux véhicules des ministères et établissements publics. Le principe est de doter ces derniers, dont le nombre s'élève à 18.000, de systèmes GPS à même de rationaliser la consommation énergétique. Dans ce sens, l'ANME mène actuellement des campagnes de sensibilisation auprès des chefs de parcs en vue de réduire l'utilisation abusive de ces véhicules. Les ménages sont bien évidemment concernés par ces mesures. La DG de l'ANME précise dans ce cadre que les réfrigérateurs, particulièrement les anciens, sont en ligne de mire. Pas moins de 400.000 ont déjà été recensés. «Nous sommes actuellement en train de travailler avec nos partenaires italiens sur un système qui va encourager les ménages à rendre leurs anciens réfrigérateurs et acheter les nouveaux modèles économiques en énergie», indique-t-elle. Les autocollants ont aussi leur rôle à jouer au niveau de la sensibilisation des ménages. A partir de cette année, on les retrouve sur les climatiseurs et prochainement sur les lampes économiques. De même pour le secteur du bâtiment, où plusieurs mécanismes sont mis en œuvre en vue d'améliorer les niveaux de confort thermique au sein de ces constructions et de réduire les coûts de consommation d'énergie des équipements de chauffage et de climatisation. Il s'agit en fait de la conception de bâtiments adaptés à notre climat national, l'utilisation de techniques de construction énergétiquement efficaces, l'amélioration de l'enveloppe extérieure des bâtiments et la promotion des équipements énergétiquement performants. Pour conclure, l'évaluation de l'avancement des projets est, d'après notre vis-à-vis, très satisfaisante. Pour ce qui est des grands projets des centrales solaires et nucléaires, l'agence et les divers intervenants sont encore au stade de l'étude. Nous optons certes pour la politique internationale en matière d'énergie propre, mais nous restons prudents pour protéger le volet social. Nous devons préserver les coûts de l'énergie et ne pas alourdir les charges pesant sur les citoyens. La composante sociale est primordiale au niveau de notre politique nationale, conclut-elle.