Dimanche, la fête nationale de l'enfant. Une journée qui a été célébrée partout, sous le signe «J'appelle à la non-violence dans mon pays», tout en scandant, en même temps, «L'environnement entre nos mains». Le parc Ennahli, à l'Ariana, a abrité, à cette occasion, une manifestation d'animation à double vocation ludique et éducationnelle, dans l'objectif de dénoncer le phénomène de la violence subie par l'enfant et susciter chez lui la culture écologique pure et simple. Depuis 10h du matin, parents et enfants se sont donné rendez-vous à Montazah Ennahli, en pleine verdure, là où ils ont exprimé, par mille et une manières, leur opposition catégorique à l'égard de toute tentative attentatoire aux droits de l'enfant à une vie saine, sereine et paisible, loin du spectre de la violence qui le hante fréquemment à la maison comme à l'école. La situation d'aujourd'hui semble alarmante : un enfant sur deux est victime de la violence dans toutes ses formes verbale, corporelle et psychique, a-t-on appris auprès de Mme Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, venue partager avec les enfants leurs festivités. A l'occasion, les enfants se sont parés de leurs plus beaux atours, menant une série d'activités récréatives, culturelles et d'animation non-stop. Le parc leur réservait le milieu opportun pour faire entendre leurs voix et communiquer, avec innocence, leur vision et leur perception du monde qui les entoure. Le monde comme ils veulent le voir et l'imaginer, sans détour, ni conflits d'intérêts. Dans un environnement sain, où il fait bon vivre en somme. Légion d'enfants, à la fleur de l'âge, ont été répartis en groupes, animant un nombre d'ateliers sous des tentes géantes dédiées à plusieurs activités. Peinture, chants, danse..., chacun selon ses talents. Les idées se ressemblent, parfois se rassemblent et convergent vers l'idéal commun, prônant, à leur manière, un environnement sans violence. Interrogée sur ce sujet encore préoccupant, la ministre a reconnu les failles d'une certaine politique de protection à leur égard. Le constat d'échec est visible à bien des égards. Mendicité sur le pavé, enfants sans soutien familial, surexploitation, harcèlement sexuel, sont autant de formes illustrant l'ampleur de ce phénomène ravageur sur nos routes et sous nos cieux. Et Mme Badi d'alerter encore, «plus de 5 mille aveux de violence signalés l'année dernière par les délégués de protection de l'enfance...». Elle a ajouté que tous les efforts, gouvernement et société civile, devraient se conjuguer pour remédier à ce phénomène. Par ailleurs, d'autres enfants s'en sont donné à cœur joie au plaisir des jeux attractifs dressés juste à côté. Leurs expressions et leurs graffitis si simples et directs résument bel et bien ce qu'ils ressentent et laissent transmettre à leurs parents, à leurs amis, mais aussi au large public qui est venu les découvrir. L'ambiance était ainsi festive et conviviale. Et la fameuse mascotte de «Labib» est encore là, tenant place au parc, rappelant aux visiteurs les principes écologiques d'antan. Plusieurs associations ont pris également part à cette fête dédiée à l'enfant, en tant que citoyen de demain. A l'instar de l'Association tunisienne de l'enfant et de la citoyenneté, Les jasmins pour le développement et l'environnement, l'association «Arc en ciel», basée à La Goulette, est venue apporter aux enfants trisomiques l'assistance et le soutien pour vivre normalement. Mais aussi pour voir autrement. Selon sa présidente, Mme Rim Blayech Ben Hamouda, cette association œuvre d'arrache-pied pour assurer à ces enfants souffrant d'une déficience mentale légère éducation, formation et intégration sociale et scolaire. «Aujourd'hui, ils sont là pour revendiquer leur droit à la vie, à l'éducation, à la santé et l'environnement», a-t-elle lancé. Pour répondre, la ministre a souligné que la défense des droits de l'enfant est une culture qui découle d'une responsabilité collective et partagée. «Afin que la protection de ces droits ne soit plus un slogan creux et sujet à propagande politique électoraliste...», a-t-elle indiqué, faisant valoir qu'en l'absence d'une stratégie de protection claire et prospective, les propositions et les suggestions émanant de tous bords méritent d'être prises en considération pour concevoir les grandes lignes directrices dans ce domaine. «Que cette année soit porteuse d'espoirs et de résultats probants en la matière et que la constitution soit le meilleur garant des droits de l'enfant», a-t-elle estimé.