La 11e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa a eu lieu du 8 au 14 de ce mois. Au programme, des projections à la cinémathèque de la ville, des débats sur les films et leur financement et un atelier d'écriture de scénario. Cette manifestation opte pour une formule où l'on cherche à donner de la visibilité aux films algériens, tout en consacrant un écran pour les films étrangers. La sélection tourne autour de thèmes récurrents tels que la complexité des rapports humains et la difficulté d'adaptation dans le milieu rural ou citadin. Nous avons rencontré Abdenour Hochiche, directeur des Rencontres cinématographiques de Béjaïa et président de l'association Project'heurt, organisatrice de l'évènement, qui a bien voulu nous parler de l'importance de ces rencontres et de leur rôle dans la promotion du cinéma maghrebin. Quel est le principal objectif de l'association Project'heurt? L' objectif était d'organiser un festival de cinéma. Avant de nous lancer dans cette aventure, nous avons créé un ciné-club. Au bout d'une année, les Rencontres cinématographiques de Bejaia ont vu le jour. Il fallait réconcilier le public avec le cinéma et l'inviter à sortir. Vous en êtes à la XIe édition, estimez-vous avoir réussi à intéresser le public? En quelque sorte oui. Nous voulions créer une plateforme pour les jeunes Algériens où ils peuvent s'exprimer et voir des films importants, du cinéma d'auteurs qui doutent, qui sont dans l'incertitude, qui invitent le spectateur à la réflexion. Aujourd'hui, on défend le cinéma qu'on aime et qu'on veut montrer. On ne prétend pas détenir la vérité sur le cinéma mais nous choisissons les films selon nos propres exigences. Nous avons remarqué que le public que vous ciblez est peu nombreux. Qu'en dites-vous? En ces 11 années, nous avons quand même réussi à fidéliser un certain public. Ceux que vous avez vus dans les salles sont les habitués des rencontres. Et, je considère cela comme un acquis. Aujourd'hui, en Algérie, ce n'est pas évident de remplir une salle de cinéma. La vie nocturne n'existe pas. Chaque jour à 20h, malgré les fidèles, nous avons l'angoisse de la salle vide. Quelles sont vos ressources financières? Nous avons des partenaires, comme la commune et le port de Bejaia. Nous sommes également soutenus par l'Office national des droits d'auteurs, l'ambassade de France et le CFI (Agence française de coopération médias). Quel est l'apport du ministère de la Culture algérien? Cela dépend des éditions. Pourtant, nous présentons, chaque fois, le même dossier. On devrait nous accorder une aide qui correspond au budget d'un festival et pas à celui d'une association locale. Il est temps que le ministère se prononce pour clarifier sa politique de financement. Avez-vous réussi à offrir une visibilité pour les jeunes réalisateurs algériens ? Nous leur offrons un espace où ils peuvent montrer leurs films, rencontrer le public, des réalisateurs confirmés et, pourquoi pas, d'éventuels distributeurs. Comme vous devez le savoir, nous n'avons pas de circuits de distribution ni de marché pour le cinéma national. Dans l'édition qui vient d'être clôturée, vous avez programmé trois documentaires tunisiens (Babylon, Maudit soit le phosphate et C'était mieux demain). Qu'est-ce qui a motivé votre choix? Nous suivons avec beaucoup d'intérêt ce qui se fait en Tunisie, en matière de cinéma. Et dans les films que nous avons choisis, ce qui nous a interessés, c'est la démarche des auteurs qui est assez particulière. Dans la quantité de documentaires tunisiens produits sur la révolution, nous avons donc sélectionné ceux que nous avons vraiment aimés. Comment voyez-vous l'avenir des rencontres? Nous espérons nous ouvrir sur de nouvelles formes d'expression qui existent en Algérie, et établir un partenariat avec les autres associations cinématographiques régionales. Nous avons déjà sollicité quelques membres de ces associations pour animer les débats. Nous espérons également avoir suffisamment de moyens pour enrichir les rencontres avec des personnalités cinématographiques importantes et dont la vision est assez proche de la nôtre. Cela dit, le travail continue pour sensibiliser le public de Bejaia et des régions avoisinantes.