La régionalisation du système éducatif est synonyme d'une décentralisation des rouages de ce secteur, d'une bonne gouvernance et d'une autonomie de gestion à l'échelle de la région «Régionalisation du système éducatif, enjeux et perspectives», tel est le thème d'une journée d'information tenue récemment à Tunis, à l'initiative du ministère du Développement et de la Coopération internationale. Regroupant les responsables et les experts des ministères concernés, ceux de l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle et de l'Emploi, cette journée s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme d'appui à l'éducation, la formation et à l'enseignement supérieur pour l'employabilité des diplômés (Pefese). Financé par l'Union européenne à hauteur d'environ 130 millions de dinars, ce programme est destiné essentiellement à créer une forte synergie intégrée au sein du processus éducatif, de l'école à l'université, en passant par l'apprentissage professionnel. Trois cycles d'enseignement qui se veulent transversaux et complémentaires, étant liés par une vraie passerelle d'autant plus flexible que réversible. Autonomie de gestion Mais, qu'entend-on par régionalisation du système éducatif ? C'est dire, en d'autres termes, décentralisation, bonne gouvernance locale et autonomie de gestion à l'échelle de la région en tant que pôle actif de développement. Une démarche qui vise à conférer à la région l'indépendance et la liberté de réflexion à ses besoins en matière d'éducation, de formation et d'enseignement supérieur, dans la perspective d'une logique de planification globale et cohérente. C'est là un pouvoir de décision qui permet à la région de prendre son destin en main. L'idéal consiste, à l'unanimité des intervenants, en l'amélioration de l‘employabilité des jeunes diplômés, tout en tenant compte des spécificités des régions dont ils relèvent. Et le programme européen (Pefese), comme l'a présenté M. Mongi El Ayeb, directeur général des ressources humaines au ministère du Développement et de la Coopération internationale, est destiné à renforcer l'approche régionale du dispositif éducatif dans ses multiples dimensions. «Afin d'instaurer un système complémentaire et intégré entre ces trois secteurs, l'ultime but étant l'amélioration de la qualité de rendement, d'orientation et d'information, le renforcement des capacités de nos ressources humaines et leur mise à contribution dans la promotion du développement socioéconomique..», a-t-il expliqué. Et d'enchaîner que «l'apport de ce programme est de hisser davantage le niveau d'employabilité des jeunes demandeurs à l'échelle des régions et leur faciliter l'insertion dans la vie active». Touchant à sa fin (2011-2013), ce projet européen, lancé en guise d'appui budgétaire à la Tunisie, a réalisé, en grande partie, les objectifs tracés, notamment, en matière de décentralisation du système éducatif. «Là où il a échoué, c'est en matière d'enseignement technique par rapport à celui général. Ce qui demande, si besoin est, d'étendre les délais de ce programme pour une deuxième action (Pefese 2)..». Régionalisation du secteur éducatif «De l'avis des experts, il est temps d'engager un nouveau partenariat bilatéral tuniso-européen basé sur une vision d'intégration globale de ces trois secteurs du système éducatif pour plus de complémentarité, alors qu'avant, il y a plus d'une décennie, nos efforts étaient concentrés sur une approche sectorielle précise», nous a indiqué M. Abdelaziz Yaâmouri, chargé du programme à l'UE-Tunisie. Et le responsable d'ajouter que cette journée s'inscrit dans le droit fil des réflexions approfondies autour de la régionalisation de ce système éducatif, dans la perspective de jeter les ponts entre les trois dispositifs d'enseignement, en toute harmonie, afin de promouvoir l'emploi des diplômés. Cette flexibilité de choix semble être valable aussi bien pour l'éducation et l'enseignement supérieur que pour la formation professionnelle. C'est ce que nous a également affirmé M. Khaled Raouani, directeur de la programmation et des projets au ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi. Pour lui, la décentralisation dans ce domaine est plus qu'un choix irréversible, voire une exigence dictée par l'actuel contexte révolutionnaire, où la région a besoin, plus que jamais, d'avoir l'autonomie de développement. Dans ce sens, l'approche régionale en matière de formation vise à lui déléguer la responsabilité d'identifier ses besoins en filières et en compétences qualifiées. De même pour le système scolaire et universitaire. Une démarche adaptée et unifiée pour des perspectives professionnelles prometteuses.