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«Printemps arabe», Acte II : le retour du peuple
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 07 - 2013


Jamil SAYAH
L'Egypte vit aujourd'hui une expérience historique inédite. On serait plus précis en parlant à son propos de la « résurrection » d'un peuple. Un peuple qui, un jour, a découvert que sa Révolution a été dérobée, décida alors de reconquérir sa souveraineté. Quelle que soit la suite des événements, l'Islam politique vient d'être censuré au Caire, explicitement et massivement rejeté par toute une population qui ne veut plus de ce modèle de gouvernance. Et ce ne sont pas seulement que les laïcs (selon le vocabulaire islamiste) qui sont redescendus dans la rue pour exiger une «Révolution autre» et mettre dehors Mohamed Morsi, le Président islamiste entré en fonction il y a juste un an avec pour seul objectif: établir la démocratie. C'est aussi que la majorité silencieuse a suivi et que beaucoup de personnes qui ont voté pour lui, par erreur et y compris par conviction, ont demandé avec les autres la fin de son règne car il a failli à sa mission.
Mais en agissant de la sorte, ce n'est point un homme que le peuple égyptien vient de destituer, c'est tout un système. C'est de l'Islam en politique dont il s'agit. Ce mouvement a démontré qu'il ne sait point gouverner. Enfermé dans ses contradictions et ses obsessions extrémistes, il a démontré jour après jour qu'il est dans l'incapacité de rendre l'espoir au peuple. Au contraire, il n'a cessé d'ajouter la confusion à l'incertitude. Qui peut, derrière une rhétorique islamiste usée jusqu'à la corde, déceler la moindre cohérence dans la succession des propositions égrenées au fil de l'actualité par un Morsi ou par ses alliés politiques. Personne.
La fin de l'illusion démocratique «des Frères»
Nous pourrions parler indéfiniment de la démocratie, comme nous pourrions appeler « démocratie » des choses fort diverses. La démocratie athénienne du temps de Périclès était autre que celle des Puniques à Carthage et, pour citer un exemple plus compréhensible, la démocratie américaine du temps de Jefferson n'est pas la même que celle d'Obama aujourd'hui. Cependant, nous pensons que l'on peut établir certains critères fondamentaux. Le premier est que le peuple doit pouvoir déterminer lui-même son régime. Le second qu'à l'intérieur de ce régime l'individu puisse vivre librement, c'est-à-dire agir et penser de façon à ne pas empêcher les autres de le faire. Le troisième que cette condition soit incluse dans la Constitution et dans toutes les législations afin qu'il puisse en être fait cas. Le quatrième que l'individu se sente en sécurité et dispose d'un droit inaliénable à l'épanouissement économique et social, sans quoi on ne peut vivre en homme libre. Il faut enfin que le groupe au pouvoir donne à ceux qui sont dans l'opposition la chance d'y accéder selon des règles légalement établies.
Pour ce qui est des formes, et il en est de nombreuses, seule semble incompatible avec la démocratie celle qui veut qu'un groupe se dise détenteur de la vérité absolue, ce qui implique que la majorité politique se trouve appelée à réaliser et à appliquer cette vérité absolue avec les moyens de l'Etat. Or, une démocratie dans laquelle le pouvoir traite les citoyens en hérétiques et en «voyous» n'en est pas une. C'est un régime qui constituerait, non seulement un danger pour la «civilité» de la société, mais également pour la garantie de la sécurité de chacun et de tous dans l'égalité des droits et des devoirs : c'est le cas de l'islamiste Morsi.
Résultat, les idées et les valeurs de la Révolution se sont vites épuisées, l'islamisation de la société commande tous les changements. Ni l'éducation ni la justice sociale ni encore le développement économique ne mobilisent de fortes réflexions au sein du gouvernement. La seule question qui passionne «les Frère» est comment faire pour se maintenir au pouvoir.
L'impasse islamiste
Morsi a échoué, et avec lui tout le système de l'Islam politique. Il n'a pas su faire preuve d'un Islam modéré et moderne capable de s'inscrire dans une culture démocratique. Au contraire, il s'est laissé emporter par son idéologie totalitaire et par sa propre dérive autoritaire. Il a imposé une Constitution qui allait inéluctablement conduire à l'instauration d'un Etat théocratique ? Il a réduit les espaces des libertés. Il n'a pas su répondre aux aspirations du peuple à la dignité. Un tel Président peut-il encore être légitime ? Un tel système peut-il encore être démocratique ? La réponse est, bien évidement, un double Non. Non pour la légitimité et Non pour la démocratie.
Est légitime un gouvernement que les gouvernés dans leur immense majorité tiennent pour tel. Moins un gouvernement est mis en question, plus il est légitime. Jour après jour, manifestation après manifestation, le peuple a interpellé la légitimité de ce pouvoir et contesté son autorité. Certes, il est bon que la légalité ne soit pas constamment remise en cause. Mais le peuple est dans son droit d'attendre de ses gouvernants démocratiquement élus de la prospective, de la clairvoyance, de l'efficacité et de l'écoute. Or, l'islam politique au pouvoir (en Egypte et en Tunisie) n'a pas été à la hauteur de sa mission historique. Il a échoué. Alors, point de légitimité.
On le voit donc, aussi bien en Egypte qu'en Tunisie, la démocratie n'a remporté en fait aucune victoire et elle n'a même livré que peu de batailles. Aussi, il est impossible de se satisfaire d'une conception purement formelle de la démocratie réduite au vote, même s'il faut reconnaître l'importance de cette technique dans l'instauration de la culture démocratique. Mais on sait aussi qu'en démocratie la légitimité populaire prime sur la légalité électorale. Car seul le peuple est détenteur de la souveraineté absolue.
Un coup d'Etat ou l'acte II de la Révolution ?
Nul ne peut se réjouir d'un coup de force militaire. Dans le cas de l'Egypte, à qui incombe la responsabilité ? En un an, le Président islamiste Morsi, par une gestion totalisante et désastreuse des affaires de l'Etat, a remis dans la rue des millions d'Egyptiens avec un seul mot d'ordre politique: «dégage». Une performance. Avec lui, le pays était au bord de la guerre civile et de l'implosion. Que faire ? Faut-il sauver Morsi ou sauver l'Egypte ? Les militaires ont choisi. Il est même probable que cet « acte II de la Révolution » n'aurait pas eu lieu, du moins sous la forme qu'il a prise, si le peuple n'avait préparé le terrain à l'armée en regroupant autour d'elle ses revendications politique et sociale et les mouvements populaires qui s'opposaient à l'islamisation de leur patrie.
Nous dirons même que, dans ce cas précis, ce qui nous amène à ne point qualifier la destitution de Morsi de coup d'Etat, c'est le fait que les militaires ne se sont pas substitués au peuple, ils n'ont fait qu'exécuter ses ordres. Car cette intervention paraissait inconcevable sans le mouvement d'opinion et le climat politique créés par le parti islamiste. C'est en effet ce dernier qui a mis le pays dans l'impasse en se déconnectant de son peuple. Aussi, dans cette prise d'initiative politique, cette armée-là avait des idées et des objectifs populaires, et lorsque ses idées convergent avec l'aspiration d'une grande majorité du peuple, elles cessent alors d'être une violence illégitime pour se draper d'une légitimité révolutionnaire.
Reste à savoir pourquoi l'opposition qui, en principe, a réussi à galvaniser autour d'elle des millions de personnes, n'a-t-elle pas pu arriver à prendre le pouvoir par la voie démocratique? Une première raison tient au fait que le pouvoir islamiste s'est enfermé dans un «autisme» politique prétextant que, dès lors qu'il a été élu démocratiquement, cela lui donne le droit d'ignorer les cris d'un peuple en souffrance. Mais une raison plus profonde réside aussi dans le fait qu'une communauté d'intérêt (le patriotisme) a rendu possible cette alliance entre les deux forces les plus représentatives du pays. De sorte que l'acte militaire n'a fait que concrétiser les aspirations du peuple constitué pour l'occasion à la fois par l'opposition et par l'armée elle-même.
Pour conclure, nous craignons que ces quelques observations que nous venons de formuler, et qui sont très schématiques, ne paraissent simplifier un problème qui, en réalité, est infiniment complexe et nuancé. Il n'est pas question de représenter l'armée égyptienne comme uniquement guidée par les idées de haute philosophie démocratique, pas plus qu'il n'est question de prétendre que cette association entre opposition politique et militaire repose sur des bases durables. Il reste néanmoins qu'on ne peut pas nier que, dans ce contexte, l'armée a obéi à une ardente obligation: satisfaire, un peuple dont elle est issue. Et l'une des premières valeurs de la démocratie n'est-elle pas le respect de la volonté du peuple ? L'armée égyptienne l'a fait. Bravo.


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