Organisé du 3 au 6 juin dernier, le Festival Electro Sonores de Tunis (FEST) vient d'achever sa quatrième édition. Soutenue par la Commission européenne (Coopération Pays Tiers), les Instituts culturels européens présents en Tunisie, ainsi que plusieurs autres partenaires, cette fête des cultures et des musiques électroniques prend de l'ampleur au fil des années. Pour la programmation 2010, les expériences artistiques se sont d'abord dirigées vers les nouvelles tendances sonores, accompagnées de propositions et échanges visuels, tels que performances, installations, créations vidéo, projections, graphismes… Le festival s'est «emparé» de l'Acropolium durant quatre jours, de 11h00 à 1h00 du matin, en proposant au public une exposition permanente accessible dès 11h00, des «après-midi sonores» consacrés aux séances d'écoute, et des massages «chamaniques» utilisant des bols tibétains pour diffuser des sonorités à effets thérapeutiques. Par ailleurs, les sensations et émotions liées aux notions de «découverte», unies à celles d'initiation et de révélation, ont été cultivées grâce à des parcours thématiques dans les bois, à proximité de l'Acropolium, et des «apéros sonores», faisant également figure de «clôture» des après-midi du FEST, pour embarquer vers les destinations nocturnes, où «cinémix» et concerts se donnent le relais. En effet, le noyau dur des rencontres «FEST» reste ces quasi «symphonies électro», où plusieurs «DJ» («disc-jokeys») se succèdent tout au long d'une soirée. Parmi l'une d'elles, revenons sur celle particulièrement «inspirée» du vendredi 4 juin. De 20h30 à 1h00, cinq musiciens «des temps digitaux» se sont relayés pour électriser l'assistance. Leurs noms de scène, Hayej, Filastine, SKNDR, Farfa, et Fulgeance, racontent d'emblée leur appartenance. Particulièrement marquante fut la prestation de Zeïn Abdelkafi Aka Hayej, fondateur du collectif «Steppers», accompagné au VJ («vidéo-joking») par Ghazi Frini : inaugurateurs qui ont placé la nuitée sous les signes mécaniques des fusions machinales. Tous deux jeunes Tunisiens, représentants d'une génération «perchée» de chercheurs de l'alternatif, Zeïn aux commandes de ses platines et Ghazi en manipulateur iconographique ont conjugué leur facture acide et hallucinée pour donner vie à quelques instants inoculés, certainement portés par une passion vive et vivace des équilibres harmoniques instables. Souffles et aspirations suivis et hautement perpétués par le «DJ» Filastine qui, sans équivoque, a marqué le FEST du vendredi 4 juin d'une pierre blanche. Celle d'une dynamique expérimentale hors normes, un son tout à la fois synthétique et dynamique, où percussions et rythmiques «afro» ont chevauché un violoncelle, joué en «live» par une musicienne venue gracieusement escorter le « génialissime Filastine», en ouverture et en fermeture de son «mix». Instruments à cordes en symbiose absolue avec les savants mélanges audio et sono du DJ qui nous ont littéralement bombardés d'énergies mystiques et survoltées. Le FEST, comme à son accoutumée, n'a pas dérogé à sa mission de diffusion des cultures artistiques et musicales, parallèles et alternatives. La qualité y était, la profusion des genres et des styles aussi... Dommage que cet esprit d'échanges et de rencontres, où la proximité relationnelle et humaine prime, soit entaché par des «effluves de garde rapprochée». Se faire fouiller son sac à chaque fois que l'on sort pour prendre l'air, ou pour «un besoin urgent», devient tout de même gênant à la longue… A bon entendeur, salut !