Avant-hier soir, à Sousse, s'est consommé le énième acte de la chute de notre équipe nationale. Une chose est sûre : ce n'est pas la défaite de notre équipe nationale locale à Sousse face au Maroc qui améliorera notre classement Fifa. Ce qui est également sûr, c'est que cette équipe, détentrice d'un CHAN qui a été le grand titre post-révolutionnaire de la Tunisie, risque tout simplement de rater la phase finale en Afrique du Sud. La troisième assurance, c'est que nous avons perdu face à un Maroc réduit à neuf, suite à deux expulsions et suite à une erreur collective grossière qui a vu toute l'équipe tunisienne déversée dans la moitié de terrain adverse, avec sa propre moitié désertée par tous. L'illusion des jeunes Le quatrième constat enfin, c'est toute cette mise en scène qu'on monte pour faire croire qu'on fait appel aux jeunes et qu'on leur fait confiance, alors que tout le monde sait pertinemment que le sélectionneur national saute d'un avion à l'autre pour convaincre désespérément une petite poignée de joueurs à daigner faire partie de l'équipe nationale. Et qu'il est toujours accroché à son téléphone pour demander des nouvelles d'autres qui n'ont plus rien à faire dans son onze. Prenons un petit exemple : aujourd'hui, le meilleur défenseur central du pays, c'est Chamseddine Dhaouadi. Le sélectionneur national veut bien le convoquer, à condition qu'il fasse banquette ou qu'il joue comme demi. Mais il ne faut surtout pas qu'il concurrence son chouchou, Hagui. Entre-temps, la défense centrale continue à être le talon d'Achille de notre équipe nationale. A ce propos, l'appel à l'Etoilé Felhi (29 ans) et sa titularisation face au Maroc rentrent dans ce raisonnement absurde qui nous a coûté le but-gag face au Maroc. La cinquième remarque (et ce n'est pas faute de ne pas l'avoir relevée avant cette rencontre), c'est l'appel à ce même Felhi, à Zaïem et à Boulaâbi, alors que tout le monde sait que ce trio ne fait pas partie des jeunes espoirs sur lesquels on peut compter et qu'en parallèle ils n'ont aucune chance d'être convoqués en équipe première. La sixième remarque enfin, c'est cet entêtement à faire appel à Kasdaoui. Nous sommes désolés pour le joueur et confus pour l'insistance, mais voilà un buteur qui n'en est pas un, à qui on continue à faire appel «parce qu'il est utile à l'équipe de par son profil tactique». Un Maroc à 9... Sur cela et sur d'autres détails, le maigre public de Sousse (énième baromètre de l'indifférence croissante du public tunisien vis-à-vis de son équipe nationale, alors que les Tunisie-Maroc faisaient le plein) ne s'y est pas trompé, lui qui a copieusement sifflé et contesté le sélectionneur national, sorti sous les huées et les... bouteilles lancées des gradins. Pourtant, les intentions du départ n'étaient pas mauvaises. Ali Maâloul, Brigui (incorporé à 8 minutes de la fin pour faire plaisir aux supporters étoilés), Harrane, Ferjani Sassi, Ben Youssef, Mosaâb Sassi et Mhirsi sont de véritables talents, une belle réalité de notre football. La véritable erreur, c'est de ne pas leur avoir fait confiance plus tôt, en leur préférant des demi-bras en équipe première et de les avoir tous réunis dans de très mauvaises conditions psychologiques, soit face à un adversaire mieux préparé, plus motivé et, surtout, face à une obligation de résultat immédiate. En guise de gestion de jeunes, on ne peut pas faire... pire! Psychologie zéro ! Dans ce même volet psychologique, dans les déclarations d'avant-match du sélectionneur, celui-ci a relativisé la portée de ce match et son importance, ce qui a démobilisé public et bonne partie des joueurs. «La Coupe du monde, c'est une priorité», a-t-il martelé. Soit, mais quand on revient un peu sur ses choix antérieurs, les résultats et la manière face à la Sierra Leone et à la Guinée équatoriale, nous sommes en droit de nous poser de véritables interrogations sur le bien-fondé de la démarche de notre sélectionneur national. Et puis, la Coupe du monde, nous n'y sommes pas encore qualifiés. Entre-temps, nous risquons de tout perdre... Mais ce qui nous étonne et ce qui nous apostrophe le plus aujourd'hui, c'est cette fuite en avant et cette politique de l'autruche. Notre establishment footballistique ne semble même pas se rendre compte de la gravité de la situation et des aberrations commises. Des choix, du jeu et des résultats en équipe nationale «A», à la décision d'offrir en second cadeau l'équipe du CHAN au sélectionneur national «A». Où est la fédération dans tout cela? Qu'en pense Youssef Zouaoui, directeur technique des équipes nationales? Pourquoi ce mutisme complice d'un staff technique où on retrouve Adel Sellimi, Mohamed Mkacher et Jalel Kadri? Tous ne peuvent pas dire qu'ils ne savent pas ou qu'ils ne sont pas prévenus, au moment où tous les Tunisiens se désintéressent de leur équipe nationale. Une hypothétique qualification en Coupe du monde peut-elle justifier tout ce silence et tout ce gâchis? Questions que nous continuerons à marteler. Sans aucun espoir de réponse !