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Doha mon amour
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 07 - 2013


Par Lilia Haj Khélifa Ben Salem
Le 25 juin dernier, l'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, 61 ans, abdiquait en faveur de son fils, Tamim, 33 ans. Cette abdication — fait exceptionnel dans les dynasties du Golfe — a suscité beaucoup d'interrogations quant aux véritables raisons d'une telle démarche.
La lecture du livre «Qatar, les secrets du coffre-fort» (Christian Chesnot & Georges Malbrunot, ed. Michel Laffont) pourrait donner quelques éclaircissements quant au fonctionnement de ce minuscule état gazier, coincé entre l'Arabie Saoudite et Bahreïn.
Cet ouvrage aurait tout aussi bien pu s'intituler « Money talks » avec, en toile de fond, un système de gouvernance totalement népotique et opaque, confondant allègrement caisses de l'Etat, poches des altesses royales et dessous de table de tous genres. J'ignore si ce portrait — extrêmement bien documenté — est la vision de deux « journalistes de la honte » (comme se plaisent à nommer tout média qui critique les supporters de la tendance islamique), mais j'espère que, personnellement, avec cet écrit, je ne contreviendrai pas à la loi... Je rappelle les propos de notre président par intérim : « En tant que Tunisien et Arabe, je mets ceux qui insultent ce pays (le Qatar) devant leurs responsabilités avec eux-mêmes et face à la loi». Où finit l'information, où commence l'insulte ? Bonne question...
On le sait depuis longtemps et ce n'est un secret pour personne : sur un plan international, l'Arabie Saoudite finance le wahhabisme et le Qatar les Frères musulmans. Traduction locale, pour nous Tunisiens : les salafistes et Ennahdha. Vaste programme...
On comprend donc mieux les réactions épidermiques des supporters de la mouvance islamiste face à la déferlante tunisienne antiqatarie de ces dernières semaines, y compris sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué en date du 18 avril 2013 signé Rached Ghannouchi, le parti islamique dénonçait «la campagne médiatique organisée par des partis politiques et des médias dépassant toute éthique dans le dénigrement d'un Etat ami qui n'a pas hésité à soutenir la révolution tunisienne». Etat ami ? Peut-être. Soutien à la révolution tunisienne ? Première nouvelle ! D'autre part, le leader d'Ennahdha a considéré que cette campagne, « visant l'un des plus grands souteneurs de la révolution tunisienne, offensait aussi bien le Qatar que la Tunisie et a tenu à rappeler, par ailleurs, le rôle considérable qu'a joué la chaîne qatarie Al Jazeera dans la réussite de la révolution».
Il semblerait plus juste de parler du rôle qu'a pu jouer cette chaîne d'information (critique de tous les régimes politiques et obstinément aveugle quant à celui de son pays d'origine) dans la couverture, plus que partisane, des révolutions qui ont secoué le monde arabo-musulman : le parti pris était notoirement pro-islamiste, ce qui aurait valu à la chaîne une perte d'audience et de crédibilité significative ces derniers mois.
Il semblerait cependant que le grand frère qatari (grand, pas par la taille, vous l'aurez compris) ne soit pas forcément obsédé par une vision stratégique globale d'une islamisation effrénée des pays qui ont traversé le Printemps arabe. Le «coffre-fort» agirait plus par opportunisme dans le cadre de son propre rayonnement, y compris et surtout dans le monde occidental. «Opportunisme» est d'ailleurs un mot qui revient beaucoup plus souvent qu'«islamisme» quand le nom de l'Emirat est mentionné: nécessité fait loi...
Il faut savoir que ce pays lilliputien (moins de 12.000 km2 de superficie et moins de 2 millions d'habitants dont 80% d'expatriés, soit à peine 400.000 autochtones), fondamentalement bédouin et doté de moyens quasi illimités (l'unité monétaire se situe plutôt vers le million de dollars), a entamé une véritable course au gigantisme en dépit de son nanisme congénital. Et dans cette compétition (Dubaï et Abu Dhabi lui font de l'ombre), il n'a pas choisi le marathon, l'endurance, le long terme. Au contraire, il a opté pour l'épreuve la plus rapide, la plus prestigieuse, l'épreuve reine (monarchie oblige) : le 100 mètres, version masculine naturellement. Le mot d'ordre est donc « tout, tout de suite et avec excès».
Paul Valéry disait pourtant : « Le temps ne retient pas ce qui se fait sans lui ». Mais peut-être que l'étendue de la puissance des pétrodollars (celle du gaz liquéfié dans ce cas précis) n'était pas une idée encore bien connue des esprits philosophes et des poètes de cette époque. De même que La Fontaine, dans la fable de La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, n'aurait pas pu imaginer une grenouille avec un second estomac greffé, de la taille de celui d'un bœuf, l'intervention chirurgicale ayant été financée par le programme médical de cheikha Moza doté de milliards de dollars...
On retient que La Fontaine reste, malgré tout, d'actualité si l'on considère une autre de ses fables : Le loup et l'agneau. La raison du plus fort est toujours la meilleure ; la plus grande des forces modernes étant l'argent, la traduction est élémentaire...
On retient également autre chose : il n'existe pas un islam universel, mais plusieurs islams. Il n'y a rien de commun entre un bédouin qatari assis sous sa tente, une étudiante tunisienne à l'université de Columbia à New York et un religieux qui prêche à la mosquée de Jakarta (et qui ne parle même pas l'arabe) sinon l'allégeance à un Dieu unique et la croyance en son prophète Mahomet. C'est la seule chose qui les réunit et on ne peut ni ne doit les soumettre les uns aux autres. Aucun ne pratique un islam meilleur ou pire que l'autre : chacun le suit selon son histoire, son héritage, l'environnement dans lequel il évolue et, surtout, selon sa liberté de conscience ; l'islam est d'ailleurs très clair sur ce point: « Il n'est point de contrainte en religion» (la ikraha fiddin). Tout le reste n'est qu'idéologie personnelle, instrumentalisation de la croyance ou tentative de commerce avec l'islam à des fins de pouvoir. L'idée de la umma musulmane a évolué et elle ne peut se traduire, quinze siècles plus tard, par l'uniformité des us et coutumes, des modes de vie ou par l'application de la charia comme mode de vie social et politique unique pour tous les musulmans à travers le monde. Quand le Qatar et l'Arabie Saoudite auront compris — et surtout accepté — cela, le plus dur sera derrière nous.
En attendant, le successeur au trône du Qatar est connu pour être plus conservateur que son père. Il semblerait cependant que son règne signifierait un soutien beaucoup moins appuyé aux Frères musulmans... Peut-être enfin une bonne nouvelle venue du Golfe ?


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