Une équipe d'inspecteurs a effectué une visite-surprise aux bouchers de la zone d'El Mnihla et a relevé plusieurs infractions La brigade de contrôle économique multiplie les descentes au cours du mois de Ramadan pour contrôler s'il n'y a pas de hausse illicite des prix dans les marchés et les points de vente des viandes rouges et des légumes. Le choix s'est porté, il y a deux jours, sur la zone d'El Mnihla où plusieurs petites boucheries ont pignon sur rue. Bravant un soleil qui dardait bien fort ses rayons, ce jour-là, une équipe d'inspecteurs a effectué une visite-surprise à ces points de vente qui, non seulement vendent de la viande dans des conditions non conformes aux normes d'hygiène mais qui, par ailleurs, pratiquent une hausse illicite des prix. Il y a foule, ce mardi dernier, devant l'une des boucheries donnant sur la route d'El Mnihla. Munis de couffins pour les uns et de sacs en plastique pour les autres, les clients attendent leur tour pour acheter de la viande ovine et bovine qui va servir à la préparation du repas de Ramadan. Afin de ne pas éveiller les soupçons, l'inspecteur se faufile et se fait passer pour un client, demandant quel est le prix du kilo de la viande de mouton. Le boucher tombe dans le piège et lance haut et fort «18d500 le kilo de la viande de mouton» soit un prix plus élevé que celui imposé par le ministère du Commerce et de l'Artisanat qui est de 16d le kilo de viande de mouton. Ce dernier se fait directement verbaliser par l'inspecteur qui lui adresse un PV pour hausse illicite de prix. Deux autres infractions sont également relevées dans la boucherie. Le boucher n'a non seulement pas exposé les prix officiels, qui selon le décret du ministère du Commerce et de l'Artisanat, doivent être appliqués à partir du 24 juin, mais il n'a pas, non plus, effectué la vérification périodique de son instrument de pesage, provoquant le courroux de l'inspecteur. «Pratiquer les prix imposés par le décret du ministère du Commerce et de l'Artisanat reviendrait à ne réaliser aucune marge bénéficiaire, fustige le boucher en colère. Les petits éleveurs auprès desquels nous nous approvisionnons ne sont pas en train d'appliquer la fourchette des prix imposés par le ministère. Je ne peux pas vendre la viande à un prix inférieur au prix auquel je l'ai achetée. Je vendrai à perte, or j'ai une famille à nourrir». Les deux inspecteurs poursuivent leur ronde et se rendent dans une seconde boucherie située non loin du point de vente qui vient d'être contrôlé. Des carcasses dégoulinant de sang et suspendues au bout de crochets pendent au plafond. Sur une pancarte accrochée au fond de la boutique, à l'abri des regards, on peut lire les prix officiels du kilo de viande rouge,déclarés par le ministère du Commerce et de l'Artisanat. Mais au lieu de pratiquer ces prix, le boucher propose des prix plus élevés aux clients qui se présentent. Ce dernier tombe sous le coup d'un procès-verbal pour publicité mensongère. Le ton monte lorsque les inspecteurs découvrent que la bascule n'est pas réglementée et qu'elle ne répond pas aux normes de la métrologie légale. N'étant pas arrivé à un accord, le boucher-apprenti qui a tenté de dissimuler son identité pour éviter un PV décide de baisser le rideau de fer et de fermer boutique. «Les bouchers ne veulent pas soumettre leurs bascules au contrôle car ils ont peur que le ministère ne les leur confisque; explique l'inspectrice Latifa Jeddi Ben Aissiya. Ces bascules sont d'origine chinoise et donnent des mesures approximatives lors du pesage. Au lieu de servir un kilo de viande au client, le boucher lui en servira 800g». Les deux inspecteurs reprennent la route et se rendent chez un troisième boucher. Ce dernier, qui a été déjà l'objet d'une visite de contrôle quelques jours avant le mois de Ramadan, a retenu la leçon. Les carcasses suspendues sont enveloppées dans du papier cellophane et les prix affichés sur les produits exposés. Pour vérifier si le boucher ne pratique pas de hausse illicite, les inspecteurs attendent que les clients se présentent et passent commande. Désirant éviter un procès-verbal, le boucher préfère se conformer aux prix du ministère du Commerce et de l'Artisanat. Les deux inspecteurs achèveront leur ronde en effectuant une visite au point de vente «du producteur au consommateur» situé dans la zone d'El Mnihla. Dans la grande cour déserte, un agriculteur rangeant ses légumes qu'il n'a pas écoulés au cours de la matinée se plaint des intrus qui se sont introduits dans l'espace de vente et qui l'ont exploité pour vendre des produits pourris, au rabais, faisant de la concurrence aux producteurs. Ce dernier conclura que le point de vente gagnerait à être mieux organisé. Une recommandation retenue par les inspecteurs qui ont promis d'avertir les responsables concernés.