Chaque année, pendant le mois de ramadan, les contrôleurs économiques, en vue de lutter contre la cherté de la vie et de mettre fin aux tricheries commerciales, procèdent à la fermeture de plusieurs commerces qui n'ont pas observé les dispositions en vigueur, en pratiquant des hausses illicites des prix, des fraudes dans le pesage, des ventes de produits avariés...) Durant tout ce mois saint, les brigades de contrôle redoublent d'efforts pour lutter contre les tricheries au niveau des marchés de fruits et des légumes et dans d'autres commerces (boucheries, poissonneries, pâtisseries...) et pour épargner les consommateurs du " diktat " des commerçants sans scrupules qui profitent de cette affluence irrégulière des clients sur les produits alimentaires.
Des commerçants sans scrupules... Des centaines de brigades sont à pied d'œuvre depuis le premier jour du ramadan, intervenant de jour comme de nuit non seulement dans les marchés de fruits et de légumes mais aussi dans les autres commerces pour faire avorter toute tentative de fraudes ou de spéculations illicites auxquelles se livrent certains commerçants pendant ce mois. Chaque jour, on compte plusieurs procès-verbaux et même des fermetures de locaux suite à des contraventions commises par des commerçants ou des fermetures de locaux pour des raisons d'hygiène. Les agents de contrôle n'épargnent aucun effort pour effectuer des visites impromptues dans les centres commerciaux comme dans les marchés populaires ou les épiceries des quartiers pour mettre fin aux agissements douteux de certains commerçants. Mais, ces contrôleurs ne pouvant être à la fois en un et en tout lieu, certains commerçants trouvent toujours le moyen de tricher ; il faut dire qu'en matière de tricherie, ils sont solidaires et ils peuvent souvent tirer leur épingle du jeu, ce jeu du chat et de la souris. Leur stratégie est simple et correspond au proverbe qui dit : " quand le chat est absent, les souris dansent ". De plus, ces commerçants malhonnêtes sont toujours sur le qui-vive : ils détectent souvent l'arrivée imminente des contrôleurs grâce à des mouchards qu'ils auraient chargé de cette mission. Au signal, les marchands de légumes et de fruits changent les étiquettes ou effacent vite les prix écrits à la craie pour en afficher d'autres. Il s'agit là d'une pratique très courante, d'après le témoignage de pas mal de clients. Mais le proverbe dit bien que " tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse " ; ces contrevenants seront sans doute pris au piège !
Et des clients peu coopératifs En effet, cette pratique et d'autres encore se font au su et au vu des clients qui souvent ne manifestent aucune réaction. Certes, il y a des clients qui réagissent au moindre constat d'une transaction irrégulière ou d'une fraude commerciale quelconque soit directement en s'adressant au commerçant malhonnête, quitte à provoquer une dispute qui souvent les mène aux poings, spectacle très courant durant ce mois de ramadan ! Mais d'autres, au contraire, sont peu coopératifs avec les agents de contrôle et se comportent passivement au cas où ils seraient victimes d'une arnaque. Même s'ils savent qu'ils sont bernés, ils refusent de déposer leur plainte contre tel ou tel commerçant. Un prix majoré de quelques millimes ou un emballage pesant ne constitue pas un grand souci pour eux, étant souvent des clients fidèles qui n'osent pas provoquer des problèmes avec leur fournisseur afin de rester toujours bien servis. Ils consentent volontiers à payer par exemple un kilo de viande bovine à 13 dinars et plus alors que le prix de cette matière est fixé officiellement à 12 dinars seulement ! Comme autre exemple, les sachets en plastique noirs dont l'usage est interdit à cause de leur nocivité à l'écologie continuent d'être utilisés par certains épiciers et marchands de légumes et de fruits ; et aussi paradoxal que cela puisse paraître, certains clients demandent volontiers que leurs emplettes soient emballées dans ces mêmes sachets. " C'est plus discret ! " nous a lancé un client qui portait ses achats dans un sachet en plastique noir. En agissant de la sorte, ces clients encouragent la tricherie et toutes sortes de déviations sans le savoir ; ils refusent même de composer le numéro vert mis à la disposition des consommateurs par le Ministère du Commerce et de l'Artisanat ou d'appeler le numéro du plus proche bureau de l'Organisation de la Défense du Consommateur. Demandez à ces clients les mobiles de leur attitude passive et de leur manque de coopération avec les agents de contrôle, ils vous diront qu'ils ne veulent pas causer des problèmes à quiconque et qu'ils préfèrent rester en bons termes avec ces commerçants ! C'est donc toute une mentalité qu'il faut combattre que ce soit chez les commerçants ou chez leurs clients !