La galerie le Violon bleu propose, juste à l'admiration, de fort belles céramiques d'artistes parmi les meilleurs de la place. On connaît la passion de cette galerie et de son animatrice, Essia Hamdi, pour la céramique sous toutes ses formes. Aussi, n'était-il pas étonnant de la voir consacrer une exposition à ce support artistique dans tous ses états. La céramique encore et toujours et, pour commencer, un clin d'œil didactique : une présentation d'une collection muséale — non proposée à la vente — d'un ensemble de céramiques islamiques de très belle qualité. A tout seigneur, tout honneur, on présente quelques pièces du maître en la matière, Khaled Ben Slimane, dont un magnifique plat bleu Klein, une colonne et une étonnante tablette. Hommage à Abderrazak Sahli, dont le travail de la céramique est peut-être moins connu que son œuvre peinte, avec un cercle, «Autour de la terre», dont les découpes et les jours constituent une véritable performance. Meryem Bouderbala et son travail sur les zaouias étaientt de circonstance, rappelant qu'elle fut précurseur en la matière. Valéria Nascimento vient de loin : elle présente ses compositions aériennes de céramiques traitées à la manière des origamis, avec la même délicatesse et la même légèreté. Puis on avait fait place aux jeunes qui traitent la céramique comme simple support, sans ce respect sacré de leurs aînés et lui donnent donc une vie et un impact nouveaux. Malek Gnaoui et son obsession du « mouton noir » qu'il interprète, cette fois-ci, comme une plaquette de microscope, et que nous ne saurions mieux vous expliquer, son argumentaire étant particulièrement complexe. Sawssen Ben Hadj Hassine qui prépare les vestiges que découvriront les générations futures : une cuillère ou une kalachnikov dans un bloc de béton... Ymène Chetouane et ses poupées emmaillotées qui racontent on ne sait quelle histoire d'enfance perdue. Omar Bey, dont le travail sur béton explose de force et de puissance, est à suivre. Le Marocain Younès Rahmoune, soufi sans le savoir, qui travaille sur le cercle, l'enfermement et le mouvement... Et puis, pour boucler la boucle de cette promenade au pays de la céramique, le travail de Khédija Hamdi à partir des carreaux de la grande mosquée de Kairouan, 139 carreaux datant du 9e siècle, provenant de Mésopotamie, et utilisant la l'ingénieuse technique abasside du lustre métallique.