Malgré des événements tragiques vécus récemment par toute une population exsangue et dont les nerfs sont à fleur de peau, malgré ce corbeau terroriste qui nous veut du mal et qui déclenche problème après problème, les Kairouanais semblent reprendre, chaque jour, le dessus, en affichant des attitudes optimistes et en se préparant, comme d'habitude, aux fêtes familiales de l'Aïd El Fitr. C'est ainsi que dans les souks, à la cité commerciale et dans les différentes galeries de prêt-à-porter qui restent illuminées jusqu'au petit matin, l'œil ne voit plus ce qu'il regarde car l'esprit devine ce que les choses racontent en se dégageant de leur opacité historique. Il va sans dire que l'on guette l'arrivée des nouvelles collections d'habits de l'Aïd et on aime bien faire le tour de toutes les boutiques pour comparer les prix et connaître les nouvelles tendances, sachant que des rabais importants ont été enregistrés un peu partout en ville. Et la gent féminine ne lésine pas sur les dépenses, surtout en ce qui concerne les produits de maquillage, la coiffure à la mode, les jouets pour enfants, sans oublier les tenues vestimentaires modernes ou celles portées par les femmes voilées. Nul ne peut rester insensible à cette ambiance conviviale D'autre part, la Nuit du Destin,on rend visite à la fiancée du fils pour lui offrir le moussem composé généralement d'un bijou en or et d'un service de table en cristal... En fait, nul ne peut rester insensible à cette ambiance conviviale de la ville avec ses échoppes et ses pâtisseries qui ne désemplissent pas et dont les odeurs sont irrésistibles. D'un autre côté, beaucoup de femmes s'activent à préparer à domicile les gâteaux traditionnels de l'Aïd, afin d'en faire goûter les proches et les amis: baklawa aux pistaches, ghraïba, samsa à la pâte d'amande, boules aux noisettes, cornes de gazelle, bechkoutou aux noix, maqroudh aux amandes ou aux dattes parsemés de grains de sésame... En un mot, des pâtisseries qui empruntent à la poésie un fragment de leur magnétisme. Cependant, quelques jeunes mères de famille jettent leur dévolu sur la mère ou la belle-mère qui accepte de les assister à accomplir cette tâche qui est un art. Enfin, certaines femmes débordées par leur boulot, s'approvisionnent en gâteaux auprès des pâtisseries les plus réputées, mais dont les prix augmentent d'année en année. Quant aux prévoyants, qui craignent une pénurie de pain les jours de l'Aïd, ils préparent à l'avance leur pain chez eux car les Kairouanais conservent jusqu'à nos jours de grandes traditions dans le processus de fabrication de pain. Notons que durant la dernière semaine du mois saint, on a multiplié les prières et les introspections et dont le point culminant a coïncidé avec la célébration de la Nuit du Destin à la Grande Mosquée lors de la cérémonie religieuse qu'a organisée le ministère des Affaires religieuses. Et Kairouan retrouvera bientôt ses nuits. Calmes et silencieuses et dépourvues de toute animation culturelle avec des rues fréquentées, le soir, par des gens désœuvrés et solitaires.