Mahmoud Baroudi va jusqu'à imaginer un « vote en une journée sur la Constitution, sans discussion et sur la base de négociations qui auront été faites en dehors de l'hémicycle » Même si les négociations entre les légitimistes et l'opposition semblent être au point mort pour le moment, on peut d'ores et déjà entrevoir un certain fléchissement dans certaines positions, comme celle exprimée par les députés contestataires, Fadhel Moussa et Mahmoud Baroudi, qui confient au journal ‘‘La Presse'' qu'«aucune demande expresse n'a été formulée pour la dissolution immédiate de l'ANC », mais que les députés « exigent une clarification des modalités de dissolution de celle-ci, ainsi que de la mise en place d'un calendrier n'excédant pas deux mois pour la ratification de la Constitution». Mahmoud Baroudi va jusqu'à imaginer un « vote en une journée sur la Constitution, sans discussion et sur la base de négociations qui auront été faites en dehors de l'hémicycle ». «Il faudra réviser la loi sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics et de tous les mécanismes de l'ANC, de sorte qu'ils permettent la finalisation de la Constitution par un groupe d'experts», explique Fadhel Moussa. Toutefois, chacun des deux députés réitère leur exigence de dissoudre le gouvernement actuel et la formation d'un gouvernement de compétences qui s'engagent à ne pas se présenter aux prochaines échéances électorales. « Il n'est pas du tout envisageable de continuer jusqu'aux élections avec des ministres et un chef du gouvernement qui font campagne en même temps que l'exercice de leurs fonctions», nous dit Fadhel Moussa. Réunis hier d'urgence pour examiner le dernier communiqué du Front de salut qui avait annoncé le démarrage de la campagne «Dégage» pour «destituer les délégués, les gouverneurs, les hauts responsables des institutions publiques et de l'administration centrale qui ont été installés sur la base de leurs appartenances politiques», les députés retirés de l'Assemblée nationale constituante ont décidé de se rallier à ce que le constituant Fadhel Moussa a appelé « de nouvelles mesures compréhensibles devant le refus de la Troïka de répondre favorablement à la volonté populaire ». « Nous annonçons notre inscription aux nouvelles décisions politiques et militantes prises par le Front de salut et exhortons les parties prenantes à ne pas faire dévier l'initiative «Dégage» de ses buts politiques, civiques et surtout pacifiques, tout en préservant le fonctionnement ordinaire des établissements publics ». Fadhel Moussa, qui assure au journal ‘‘La Presse'' son refus du «démantèlement de l'Etat», appelle à ce que les organisateurs de la campagne « contiennent les manifestants » pour qu'il n'y ait pas de dérive. Selon lui, les manifestations et sit-in devraient se contenter de lever des slogans en faveur du limogeage des « responsables nommés sur des bases partisanes ». S'agissant du communiqué du CPR qui avait appelé à l'application rigoureuse de l'état d'urgence, Fadhel Moussa endosse la casquette de juriste et explique que « même dans la loi sur l'état d'urgence, il est impératif de préserver un certain nombre de libertés tant qu'elles ne touchent pas à la sécurité nationale » et que par conséquent «il n'y a pas lieu aujourd'hui de parler d'application rigoureuse de l'état d'urgence puisque les sit-in, notamment celui du Bardo, restent pacifiques». Bien qu'il espère que le scénario égyptien ne se produise pas en Tunisie, Fadhel Moussa estime que la balle est dans le camp du gouvernement qui n'a pas intérêt à « laisser les choses arriver à un point de non-retour ». Un point qui ne sera plus gérable ni par la majorité ni par l'opposition.