Le séisme politique engendré par l'assassinat de Mohamed Brahmi, faisant suite 6 mois après à celui de Chokri Belaïd et le lynchage de Lotfi Naguedh provoquant sa mort, plonge dans le désarroi et le tumulte la classe politique, au pouvoir et dans l'opposition. Le pays est plongé dans une crise profonde. Plusieurs initiatives ont été prises pour débloquer cette crise. Deux grandes positions se dégagent. D'un côté les partisans d'Ennahdha et ses partis satellitaires s'accrochent à « la légitimité électorale », espérant faire de l'assassinat de Mohamed Brahmi, un méchant et malheureux fait divers sans conséquences politiques graves minimisant ainsi ses séquelles. De l'autre côté un large front des forces démocratiques et civiles appelle résolument à la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et des instances qui en dérivent, Gouvernement et présidence. Ce courant a appelé le peuple tunisien à la désobéissance civile sans pour autant toucher les services sanitaires et la circulation et a imputé au mouvement Ennahdha l'entière responsabilité de toute provocation de milices envers les manifestants. Ce Front de salut national sera chargé de créer la haute instance nationale de salut national qui sera composée de représentants de partis politiques et de composantes de la société civile. Cette instance se chargera, à l'aide d'experts en droit constitutionnel, d'achever la constitution qui sera ensuite soumise à un référendum. Il appelle à la création d'un gouvernement de salut national bénévole et restreint dont les membres ne se présenteront pas aux prochaines élections. Ce gouvernement sera conduit par une personnalité nationale et consensuelle pour prendre des mesures économiques, sociales, politiques et sécuritaires urgentes et préparer les prochaines élections. Ce courant appelle les forces de sécurité et l'armée nationale à respecter la volonté du peuple et à protéger son militantisme pacifique ainsi que les propriétés privées et publiques. Il appelle également les médias à soutenir ces mouvements populaires qui visent à remettre la révolution sur les rails. Jusqu'à hier près de 70 élus de l'ANC ont annoncé leur retrait ce qui ne veut pas dire leur démission de la Constituante. Depuis 4 nuits successives les sit-in n'en finissent pas sur la Place du Bardo pour exiger la dissolution de l'ANC. Des membres de la Constituante, Mongi Rahoui et Noômane Fehri ont été violentés. Ce dernier a même été hospitalisé. Des coordinations de salut national sont en train de se constituer dans les régions, la première à Sidi Bouzid. Ces coordinations ambitionnent de se substituer aux instances officielles régionales. Pour certains observateurs, l'appel à la dissolution immédiate de l'ANC et la mise en place de structures régionales qui supplanteraient les instances officielles peut conduire le pays à l'anarchie. Certaines voix défendent une troisième voie. L'Alliance Démocratique, dirigée par Mohamed Hamdi, fait partie de ces forces. Elle s'associe au mécontentement populaire appelant à la destitution du Gouvernement. Les membres de l'ANC représentant l'Alliance Démocratique propose une initiative aux sages et à tous les partis politiques et organisations nationales et tous ceux qui sont jaloux de la sécurité des Tunisiens et soucieux de sauver le sang des Tunisiens. L'Alliance appelle à la destitution du Gouvernement et à la formation d'un Gouvernement de salut national, composé de personnalités indépendantes gagnant le soutien de toutes les parties politiques nationales agissantes. Ce gouvernement devra conduire le pays jusqu'aux prochaines élections avant la fin de l'année. Ce gouvernement devra être soutenu par une Instance de consensus composée des premiers responsables des partis politiques et des organisations nationales. Mehdi Ben Gharbia, dirigeant à l'Alliance Démocratique, déclare au Temps que la dissolution immédiate de l'ANC, complique les choses sans résoudre les problèmes. Mahmoud Baroudi, du même parti affirme que tous les Démocrates sont d'accord pour que l'ANC soit dissoute. Certains veulent que ça soit immédiatement. Alors que pour d'autres dès qu'elle aura achevé sa mission dans de courts délais après l'adoption de la Constitution, du code électoral et la mise en place de l'ISIE. L'Alliance Démocratique veut un délai du 23 octobre prochain. Par ailleurs, les Ligues de protection de la Révolution, ainsi que toutes les milices doivent être dissoutes. Tous ceux qui exercent la violence ou commettent des actes terroristes doivent être sanctionnés. « Aucune légitimité n'est plus élevée que celle du consensus ». Par ailleurs, l'Alliance démocratique tout en dénonçant toutes les nominations faites sur la base de l'allégeance politique, est contre la destitution des Gouverneurs et des président de délégations spéciales par des mouvements de masse. Ils devront être remplacés par une décision politique.