De notre envoyée spéciale à Marseille : Souad BEN SLIMANE «Laaroussa», une nouvelle création vidéo-chorégraphique de Selma et Sofiane Ouissi, dédiée aux potières de Sejnane. Parallèlement à l'expo «Laaroussa» qui a eu lieu le 17 et le 18 de ce mois à «Argilla», le plus grand marché potier de France, Sofiane et Selma Ouissi ont présenté dans la même ville d'Aubagne et toujours dans le cadre de MP13 (Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture), une pièce vidéo-chorégraphique, qui porte le même titre et qui rend hommage au savoir-faire ancestral des femmes de Sejnane. Après plusieurs résidences dans la planète des potières, les frangins, initiateurs de «Laaroussa», ce projet de fabrique d'espaces populaires de création artistique, ont fini par se mettre dans la peau de ces femmes, qui vivent de terre, et d'argile. Ils ont synchronisé avec ces corps qui ont inventé leurs propres gestes. Ces gestes que les danseurs chorégraphes ont répertoriés et écrits pour aboutir à une véritable composition musicale. Notes et contre-notes. Violon et Alto. Les mains, les bras et les doigts reproduisent en séquences précises et harmonieuses, la danse créatrice de poupées d'argile. La pièce dure 52 minutes, même format qu'un documentaire. Car le spectacle est un aller-retour entre le film et l'espace scénique. Sur l'écran, il y a les femmes au quotidien et dans les ateliers. On les voit et on les entend marcher, recueillir l'eau et l'argile, broyer la brique, mélanger et modeler... Le film est écrit et réalisé par Selma et Sofiane, comme au cinéma. Et, il n'a rien à envier à un doc de création. Loin d'être un simple reportage, il se réfère à la réalité de ces femmes, en la transformant par un regard d'auteur, une réflexion approfondie sur le corps comme partition, la gestuelle, le mouvement, l'énergie et le temps. «Laaroussa» a beaucoup ému. Ni la lenteur, ni la longueur de certains moments n'ont gêné les spectateurs très attentifs et vite pris par la musique des gestes. Après les deux représentations qui ont affiché complet, à l'espace des libertés, le meilleur des feed-backs était celui de Jannet et Néziha, les femmes de Sejnane qui ont fait le voyage pour représenter le collectif des potières. «Nous nous sommes reconnues dans ce spectacle», ont-elles déclaré. Et d'ajouter : «En même temps que Selma et Sofiane, nous avons dansé...».