Au rouge sur le plan financier, la compétition qui s'annonce ne l'est sans doute pas sur le plan sportif Un championnat commence. Nous ne savons pas quand il commencera et, encore moins, quand il s'achèvera. C'est que notre football n'a plus son destin en main depuis un certain 14 janvier 2011. Cela a d'abord commencé par quelques énergumènes qui ont confondu révolution et anarchie et qui ont décidé de faire des stades un terrain de violence et de débordements. D'où le huis clos qui s'impose. Rien n'a été fait ! Depuis, les choses se sont tassées, mais le football n'a plus jamais repris son cours, au point qu'il est aujourd'hui très sérieusement en danger. Danger de faillite d'abord avec des clubs qui n'en peuvent plus sur le plan financier avec un déficit qui s'alourdit de jour en jour. Danger d'oubli et d'indifférence ensuite, puisque les décideurs (et principalement le ministère de l'Intérieur, sans doute sur intervention directe du Premier ministère) ne semblent guère se soucier du sujet et, pis encore, sont dans l'ignorance la plus totale de la question. Un saut dans l'inconnu enfin car, au bout de deux saisons blanches, personne ne peut prédire ce qui va se passer en cas de «retour à la normale». D'autant qu'on n'a pas profité de cet interminable huis clos forcé pour mettre les choses en ordre. Ni la fédération et encore moins les clubs qui pouvaient et devaient se réserver une issue de sortie qui trancherait avec un passé cahotique, un présent incertain et un avenir en pointillé. Le grabuge, les débordements, les flammes, ce n'est pas nouveau, mais rien n'a vraiment été fait pour les empêcher. Certains les ont même encouragés. Mais il ne s'agit nullement de fatalité. Filtrer les entrées au stade et y mettre de l'ordre, c'est un boulot qui aurait dû être fait depuis un bon bout de temps. Et qui n'a pas été fait. Résultat : un énième huis clos et une bouteille à l'eau pour la suite... La base s'élargit Venons-en au côté sportif, Club Sfaxien, Espérance, Etoile, et CAB, Club Africain et Avenir Sportif de La Marsa partent avec des assurances, alors que tous les autres devraient connaître de grosses difficultés. Le CSS a pris de l'avance parce qu'il a su former un groupe homogène, jeune et talentueux. Il s'est ultérieurement renforcé mais, à notre humble avis, pas assez pour maintenir sa suprématie et se battre sur tous les fronts. L'Espérance, après une pause stratégique, le départ d'un entraîneur et l'arrivée d'un autre, s'est vite rendue compte qu'un retour à la politique des jeunes, c'est bien, mais qu'il faut redescendre sur le marché. Ce qu'elle a fait et on peut dire, sans risque de nous tromper, qu'elle dispose à la veille du coup d'envoi de la saison du meilleur effectif sur le double plan du nombre et de la qualité. Un mélange de jeunes et de moins jeunes renforcés par le retour de N'Djeng et par quelques autres joueurs étrangers de choix. Lui reste à retrouver un jeu, une identité et des automatismes. C'est sur ces plans bien précis que Maher Kanzari est attendu. L'Etoile va mieux. L'Etoile va bien. Pas sur le plan financier et même administratif où la situation demeure floue et difficile à la fois, mais les Etoilés ont réussi à redresser la tête et la situation sur le plan sportif avec l'arrivée massive des jeunes, recrutement d'un avant-centre, l'Algérien Bounedjah, et surtout la résurrection de Balbouli. Par ailleurs, la stabilité au niveau du cadre technique a apporté le plus à une équipe qui en avait drôlement besoin. Club Africain : à découvrir Le quatrième larron, c'est le Club Africain. Une chose est sûre: le club de Bab Jédid ne peut pas faire pire que la saison dernière, avec un président qui a mis le paquet à tort et à travers. Mal conseillé, Slim Riahi a mis de l'ordre autour de lui et du club et s'est montré sage et prudent à la fois. Des vedettes comme Jmal, Dhaouadi et Haddad ont perdu leur statut et leurs privilèges. Place à la concurrence. Koster, lui, sera très attendu car l'ambiance clubiste ne peut plus supporter une autre saison sans. Revenu dans la cour des grands, le CAB compte s'y maintenir et le fait plutôt bien comme en témoigne sa dernière victoire face au TPMazembe. L'équipe ne s'est pas beaucoup renforcée pour cause de trou financier, mais la stabilité technique, la continuité et le retour de flamme des supporters et de toute l'ambiance cabiste indiquent que le CAB ne sera pas loin des honneurs. L'ASM, enfin, s'est ultérieurement renforcé et promet d'être encore plus compétitif, et ce, en dépit du désir de départ de Maher, et la crise financière, un véritable modèle de travail technique solide et de bonne gestion. Pour tous les autres, véritable bouteille à l'eau avec des clubs qui seront plus en difficulté que d'autres et une lutte pour éviter la relégation (4 clubs) qui s'annonce féroce et polémique à la fois. A huis clos ou pas, la saison ne s'annonce pas triste !