«Si Dieu veut le mal pour un peuple, il lui octroie la controverse et le prive de l'action» Omar Ibn El Khattab L'un des résultats les plus évidents de la révolution est l'apparition d'une génération spontanée de «commentateurs», de donneurs de leçons, «d'analystes», de patriotes et j'en passe, tous armés de la liberté sans limites de paroles. En fait, cela ne devrait gêner personne, ce qui dérange, c'est qu'une bonne partie d'entre eux pense détenir la vérité, alors qu'en réalité, leurs raisonnements, si ma foi, ils existent, sonnent aussi creux que des pots vides. I. Quand il n'y avait qu'un Islam Quand l'Islam apparut dans la Péninsule Arabique au 7e siècle après J.C., celle-ci était peuplée de tribus de bergers nomades et de commerçants. Ce peuple n'était ni esclave, ni conquérant. En 3 décennies à peine, il devint une nation dont la vie sociale, économique, administrative fut totalement transformée. Le Livre Sacré, le Coran, était pratiquement le seul miracle accordé par Dieu à son Prophète Mohamed SWS. En effet ses versets sous forme de prose poétique restent à ce jour inimitables par l'être humain. L'application du Coran fut facilitée et complétée par les «Hadiths» du Prophète SWS. Cette nouvelle religion avait, entre autres, trois caractères importants: - Il n'y a pas d'intermédiaire entre Dieu et ses créatures. - Chaque croyant ne pourrait répondre que de ses propres actes. - La tolérance et la recherche du savoir. Les hommes de lettres de la jeune nation s'attachèrent à traduire en arabe les acquis des civilisations qui l'ont précédée, notamment la civilisation grecque mais aussi chinoise et hindoue. En moins d'un siècle, l'arabe était devenu la langue mondiale du savoir, tous les domaines y étaient étudiés, développés, des mathématiques à la médecine en passant par la chimie, la physique, l'astrologie, la philosophie... Quand les universités pullulaient à Bagdad, Charlemagne essayait de créer les premières écoles primaires! La civilisation arabo-musulmane était née. Elle allait dominer le monde pendant plus de 8 siècles. Son empire dépassait de loin l'Empire romain. Elle était la première dans l'histoire de l'humanité à faire cohabiter pacifiquement synagogues, églises, mosquées. C'est elle qui permit à l'Europe d'entamer sa renaissance au 15e s à travers les lieux de passage qu'étaient l'Espagne et Venise. Les turbulences de l'Islam «L'Ijtihad» ou effort de compréhension et d'interprétation était permis dans la religion. C'est lui qui permit l'apparition de branches malékites, hanafites etc... L'Islam demeure uni. C'est après la mort du second Khalife, Omar Ibn El Khattab, que les choses prirent une autre tournure qui allait finir par le diviser en sunnites et chiites surtout, mais cela n'affectera en rien la civilisation arabo-musulmane qui continuait à s'épanouir. Quand l'Islam perd sa langue Au XVe siècle, l'Espagne, grâce à la science arabe, était le pays le plus puissant d'Europe. Les Arabes la quittèrent définitivement en 1492, après la perte de Grenade. Eux et leurs cousins juifs avaient le choix entre la conversion, la mort ou l'exil. Ils furent accueillis au Maghreb et dans le monde arabe. Comme si un malheur ne suffisait pas, la civilisation arabo-musulmane allait être affaiblie de l'intérieur. En effet, l'Islam, qui avait atteint les tribus turkmènes au 10e s, allait perdre sa langue, l'arabe, et commencer la descente aux enfers. Au 16e s, ces tribus turkmènes étaient au Nord-Est des frontières du monde musulman. Elles islamisèrent, certes, une bonne partie de l'Europe orientale et surtout la région du Caucase. Les Ottomans sont leurs descendants. C'est Soliman 1er, (Soliman Le Magnifique), qui a envahi en 1512 l'Egypte et le pays d'El Cham et transféra en 1517 le khalifat de Baghdad à Istambul. Oubliant le 1er principe de l'Islam: l'égalité entre les croyants qui sont tous frères, les Ottomans abandonnèrent l'arabe et se comportèrent en véritables occupants. L'Occident, lui, n'a pas oublié l'opposition Orient-Occident, qui s'est transformée après les croisades en opposition Christianisme-Islam. Le reste, nous le savons, après la 1ère Guerre mondiale et la défaite des Ottomans, le monde arabe fut dépecé par l'Occident qui le démembra et l'occupa, quand on parle d'Occident, il s'agit surtout de l'Angleterre et de la France, lourdement défaites lors de la fin des Croisades. Les Croisades, ce mot qui veut dire en réalité «agression» a été transformé pour prendre le sens d'«action contre le mal». On parle de croisade contre le sida, contre la faim etc... C'est typique de cet Occident dominateur qui ne cherchait que sa revanche. Cela commença par la déclaration de Balfour qui parlait d'un foyer pour les juifs pour aboutir à la création de l'entité sioniste en plein cœur du monde musulman. Le Mufti d'Al Qods l'avait deviné et avait essayé par tous les moyens de s'en protéger, allant même jusqu'à rencontrer Hitler. L'Islam, le bouclier et le glaive La création d'Israël qui, dans l'esprit de l'Occident, allait permettre de réaliser deux objectifs d'un seul coup: se débarrasser définitivement de ses Juifs dont ils avaient organisé à maintes reprises des pogroms et surtout de prendre sa revanche concernant la défaite des croisades, en occupant la Palestine par personnes interposées. Le peuple juif est notre cousin, il a vécu son âge d'or quand la civilisation arabo-musulmane dominait le monde (Jacques Attali dans son livre «Les Juifs, le monde et l'argent»). Son occupation de la Palestine va permettre de montrer que si l'Islam est une religion de tolérance, il n'est pas non plus une religion de soumission; au bouclier qu'il constitue pour les peuples opprimés, il va sortir son glaive pour se défendre. C'est alors que l'Occident inventa le qualificatif «d'islamisme» qu'il finit par coupler au mot «terrorisme», oubliant les humiliations et les souffrances qu'il inflige. Qu'on le veuille ou non, Israël est un mal nécessaire pour le monde musulman, il a provoqué son réveil. Une seule condition de réussite, cependant, son unité. En se référant aux versets 68 et 69 de Sourate «El Hajj» : (22.68. S'ils s'obstinent dans leur polémique, dis-leur : «Dieu sait parfaitement ce que vous faites. 22.69. Il tranchera, au Jour du Jugement dernier, vos différends.».) Nous sommes tous musulmans et frères que l'on soit sunnites, chiites ou autres. Les Chrétiens l'ont fait avant nous après des décennies de guerre de religion ; protestants, catholiques ou orthodoxes, ils sont tous chrétiens. Cela leur a permis de réussir leur renaissance et d'imposer progressivement leur civilisation qui a supplanté la nôtre. Les temps changent, certes la civilisation occidentale a beaucoup de bons aspects mais elle entre dans une phase de dégénérescence, ceci est incontestable. Voir nos sociétés postrévolutionnaires en Tunisie, en Egypte et ailleurs parler de laïcs, de libéraux etc... est une aberration. Entendre des groupes dénigrant la charia et en faire un élément rétrograde en utilisant les arguments des occidentaux est une honte. L'Archevêque de Canterbury, le chef de l'Eglise anglicane à Londres, a proposé de s'inspirer de certaines de ses Lois, il y a quelques années. II. Notre situation Je suis un Tunisien entièrement formé en Occident mais je suis aussi arabo-musulman et fier de l'être, pour moi la démocratie, la tolérance, la laïcité c'est l'Islam qui en était et demeure le précurseur. Je suis à terre, oui, mais nous nous relèverons si nous savons nous unir, sunnites, chiites, etc..., conformément aux principes du Coran et non selon les interprétations de certains enturbannés au double zéro qui ont oublié une seule chose : Allah a dit : ce sont les Hommes de sciences qui le craignent car ils connaissent sa puissance; quand aux admirateurs inconditionnels de l'Occident, je leur dirais, quand on ignore ses racines on n'a pas d'existence. On n'a ni présent ni avenir. Quand on méprise son passé, quand on abandonne ses bonnes traditions, sa culture, ses origines pour imiter, on se transforme en un «cliché négatif» qui ne sera jamais conforme à l'original. La Tunisie, petite par sa taille, est grande par son histoire. Carthage a été la 2e puissance méditerranéenne, islamisée, elle a été la première à avoir une constitution, à abolir l'esclavage et maintenant la première à déclencher le « Printemps Arabe «. Destinée à réveiller cette grande nation, nous sommes dans l'obligation de réussir cette mission et nous pouvons le faire. Comment? - Abandonner les palabres - Être réalistes A/. Abandonner les palabres : Outre les médias et les différentes plateaux de discussions et d'analyses, leur siège principal se trouve surtout à l'ANC, cause essentielle de tout ce qui nous arrive, l'immaturité politique de la majorité de ses membres, la diversité de ses responsabilités : parlement, assemblée constituante, centre du pouvoir actuel, non-respect de la loi qu'elle est sensée représenter (non-respect des présences, octroi d'indemnités outrageantes entre autres) et maintenant la mise en congé payé par décision de son président. B/. Être réaliste : Une révolution, c'est une secousse avec des répliques, il s'agit de s'adapter, de réfléchir et d'unir nos efforts pour la dépasser. Pour cela, il faut mettre la philosophie, les comportements partisans de côté et s'opposer aux opportunistes et aux «retourneurs de vestes», ainsi qu'à ceux qui ignorent l'histoire et les dessous de la politique régionale et internationale, et réagissent spontanément sans réfléchir aux conséquences de leurs actes, et ils sont innombrables. Deux exemples simples: 1. Le proverbe dit «Avant de fermer une porte derrière soi, il faut s'assurer une porte de sortie». Demander la démission du gouvernement et après? Créer le vide, le chaos? Et le gouvernement qui le remplacera sera choisi par qui? Et de quel droit? Oui, ce gouvernement est pléthorique, inefficace dans plusieurs domaines, nocif même dans d'autres. Préparons donc le remplaçant. Quand à l'ANC, c'est vrai, elle a prouvé qu'elle était inutile, qu'elle coûte cher, en plus elle est irresponsable et est, à mon humble avis, l'obstacle principal à toute évolution, sur ces mêmes colonnes et dans un article intitulé « L'heure de vérité « publié début octobre 2012, j'avais proposé, soit sa dissolution et son remplacement par 25 professeurs de droit constitutionnel ayant pour rôle la préparation de la constitution et de la loi électorale en 2 mois, soit la proroger de 6 mois (jusqu'à mars 2013) et limiter ses actions à la préparation de ces 2 éléments. Mais qui écoute le citoyen? Il est toujours «assisté», incapable de diriger. La prétention des gouvernants est toujours la même. Comme maintenant, le 6 novembre 87, le pays était au bord du gouffre, qu'ont fait certains des ténors d'aujourd'hui? Rien. Ils se disent maintenant de fervents patriotes, ironie du sort, l'histoire peut se répéter, aura-t-on besoin d'un «black horse»? Nous sommes manipulés et les ténors le savent. Le bipolarisme, créé au sein du «Printemps Arabe» entre islamistes et laïcs, a un seul but, supprimer le mot «Islam» et préparer un retour presque complet au point de départ, ou bien la banqueroute. La Tunisie a ses enfants; non intéressés par la politique politicienne mais ont à coeur le sort de leur pays, ils ne resteront pas les bras croisés. 2. Déclencher une grève générale, a-t-on idée de ce coût à la nation? De son impact sur la société? Arrêtons les palabres et que chacun s'occupe de son rôle sans se prendre pour un guide de la nation, sinon un jour ils auront à rendre des comptes, en espérant que ce jour vienne avant que ne coule notre pays.