Le gouvernement actuel a usé abondamment de la politique budgétaire. La politique monétaire a sans doute atteint ses limites et les marges de manœuvre sont réellement réduites Le sentiment largement partagé est que si le gouvernement mettait fin trop tôt aux plans de relance, il y aurait un risque de rechute dans la récession et la dépression. Mais d'un autre côté, un maintien trop prolongé de ces plans de relance ne peut qu'aggraver les déficits budgétaires et augmenter le risque d'un défaut de paiement. C'est autour de ce dilemme que doit se concentrer encore le débat économique dans notre pays. A vrai dire, le gouvernement actuel a usé abondamment de la politique budgétaire. La politique monétaire a sans doute atteint ses limites et les marges de manœuvre sont réellement réduites. Le gouvernement en place a expliqué avoir mené une politique dite «keynésienne». Cela est toujours pratique de faire référence à cet illustre économiste. Le problème est que Keynes, père des stabilisateurs automatiques, serait sans doute excédé par cette terminologie s'il était encore parmi nous. En se référant à la théorie générale de Keynes (laisser filer les déficits publics en cas de récession), le gouvernement actuel a mis en avant un programme de relance budgétaire comme seule réponse efficace à la crise économique. Mais Keynes envisageait aussi le retour aux excédents budgétaires après la crise. De ce point de vue, ce gouvernement est donc loin d'être keynésien. Il engage sa responsabilité budgétaire à long terme et présente des budgets déficitaires. Rien d'étonnant alors à ce que le déficit budgétaire finit par atteindre des sommets. Un haut responsable de ce gouvernement justifie, à tort, que le gouvernement en place pratique une politique de « go and stop ». Rien de tout ça, car le déficit budgétaire atteindrait les 9% cette année et risque de devenir incontrôlable à terme. Considéré comme le mal absolu, le déficit budgétaire rappelle donc à l'ordre nos responsables. Ainsi, les périodes de fin d'année ne sont pas uniquement consacrées aux fêtes mais aussi au « marathon » budgétaire et chaque pays doit préparer son projet de budget pour l'année à venir. Mais voilà, en ces temps difficiles, ce traditionnel «marathon» budgétaire est placé sous le signe de l'austérité budgétaire. Un plan de rigueur est imposé par nécessité et non pas par choix pour mettre un terme à la dégradation de l'état des finances publiques et cela malgré la faiblesse et le caractère lent, incertain et chaotique de la reprise économique. Déficit budgétaire en % du PIB Le problème c'est que dans une conjoncture exceptionnelle, une consolidation budgétaire basée sur l'austérité pourrait échouer compte tenu de la faible croissance. Il est largement admis qu'il est plus facile d'assainir le budget à long terme dans le cadre d'une croissance élevée. Cela dit, le basculement d'une politique de relance à une politique de consolidation budgétaire risque de contrarier les mesures de relance prises initialement. En conséquence, les effets indésirables de l'indispensable remède risquent de nous renvoyer à nouveau à l'hôpital. Quoi qu'il en soit, l'accumulation de déficits fiscaux et donc de la dette générera tôt ou tard des tensions fiscales et inflationnistes, ce qui est de nature à peser sur une reprise économique toujours fragile. On s'accorde généralement que si le gouvernement décide de retirer trop tôt les mesures de relance en augmentant les impôts, en réduisant les dépenses, l'économie pourrait bien retomber dans la récession. En définitive, la tâche des gouvernements actuel et aussi le prochain s'annonce pour le moins délicate. La croissance ne revient toujours pas et il y a un consensus pour l'estimer relativement faible et surtout fragile. Les risques d'une rechute sont toujours présents et il est probable que la crise économique se transforme en crise sociale incontrôlable!