On pensait réparer une injustice au moment où on en commettait d'autres. Nous ne sommes pas à une contestation près. Il y a et il y aura toujours des gens pour profiter des situations, d'un échec ou même d'une réussite. On n'entend presque jamais quelqu'un prédire et attirer l'attention sur quelque chose. Mais après que cela a lieu, c'est plus facile. Par leurs déclarations, gestes ou attitudes, ils participent au développement d'un certain malaise. Dans ce genre de réaction, il y a le jeu indéfini des renvois des accusations qu'on ne sait pas arrêter. Ici et là, il n'est pas facile de dégager une logique de fonctionnement cohérente et pertinente. Pas évident non plus de trouver le cheminement d'un raisonnement souvent tortueux, laissant la place à toutes les interprétations possibles. Dans ce genre de débats, on est toujours dans l'excès. On peut décerner la médaille d'or avant de gagner et la lanterne rouge avant de perdre. Que nous y soyons préparés ou pas, le football nous surprend une nouvelle fois avec son incroyable faculté à se prêter à des délires collectifs et à une instrumentalisation éhontée, entraînant la quasi totalité des acteurs dans un dépassement qui repousse ses propres limites. Un dépassement institutionnel qui récompense ceux qui ont le pouvoir et la parole. Certains responsables, dont le statut et les prérogatives imposent la modération et la neutralité, pensaient réparer une injustice au moment où ils en commettaient d'autres. Bien sûr, tout le monde est coupable de ce qui se passe actuellement et la faute est partagée. Fédérations, joueurs, staff technique, mais aussi ministère et clubs. Chacun a sa part de responsabilité. Les problèmes du football tunisien ne se limitent pas aux choix tactiques et techniques d'un match, ou même à l'élimination dans une épreuve aussi importante que la coupe du monde. Les défaillances ne datent pas d'aujourd'hui. Elles ont fini par progresser, se développer et prendre forme. Mais après tout, cela ne peut être qu'un mouvement du balancier de l'histoire. Par peur d'être traité de conservateur, on a lâché les fondamentaux et commis l'énorme erreur de dire que l'impératif du résultat entraîne des obligations dans le jeu, dans la formation et dans le travail à long terme.. Masque et double langage En aucun cas, la pression ne peut constituer une excuse à certains comportements, à certaines dérives. C'est le règne de l'énigme qui drague les esprits, serre les cœurs et scelle les langues dans les bois. Le silence est roi et pourtant on entend de tout dans une étrange confusion. Les éducateurs de football, porteurs d'images, de valeurs pour tous les jeunes licenciés et pour toutes les composantes de la famille du football amateur et professionnel, ont des devoirs. Il faut qu'ils soient plus mesurés dans leurs réactions et se comportent en hommes responsables. Si on a toujours pris l'habitude de faire payer quelqu'un à la suite d'un échec ou d'une défaillance, cela n'a jamais fait avancer les choses. La vérité qu'on se raconte aujourd'hui sur le football tunisien et celle du terrain, ça fait deux. Les éclats, que ce soit dans les plateaux de télévision, ou tout autour de l'entourage de la sélection, ne donnent pas au football tunisien l'image ou la passion qu'il mérite. Tout le monde feint de s'étonner ou de s'indigner. Mais tout le monde semble vouloir et pouvoir faire son marché du moment que le débat entrait dans le champ public. Certains n'avaient-ils pas contribué, peut-être bien par maladresse, malveillance, mais aussi par mauvaise foi, à l'installation de ce climat de doute, de méfiance et de soupçon. Mal en point sportivement, minée par les querelles et les rancœurs, la sélection désespère ses plus fidèles supporters. Et l'avenir reste en question, en dépit d'une qualification inespérée au dernier tour qualificatif pour la coupe du monde... Car ça bombarde de plus en plus dur sur la maison. La démobilisation laisse quand même mal à l'aise. On ne se débarrassera pas facilement de l'accumulation de tant de défaillances...Et si on a toujours pris l'habitude de faire payer quelqu'un à la suite d'un échec ou d'une défaillance, cela n'a jamais fait avancer les choses. Plus que jamais, on a intérêt aujourd'hui à y voir de plus près, pour faire le point, mais aussi et surtout les comptes...