Par Hedi HEKIMA Citoyen à part entière, ayant plus de quarante années de loyaux services, mais néanmoins faisant corps avec cette majorité silencieuse qui ne le restera pas longtemps encore si certains continuent avec obstination et arrogance à pousser le pays au bord du gouffre. Car, au bout du compte c'est à cette majorité silencieuse, mais consciente, que reviendra le dernier mot décisif. Après trois années «noires» d'un «printemps arabe» qui a viré au cauchemar, la majorité silencieuse, a pu déceler les visées véritables et les desseins obscurs de ceux qui se réclament d'une «légitimité» évaporée qui n'existe que dans des cerveaux malades de pouvoir et de puissance. Au fait, cette majorité silencieuse qui s'était abstenue lors des élections d'octobre 2011, non pas faute d'esprit civique et patriotique, mais bien parce que le paysage politique issu de la révolution n'était ni clair ni rassurant, et n'offrait aucune assise de confiance dans un climat post-révolutionnaire des plus confus. Au vécu quotidien, au sombre tableau de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire, cette majorité silencieuse est appelée à jouer pleinement son rôle. Le citoyen peut distinguer «le bon grain de l'ivraie», il peut percer le secret des intentions malsaines des schémas diaboliques pour une mainmise sur le pouvoir aujourd'hui, mais plus encore demain. Nos concitoyens se sont trouvés face à une «machine infernale» qui s'apprête à diriger le pays vers un avenir plus sombre encore sous couvert de «réalisation des objectifs de la révolution», et «d'achèvement du processus démocratique». Tout a été mis en place pour que cette «machine» bien huilée, pensaient ils, puisse atteindre sa destination finale (le fameux quart d'heure) à savoir les prochaines élections, mais c'était sans compter avec l'intelligence du citoyen ! Fort heureusement la Tunisie, pays aux traditions millénaires, grand non par ses pétrodollars mais par l'intelligence et la «matière grise» de son peuple a permis au «grain de sable de la réelle démocratie» de bloquer la roue infernale, de bloquer «le train» pour le ramener aujourd'hui à son point de départ. Cette fois-ci, avant de démarrer il donnera leurs pleines chances à toutes les parties prenantes quant à l'avenir du pays, à tous ceux et celles qui prennent en compte les aspirations profondes du peuple, au bien-être, à la stabilité, à l'essor économique, au droit au travail et à la dignité et tout principalement à la sécurité . C'est cela qui donnera naissance à une nouvelle Tunisie, sur laquelle brillera un beau printemps. Cette nouvelle Tunisie, fière et réconciliée avec son passé le plus lointain, fière de ses hommes et femmes illustres qui ont façonné sa vraie personnalité. Cette Tunisie-là, nous en sommes convaincus, sera un rempart infranchissable au terrorisme qui n'a jamais eu droit de cité dans notre pays, mais que des «esprits malades» ont tenté d'en jeter les semences sur notre terre. La révolution a libéré l'intelligence, la perspicacité et une quête permanente de la vérité par nos médias et une excellente pépinière de journalistes qui n'ont rien à envier à leurs confères étrangers. Elle a également permis l'émergence de tous ces syndicats professionnels qui permettent à toutes les institutions de mettre leur pendule à l'heure en s'appuyant sur des hommes et des femmes accomplissant leur devoir dans la transparence, la justice et l'intérêt supérieur du pays . Rendons justice à la révolution pour avoir permis d'assoir ces «garde fous». Pour la pérennité de la Tunisie, nous devons asseoir demain : Un gouvernement investi de la confiance du peuple et uniquement à son service. Un pouvoir judiciaire indépendant et une magistrature impartiale et au dessus de toute forme de corruption. Une administration non partisane, compétente et indépendante de toutes ses tendances politiques. Des autorités régionales choisies par leur région pour servir leurs intérêts propres tant à l'échelle régionale que nationale. Un quatrième pouvoir structuré et fort capable de jouer pleinement son rôle régulateur au service du pays et du peuple avec une totale liberté d'expression. Accepter le principe sacré de l'alternance au pouvoir, donnant leur chance à tous sans exclusion et dans le respect du choix du peuple sans manipulation et subterfuges. Tels sont les ingrédients de la démocratie à laquelle s'attache la majorité silencieuse, une nouvelle démocratie et non ce « mot » galvaudé, avancé ici et là, pour justifier l'injustifiable. En conclusion, cette nouvelle Tunisie consacrera les idéaux et nobles objectifs de tous nos martyrs, ceux de la lutte pour l'indépendance, comme ceux de la lutte pour la liberté et la dignité, défenseurs des faibles et des opprimés. On peut à juste titre citer Chokri Belaïd, comme Haj Al Brahmi, sans oublier nos braves soldats au Châambi et tous ceux, connus ou anonymes, tombés en accomplissant leur devoir. Tous ont inscrit une page glorieuse dans le grand livre de l'histoire d'une Tunisie immuable et éternelle. En guise d'hommage à tous nos martyrs, ces quelques modestes lignes : Tunisie, Tunisie mon pays Que de sang, que de sang a coulé sur ton sol Avions, chars et autres canons ennemis N'ont arrêté ton peuple épris de liberté Martyrs d'hier, martyrs d'aujourd'hui Pour toi « Tunisie » ils ont tant combattu Pour te rendre maîtresse, ils ont perdu la vie Martyrs d'hier, martyrs d'aujourd'hui A jamais la Tunisie vous honore et vous bénit Ô Tunisie, Tunisie mon pays.