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Après le « printemps arabe »... ... l'hiver islamiste ?
L'assassinat de Chokri Bel aïd dans la presse internationale
Publié dans Le Temps le 09 - 02 - 2013

Mercredi matin, Chokri Belaid, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates, et l'un des dirigeants de la coalition de gauche (le Front Populaire) a été assassiné à Tunis. Les militants de l'opposition de gauche au gouvernement islamiste tunisien ont immédiatement rendu ce gouvernement responsable de cet assassinat.
Que ce soient des partisans d'Ennahda ou non qui aient abattu Chokri Belaid, le gouvernement en place porte forcément une part de responsabilité dans ce meurtre. Précisément parce qu'il est en place, et que le moins que l'on puisse exiger d'un gouvernement aspirant à quelque légitimité est d'empêcher que des responsables politiques soient assassinés pour les punir de leur choix et de leurs actes politiques.
« Chronique d'une mort annoncée » : celle de la révolution ?
La Tunisie a été le premier pays où le «printemps arabe» de 2011 a réussi à faire tomber une dictature qui convenait fort bien à la « communauté internationale ». Elle a aussi été le premier pays où la révolution démocratique a été confisquée par les islamistes. Elle est aujourd'hui, avec l'Egypte, le pays d'un hiver étouffant les promesses du printemps. En Tunisie, les islamistes au pouvoir, au moins jusqu'à avant-hier (le Premier ministre, l'un des leur, a annoncé pour calmer la colère populaire après l'assassinat de Chokri Belaïd, la formation d'un nouveau gouvernement de «techniciens»), ont, pour le moins, laissé la violence politique s'installer. Et leurs partisans en user contre leurs adversaires. Quelques jours avant que leur leader soit assassiné, des militants du parti de Chokri Belaïd avaient été agressés par des islamistes et il y a quelques mois c'est un cadre du parti de droite Nidaa Tounès qui était assassiné, des meetings de l'opposition (de gauche comme de droite, puisque le clivage en Tunisie semble opposer non la gauche à la droite, mais les islamistes aux démocrates au sens le plus général du terme, des libéraux à la gauche socialiste) ont été attaqués, des militants, des élus, des journalistes, des artistes ont été agressés par des partisans du gouvernement, ou par les Ligues de protection de la révolution, dont Ennahda, les détournant de leur vocation initiale, a fait sa milice, ou par l'aile la plus radicale, salafiste, de l'islamisme politique. Les méthodes des islamistes tunisiens sont aujourd'hui les mêmes que celles du régime de Ben Ali. Et leurs victimes aussi sont les mêmes.
Le « Printemps arabe » avait été une surprise, non seulement pour les régimes qui y succombèrent, mais aussi pour les gouvernements européens et américains. Ce printemps n'était pas prévu. On s'était habitué, dans les « chancelleries », à Ben Ali, à Moubarak, et même à Kadhafi. On voyait dans leurs pouvoirs dictatoriaux et corrompus un «rempart contre l'islamisme». On voit d'ailleurs toujours ainsi les régimes marocain et algérien. Mais si en Tunisie et en Egypte, les régimes dictatoriaux ont été renversés par des révolutions populaires, dans le reste du « monde arabe » (on usera de cette dénomination en la sachant pour le moins simplificatrice), le « printemps arabe » n'a accouché en Libye que d'une intervention militaire étrangère pour se débarrasser d'un clan devenu encombrant, ou en Arabie Saoudite, au Qatar, dans les émirats sur des mouvements défaits par la répression. En Algérie et au Maroc, les régimes en place y sont restés, au prix de quelques concessions matérielles ou symboliques. Et puis, il y a en Syrie, une véritable guerre civile sans issue prévisible, et au moins un régime dont la mainmise islamiste sur le pouvoir en Tunisie et en Egypte fait le jeu, comme repoussoir, et qui ne cesse de se présenter comme un « rempart contre le terrorisme » (islamiste) -terrorisme dont il use lui-même et qu'il a par ailleurs largement financé un peu partout depuis quarante ans...
Les islamistes (Ennahda en Tunisie, les Frères Musulmans en Egypte) avaient été perçus par les pouvoirs en place comme la plus dangereuse de leurs oppositions. Ils ne furent pas les seuls, loin de là, à subir la répression dont ces régimes, à masque laïc, usaient et abusaient, mais ils furent finalement les seuls à réussir à y survivre comme une force politique capable de ressurgir après la chute des dictatures, en s'appuyant sur les « masses silencieuses » des quartiers populaires et des arrière-pays. Ce ne sont pas les islamistes qui firent les révolutions du « printemps arabe », mais ils furent les seuls à être capables d'en profiter pour accéder au pouvoir. Comme si le destin des révolutions populaires était toujours d'être récupérées, confisquées, détournées... comme s'il était fatal que 1789 accouche de Napoléon, 1848 de son neveu, 1917 de Staline, et le « Printemps arabe » d'Ennahda et des Frères Musulmans...
L'assassinat de Chokri Belaid relève, a dit un militant de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, de la « chronique d'une mort annoncée ». Est-ce qu'au moins, il peut dépendre encore un peu de nous, ici, qu'il en soit autrement là-bas, et que la « mort annoncée » de Chokri Belaid ne soit pas aussi celle de la « révolution de jasmin » ?

Que va devenir la Tunisie ?
Tribune de geneve
C'est la journée de tous les dangers qui commence aujourd'hui dans ce petit pays d'Afrique du nord, en proie à de graves troubles intérieurs. En deux ans, la vie politique n'a pas avancé d'un pouce. Et au fond, les électeurs de ce pays récoltent ce qu'ils ont semé. Ils ont donné le pouvoir au parti islamiste d' An-Nahda de Rached Ghannouchi et ne peuvent donc pas s'étonner de ce que ce gouvernement fait.
On ne le répétera jamais assez : la religion n'a rien à faire dans le domaine politique, tous les pays du monde doivent le savoir et tous les pays du monde qui veulent avoir une économie prospère et un processus politique apaisé veillent jalousement à une séparation hermétique entre ces deux secteurs. Malheureusement, les pays de tradition musulmane ne l'ont guère compris, ce qui explique en partie les graves difficultés qu'ils traversent.
Aujourd'hui, même le premier ministre tunisien, issu des rangs islamistes, reconnaît son échec et a dissous le gouvernement pour le remplacer par des technocrates apolitiques, chargés de redresser la situation. Et comble de la division, voici qu'il est désavoué publiquement par son propre parti : aux graves difficultés viennent s'ajouter des dissensions internes non moins graves... Sur les banderoles brandies hier à Tunis par les manifestants, on pouvait lire les mêmes slogans que ceux proférés contre l'ancien président Ben Ali : Arhal (dégage) al chaab yorid soukout al-nidam (le peuple veut la chute du régime). Rendez vous compte : deux années pleines pour aboutir à ce résultat.
La Tunisie devrait tirer les leçons de ces tourments : dissoudre le parlement et appeler à de nouvelles élections qui verront la défaite des islamistes qui ont fait la preuve de leur échec. Les Tunisiens voteront alors bien mieux. Mais que feront les islamistes dans l'opposition ? Resteront ils sagement à leur place ? C'est peu probable.
Ce petit pays dont les habitants sont, à l'origine, descendants des Carthaginois, devrait revenir dans l'orbite occidentale comme il l'a toujours été et ne s'occuper que de ses affaires intérieures.

Tumulte en Tunisie - L'islamo-fascisme
Le devoir
L'assassinat de Chokri Belaïd, avocat ayant eu le courage de s'opposer avec force comme avec constance à l'islamo-fascisme en Tunisie, est le dernier acte d'une liste encombrée de saignées. Autrement dit, la mort de Belaïd est le révélateur par excellence d'une société ankylosée par la violence. Celle aiguisée surtout par le parti religieux Ennahda.
Cela fait des mois que les mandarins de cette formation freinent, voire étouffent, le moindre élan démocratique. Des mois qu'ils soufflent les braises du refus fanatique de toute singularité, de toute liberté d'expression, ainsi qu'en font foi les multiples agressions contre les journalistes, les avocats, les artistes et autres voix victimes des bastonnades, pour demeurer modéré, des miliciens d'Ennahda. Pour s'en convaincre, il suffira de s'attarder aux gestes posés récemment par le premier ministre Hamadi Jebali.
Ce dernier, c'est à retenir, est membre d'Ennahda, membre de ce parti dirigé par Rached Gannouchi que Belaïd traitait de fasciste. Autant Jebali défend une ligne modérée, autant Gannouchi défend une ligne dure. Autant le premier essaye d'injecter une dose de rationalisme dans l'exercice du pouvoir, autant le second entend profiter de sa position de grand chef du parti au pouvoir. L'objectif ? Instaurer, à terme, un régime faisant écho à celui de Ben Ali mais ayant emprunté des chemins différents. Bref, Gannouchi s'applique avec méticulosité à faire émerger un parti unique, confirmant, à sa manière, que le Coran n'est pas soluble dans la démocratie.
Bien conscient des dérives politiques et du climat de violence que Gannouchi et les siens ont mis en scène, Jebali vient de proposer la formation d'un gouvernement de technocrates. Il appelle ce dernier de ses voeux depuis juillet, considérant que son cabinet est composé majoritairement d'incompétents et de fanatiques. De fanatiques qui déploient tous les efforts possibles et imaginables afin de ralentir les travaux de l'assemblée constituante. À telle enseigne qu'on entend encore et toujours ne serait-ce que le résumé d'un petit nombre d'articles de la loi fondamentale.
Pour l'heure, l'opposition a décidé de ne plus participer au débat constitutionnel pour mieux soutenir les activités qu'entendent organiser le syndicat Union générale tunisienne du travail (UGTT) et les organisations professionnelles, comme celle, par exemple, des magistrats. En fait, pour faire court, tous les courants laïques vont exprimer, à compter d'aujourd'hui, la rancoeur qu'ils éprouvent à l'endroit de dirigeants politiques accusés d'avoir kidnappé la révolution.
Cette rancoeur, il faut le souligner mille fois plutôt qu'une, est par ailleurs alimentée par les agissements décidés à l'étranger. C'est bien simple, les satrapes politiques des pétromonarchies, de l'Arabie saoudite en particulier, financent tout ce qui est inhérent au prosélytisme religieux en général et à sa version wahhabite en particulier. En clair, des imams venus du lointain se sont glissés dans des mosquées tunisiennes pour appeler au meurtre de ceux qui ont signé les oeuvres exposées et de ceux qui sont allés les voir. Quoi d'autre ? Ceux qui ont osé programmer le film Persépolis à la télévision ou encore ceux qui ont invité un Libanais chiite à livrer un exposé sur la Palestine méritent également le châtiment suprême. Cette combinaison faite de la négation de l'autre et du souhait de sa mort permet de rappeler que le modèle politique ainsi que le mode opératoire du parti qui a tant inspiré Hasan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans, s'appelait Benito Mussolini !
Il faut espérer que le pays à l'origine du printemps arabe, qui s'est transformé depuis en un glacis arabe, ainsi qu'en témoigne également l'Egypte, parviendra à étouffer les ornières religieuses et mortifères.

Tunisie : bien pire que sous Ben Ali ?
Le point
C'est une fatalité de l'histoire : les révolutions commencent dans un enthousiasme convivial et se terminent en sanglante tragédie. Après une phase consensuelle, les éléments les plus radicaux finissent par imposer leur loi d'airain par la terreur. En France, les Montagnards écrasent les Girondins ; en Russie, les bolcheviks éliminent les mencheviks ; en Iran, les partisans de Khomeiny ne font qu'une bouchée de la gauche démocrate.
La Tunisie semble happée par cet infernal processus. Car l'assassinat, mercredi 6 février, de l'opposant Chokri Belaïd n'est pas un drame isolé. Le printemps de Jasmin est en train de se muer en interminable hiver. Le pays est en proie au chaos, livré à la violence des séides du parti islamiste Ennahda qui, de facto, dirige le pays. Déjà, le 18 octobre dernier, à Tataouine, dans le sud, les miliciens du régime - regroupés dans la "Ligue de protection de la révolution" - avaient lynché un responsable local du principal parti d'opposition Nidaa Tounès. Les sbires de cette ligue se livrent à d'incessantes intimidations, perturbent les réunions de l'opposition, s'en prennent physiquement à tout ce qui peut ressembler à un militant laïque.
La réalité du pouvoir aux mains des islamistes
Sur le papier, le gouvernement tunisien est pluraliste. Les islamistes, qui ont remporté 40 % des voix aux élections, se sont alliés à deux petits partis de centre gauche pour constituer une majorité. Le Premier ministre Hamadi Jebali, membre d'Ennahda, passe pour relativement modéré. Le président, Moncef Marzouki, est un vrai démocrate. Problème : la réalité du pouvoir est détenue par les islamistes, qui contrôlent tous les ministères régaliens. Avec dans la coulisse l'ombre omniprésente de Rached Ghannouchi, le chef réel d'Ennahda qui tire les ficelles derrière le paravent.
La société tunisienne n'a certes pas dit son dernier mot. L'opposition relève la tête. Des troubles sociaux éclatent d'un bout à l'autre du pays. L'UGTT (Union générale tunisienne du travail) est le fer de lance de cette contestation. Mais le résultat de ce bras de fer est incertain.
Pire que sous la kleptocratie de Ben Ali
Au risque de se voir clouer au pilori, d'être submergé par une avalanche d'indignation moralisatrice, osons proférer une évidence : la situation du pays est bien pire que sous Ben Ali. Il ne s'agit pas ici de défendre la kleptocratie instaurée par l'ancien dictateur, mais de prendre en compte la réalité telle qu'elle est.
La Tunisie, pays ouvert aux portes de l'Europe, était censée montrer le chemin vers un printemps arabe, vers une démocratie nimbée de valeurs islamiques. L'islamisme des Frères musulmans était, pensait-on, soluble dans la démocratie. Le "modèle turc" servait de viatique. Problème : du Caire à Tunis, ce sont les phalanges de l'ordre noir, les islamistes les plus bornés, qui tiennent le haut du pavé. Sans parler de la Turquie d'Erdogan qui a enclenché une marche arrière inquiétante sur le plan des libertés et de la laïcité.
L'histoire n'est pas encore écrite, mais en Tunisie, la nuit est ces temps-ci bien noire.

Tunisie : le temps des pare-feux
Tribune algérie
La violence politique a atteint un nouveau palier chez nos frères tunisiens. L'assassinat de Choukri Belaïd, fervent opposant au gouvernement et aux islamistes, a mis le feu aux poudres et risque de plonger le pays dans une contre-révolution porteuse d'instabilité durable et de conséquences incommensurables.
Les Tunisiens doivent méditer ce qui s'est passé en Algérie au début de l'ouverture démocratique. La majorité pensait imposer ses lois sans consensus et avec violence. Les militants d'Ennahda ont laissé faire des groupuscules islamistes. De la destruction des mausolées à la violence contre les femmes, le gouvernement n'a pas su ou voulu faire preuve de fermeté. Lorsque l'on est permissif avec des «petites violences» au nom d'une interprétation de la religion, il faut s'attendre à plus de crimes, de délits. Cette permissivité fait que toute une partie du peuple tunisien accuse le parti majoritaire d'avoir orchestré l'assassinat odieux d'un militant politique. Cette situation d'anarchie et de violence pousse des Tunisiens à regretter le temps de Ben Ali.
De ce côté du Maghreb, nous n'oublions pas que c'est à Tunis que le Gouvernement provisoire de la république algérienne a trouvé accueil. Nous n'oublions pas que nous avons eu des martyrs communs lors du bombardement de Sakiet Sidi Youcef. Nous ne pouvons oublier que la Tunisie a abrité les troupes de l'ALN et des moudjahidine. Et dans un passé récent, la Tunisie était le seul pays à accueillir des Algériens en nombre pour pouvoir passer des vacances et s'échapper de la situation de guerre civile qui prévalait dans notre pays durant les années 1990. La Tunisie et les Tunisiens doivent garder la tête froide dans des moments de grandes douleurs. Les choix qui seront faits ces jours-ci, détermineront ce que sera ce pays dans les semaines qui viennent. Personne ne peut souhaiter que le pays de l'hospitalité sombre dans la haine et dans une division destructrice qui risque d'emporter une des nations les plus stables de la région. Les partis qui dirigent la Tunisie doivent trouver les moyens d'initier un dialogue qui semble rompu avec les partis de l'opposition. L'Assemblée constituante doit se concentrer sur la rédaction d'un texte qui permette à chaque Tunisienne et Tunisien de se reconnaitre et de l'accepter. Passer de la dictature d'un homme et de son clan à celle d'une majorité ne fera qu'empirer les choses dans un pays en pleine crise socio-économique. La révolution du jasmin commence à avoir le goût amer du sang. Il est grand temps que les Tunisiens comprennent que leur nouvelle liberté ne signifie pas anarchie. Les lois, en démocratie surtout, doivent être appliquées partout et pour tous. Chacun saura jusqu'où il peut aller pour la défense de ses idées et de ses opinions sans obliger les autres à les partager. L'apprentissage de la démocratie est rude et long. Il est d'autant plus lent que certains pensent que leurs idées et opinions sont des préceptes de la religion.
Savoir accepter l'autre et choisir les représentants les plus dignes de remettre la Tunisie sur la voie de la modernité et de la croissance sont les seules choses que peuvent faire les Tunisiens pour leur pays. La violence et l'instabilité ne pourront mener qu'à la catastrophe. Chose que personne ne souhaite au peuple tunisien qui a tout le temps été solidaire du peuple algérien.


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