Bien que le mouton espagnol de la race mérinos présente des caractéristiques similaires à celles du mouton algérien (« el alouch el gharbi ») il ne fait pas l'unanimité. Beaucoup se souviennent du malheureux épisode des moutons roumains morts en cours de voyage et qui ont été jetés à la mer. Cette année, la société Ellouhoum assure que toutes les précautions ont été prises et que le mouton espagnol est nourri de concentré à base de farine de maïs, d'orge et d'avoine, soit une alimentation similaire à celle fournie aux moutons d'origine locale. Pourtant, à l'approche de l'Aïd, certains consommateurs se montrent réticents à l'idée d'acheter un mouton espagnol, alors que d'autres n'y voient pas d'inconvénient. Walid, chauffeur dans une entreprise privée: «Il est impensable pour moi d'acheter un mouton d'origine étrangère. Même s'il est moins cher. En fait, c'est psychologique». Mohamed, fonctionnaire dans une entreprise publique: «Certes, le mouton provenant de l'étranger est moins cher mais je n'admets pas le fait de sacrifier un mouton d'origine étrangère». Karim, banquier: «Mouton étranger ou du terroir, il n'y a aucune différence pour moi. J'achèterai le mouton le moins cher. L'essentiel est de respecter le rite musulman». Par ailleurs, l'Association Paix et développement a appelé les Tunisiens à renoncer cette année au rituel du sacrifice du mouton de l'Aïd et à boycotter les marchés à bestiaux, afin de permettre la reconstitution du cheptel national et de réduire les dépenses, en devises, de l'Etat.