Fédérateur, patriote, géopoliticien, démocrate, indépendant, compétent...Voilà quelques caractéristiques du prochain chef de gouvernement dressées par les hommes et les femmes politiques. Un profil qui évoque celui d'un...superman ! « Pays cherche chef de gouvernement », tel pourrait être le titre d'une petite annonce d'appel à candidatures pour le poste le plus convoité par les partis politiques, mais également le plus périlleux après la révolution, celui de chef de l'équipe gouvernementale de cette dernière phase transitoire. Hamadi Jebali pourrait se vanter d'un très modeste record au poste, il n'avait résisté qu'un an et deux mois. Cette fois, selon la feuille de route du Quartet signée par la majorité des partis (bien que torturée par certaines déclarations de hauts responsables du gouvernement), l'homme devra être fédérateur, libre de toute ambition électorale immédiate (ainsi que tout son cabinet) et au-dessus des partis. Loin de la logique de « majorité » et de « minorité », son choix doit être, selon le projet du Quartet, le fruit d'un « consensus » entre les différentes formations politiques et de la société civile. Le fauteuil de l' « élu » issu du dialogue national sera donc brûlant, tout comme les nombreux dossiers qu'il aura à gérer pendant un très court laps de temps : insécurité, marasme économique, tensions politiques... Mais quel profil devra avoir le nouveau chef du gouvernement ? Gérer avec savoir-faire les dossiers brûlants « Un homme parfait ! », dira Ahmed Khaskhoussi, secrétaire général du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), premier parti à s'être retiré de l'Assemblée nationale constituante. Celui-ci fait une description très claire des qualités du prochain Premier ministre. « Il doit être un patriote, un homme qui a le sens des responsabilités, qui a de l'expérience, géopoliticien, au-dessus des partis et enfin une personne qui a participé à la lutte pour l'indépendance... », énumère-t-il. Suivez mon regard ! D'ailleurs, il ne le cache pas. Pour lui, Ahmed Mestiri est le candidat idéal, « non pas parce qu'il est le fondateur de notre parti, dit-il, mais parce qu'il a su prouver à travers sa carrière qu'il était démocrate, et puis n'oubliez pas qu'il a grandement contribué à asseoir les institutions de l'Etat moderne après l'indépendance ». Plus pragmatique et moins à la recherche de valeurs symboliques, Hishem Elloumi, chef d'entreprise et un des dirigeants du l'Utica, privilégie un « homme de dossiers » à la compétence transversale et qui devra avoir de l'expérience dans trois principaux domaines : « la sécurité, l'économie et la politique ». Mais pour les noms, « permettez-moi d'attendre le résultat du Dialogue national », nous dit-il. Devant un dialogue national qui trottine, c'est la réponse que donnent la plupart des protagonistes politiques et même de la société civile. Chacun semble garder précieusement ses cartes, dans l'attente du bon moment, et chacun semble sensible à certains sujets plutôt qu'à d'autres. Réviser les nominations, assainir les institutions « Le prochain chef du gouvernement devra s'occuper en priorité des questions sécuritaires, vu la situation du pays, il devra renforcer la lutte contre le terrorisme, et dissoudre tous les groupes qui pratiquent ou prônent la violence », précise Naziha Rejiba, militante indépendante, plus connue sous le nom de « Oum Zied ». De son coté, Mohamed El Hamdi, secrétaire général de l'alliance démocratique, voit en la prochaine étape une phase éminemment politique. « Celui qui guidera le pays jusqu'aux prochaines élections devra être indépendant, certes, mais un fin politicien, disposant d'un minimum de compétences en matière d'économie et de sécurité », dit-il. Pour baliser le chemin vers les élections, Mohamed El Hamdi et Naziha Rjiba estiment que le prochain chef du gouvernement aura la lourde tâche de réviser les nominations faites ces derniers temps dans l'appareil de l'Etat. « Il doit assainir les institutions qui joueront un rôle dans le bon déroulement des prochaines élections », disent-ils. Sortir de l'impasse politique, donner du souffle à l'économie nationale et rassurer les Tunisiens sur leur sécurité, voilà ce qui est demandé au prochain locataire de la Kasbah. Au-delà de ces priorités, nos interlocuteurs insistent aussi sur le fait que l'image de la Tunisie devra être rehaussée, notamment en matière de politique étrangère. « La Tunisie est un petit pays, il doit soigner sa diplomatie et surtout ses rapports avec ses voisins », résume Ahmed Khaskhoussi.