En «urbanisant» leurs actions, les terroristes passent désormais à l'ultime et fatidique étape de leur escalade. Que de...tunnels et de caches d'armes devra-t-on détruire pour les mettre hors d'état de nuire ? L'heure est désormais bel et bien au «plan C» des terroristes. Dans les traditions de la nébuleuse d'Al Qaïda, il s'agit là de l'ultime et fatidique étape de leur sombre stratégie, après avoir achevé les deux premiers plans A et B qui ont consisté successivement à s'organiser en groupes fermés et bien armés, puis à lancer des ballons d'essai à coups d'escarmouches et d'attaques sporadiques, et enfin à passer carrément à l'attaque, par le déclenchement de «la guerre totale» à laquellet on assiste actuellement. Comment se présente cette guerre ? Quels sont ses atouts ? Quelles sont les chances de sa réussite ? Et puis, qui en sortira vainqueur? Eclairages. Mobilisation de guerre terroriste Aujourd'hui, il ne fait plus de doute : c'est la grande mobilisation de guerre chez les terroristes qui sont passés des menaces aux actes en s'évertuant à attaquer postes de police et de la Garde nationale, à multiplier les pièges et guets-apens et à lancer des offensives meurtrières contre les barrages policiers. «En quittant leurs retraites montagneuses dans lesquelles ils étaient jusque-là embusqués, ils déclarent ainsi ‘‘officiellement'' l'urbanisation de leurs actions», affirme un ancien cadre policier à la retraite qui parle de similitude avec l'exemple des groupes d'Al-Qaïda et des talibans en Afghanistan et au Pakistan. Pour notre interlocuteur, «ces deux organisations terroristes n'ont pu engager la guerre urbaine (après celle des montagnes) qu'après avoir tout préparé et prévu pour une guerre d'usure sur le terrain». C'est assurément le cas pour l'exemple tunisien. Jugez-en : 1- La nébuleuse intégriste frappe désormais un peu partout dans le pays, après s'être contentée de velléités circonscrites dans les zones montagneuses. 2- Leurs opérations «s'embourgeoisent» même en touchant les quartiers résidentiels (El Manazeh, El Manar, Ennasr, cité El Ghazala...), et pas seulement les cités populaires. 3- L'usage d'armes sophistiquées. En attestent les impressionnantes saisies enregistrées récemment ici et là. 4- La diversification des attaques désormais «décentralisées» et menaçant les quatre coins de la République. 5- L'existence avérée de plans d'attentats qui prouvent, en matière de terrorisme, qu'on ne se contente plus de se défendre, et qu'on nourrit, par conséquent, des visées expansionnistes autrement plus dangereuses pour la sécurité nationale. 6- L'étonnante capacité offensive des terroristes qui ne pâtissent jamais des pertes et arrestations dans leurs rangs. Au point que l'élimination, ces jours-ci, de proches lieutenants d'Abou Iyadh, qui constituaient l'épine dorsale de son aile dure, n'a guère affaibli le mouvement. 7- «L'aisance» avec laquelle les terroristes déroutent leurs traqueurs. En ce sens que des services de sécurité reconnaissent que «ces groupes réussissent souvent à passer incognito, soit en se débarrassant de leurs barbes, soit en portant le hijab ou le niqab...» 8- Le recrutement d'indicateurs et de complices à leur solde, aussi bien auprès de la population qu'au sein même des services de sécurité, voire dans d'autres corps qui n'ont rien à voir avec la police ou la Garde nationale. 9- La tactique diabolique des tunnels. Plus qu'une énigme, il s'agit là d'une véritable psychose, dans la mesure où dans ces tunnels facilement réalisables grâce à l'usage d'un équipement moderne de fabrication russe, le gain est double : d'un côté, on y fabrique bombes et ceintures explosives, et de l'autre on protège la fuite, une fois l'etau resserré et la traque engagée, soit à la manière d'Al-Qaïda à Tora Bora (Afghanistan) et du Hamas dont les tunnels creusés à la frontière entre le Sinaï et Gaza avaient longtemps mené la vie dure aux Israéliens. Reste maintenant à savoir combien de tunnels ont été creusés par les terroristes sur notre territoire, combien seront identifiés puis détruits et combien de temps cela durera.