Dans cette tour, les artistes tunisiens se sont distingués par leur création «calligraphique», les lettres arabes de cet art de l'Islam priment un écrit artistique symbolique. Bientôt le verrouillage de la Tour 13, destinée à la destruction : c'est exactement le 31 octobre que le réel est devenu éphémère, mais c'est le virtuel aussi qui réussira à perpétrer ces œuvres. Dans cette «résidence de cheminots», les artistes ont résidé dans la tour et ont fait venir un monde surréel, «graphé» avec un doigté magnifique. Quand grandeur rime avec grandiose Les dessins énormes qui peuplent la tour, les murs et les parquets sont des toiles magiques. Ces artistes ont choisi aussi d'écrire et de boulonner des mots, des phrases, des poèmes et des tirades qui représentent des arcanes de signes. A vrai dire, ces artistes plient leur idéal à des mots qui émanent d'une valeur artistique intense, révolutionnaire et inspirée. Prônant un art résistant, ces artistes s'appuient sur des formes gigantesques pour prouver que l'art est au cœur des murs, des maisons, des tours, de la rue, qu'il n'est pas à côté, mais plutôt en nous. Ces configurations spacieuses proposent un lopin symbolique aux mots. Le seing mural En effet, cette façon-là réconcilie la forme et le fond, le dessin et la parole, l'apparent et l'enfoui. Ainsi, chercher la relation entre une image et une parole est une invitation à la réflexion mais aussi à la découverte des soubassements de la communication artistique et humainement très riche. Dans cette tour, les artistes tunisiens se sont distingués par leur création «calligraphique». Avec les artisans Shoof (regarde) et El Seed, on voit que leur manière d'arpenter les murs avec des contours typographiques est un acte de défier les bordures de l'espace afin de survoler l'espace imaginaire. Etoilés de lignes ondulées, lissés sur des mots pastiches, on discerne dans ces travaux calligraphiques des palimpsestes qui rendent le lectorat universel. Leur création est formée de ce tissu composé de ciment, de pierres et de fils colorés ; un tissu qui trouve dans cette Tour un site privilégié d'énonciation, de parole et de souffle libres. Ainsi, les lettres arabes parsemées de cet art de l'Islam priment un écrit artistique symbolique, imprimant par la suite une identité religieuse fort saisissante. Ce symbole d'unification nous apprend que le style calligraphique offre une inspiration éclatante afin d'ouvrir d'autres champs de lecture et d'écriture. Avec ces artistes, désormais, on ne cherche pas à comprendre, mais plutôt à sentir. D'ailleurs, l'étymologie du mot «calligraphie» nous parle du beau, de cet art de bien former les caractères d'écriture ; il nous renvoie alors au beau senti «esthétiquement» auquel il ne faut jamais renoncer. N'est-ce pas René Etiemble qui nous apprend qu'«il ne faut, à aucun prix, renoncer à l'écriture, ne serait-ce que parce que dans toutes les grandes civilisations l'écriture est liée à la calligraphie, c'est-à-dire à la beauté»?