Le 1er octobre, les portes ont été ouvertes au public pour regarder la plus grande exposition collective de street art. Si ma Tour m'était dépoussiérée Ce projet, que tout le monde attendait avec impatience, a accueilli une pléiade d'artistes venus de différents pays ayant dans les mains leurs bombes de couleurs, leur pinceau et une passion démesurée pour l'art. Ayant un objectif noble, la palette de ces artistes a souhaité ôter les décombres d'une tour séculaire afin de lui redonner vie et la faire renaître avec une peau neuve nommée : un art urbain. Rappelons que l'initiateur du projet est un tunisien fervent des arts de la rue. Le succès de cette tour a retenti partout à Paris. Cet évènement qui a annoncé l'avènement d'un dessein très symbolique et fort intéressant, consiste bel et bien à défossiliser cet endroit, afin de dire à haute voix que l'art revivifie l'inerte. Une saison au paradis urbain On a pu goûter à travers cette errance artistique des murs cimentés d'œuvres colossales. Ainsi, la compilation entre le figuratif, le symbolique, le surréel, le psychédélique entre comme par enchantement avec le naturalisme, le réalisme et le lyrisme. Dans chaque chambre, on découvre un monde à part, un ailleurs flottant les murs et survolant une conception magnifiée. La scénographie murale signe une esthétique saisissante où la mise en scène du politique, du social, de l'intime qui concorde avec une fluidité subtile, traduit un engagement artistique pour les causes altruistes, une admiration pour les grandes figures littéraires, mythiques, politiques. On voyait défiler alors Arthur Rimbaud le poète maudit, Jean Paul Sartre, le concepteur de l'existentialisme, Simone de Beauvoir, la féministe et écrivaine du «deuxième sexe», le livre de François Mitterrand, l'ancien président socialiste de la République Française, etc... De surcroît, on a pu déceler dans les œuvres de street art des fresques dont le fond de toile va jusqu'à interpeller les consciences, à sensibiliser et à susciter la réflexion. Rappelant les guerres, le paysage chaotique, l'apocalypse qui frappe le monde, les souffrances des gens miséreux, les mains graphistes agissent par leur art et réagissent par le biais de signes, de codes et langages poétiques, théâtraux, graphiques et autres. Rappelons aussi que le site internet « tourparis13.fr » propose une visite interactive jusqu'à fin octobre. Et ce qui est original, c'est que ce site sera encore accessible durant les dix jours de novembre, tout juste après la démolition de la tour, et on compte sur les internautes pour « cuirasser » et protéger les œuvres en cliquant dessus. C'est donc à la fin de cette période que seules les œuvres sauvées seront prémunies. Finalement, ce que Edward Said appelait une «nouvelle esthétique du partage» a été prodigieusement senti, discerné et prodigué sous le ciel parisien, sous le pont où coulent la Seine et les couleurs sublimes. Avec la boue «bombée» avec ces artistes, on scrute avec un autre œil le monde des objets simples, des animaux, des lieux, à travers le fractal, le pointillisme, le pixellisme et d'autres courants artistiques modernes, sur une peau de mur travaillée avec une argile magique luisant sur l'art précieux nommé : or de la vie. Avec cette Tour, ça vaut vraiment le détour !