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Des anges démoniaques, un art au-delà des limites...
Arts plastiques: «Young little Monsters» à la galerie Hope! Contemporary à la Marsa
Publié dans Le Temps le 24 - 05 - 2013

Actuellement, la galerie Hope! Contemporary accueille d'étranges monstres venus tout droit d'un cauchemar juvénile. Sous les traits de ses personnages quelque peu excentriques, se cachent trois jeunes artistes de talent : Yasmine ben Khelil, Khalil ben Abdallah et Shoof. Un trio « infernal » qui met à nu et donne corps aux tourments d'une société en pleine mutation. Sous le titre « Young little Monsters », ils offrent aux fins connaisseurs, aux amateurs et aux profanes, une perception inédite de l'expression artistique où le trait se meut en représentation ou en texte dessinant les contours d'un univers en mouvance…
Si vous vous hasardez du côté de la Marsa et que vous poussez la porte de la galerie Hope! Contemporary, dans l'atmosphère paisible des lieux, vous entreriez dans un monde juvénile, un peu ludique où les couleurs vous accueillent, où une faune appartenant au monde de l'enfance prend ses assises. Pourtant, cette vision juvénile perd de sa teneur au fur et à mesure que vous abordez les œuvres. En effet, l'univers si serein des premiers instants se révèle infernal, cauchemardesque même. Ses animaux si attachants au prime abord se transforment en petits monstres sous l'emprise du quotidien.
Chez Khalil ben Abdallah, le monde se décompose pour se reconstituer sous les traits de personnages biscornus. Mi-humains mi-minéraux, ces silhouettes sont imposantes, à la carrure bien charpentée, à la taille bien lourde. Leur sexe ? Il est impossible à définir. Ni homme, ni femme, ces personnages s'inscrivent dans une androgynie suggérée et dans une atemporalité déconcertante car nul ne peut définir leur appartenance à une époque. Sont-ils préhistoriques ? On aimerait le croire si ce n'est l'arrosoir rouge qu'ils tiennent dans la main. Sont-ils des enfants de ce siècle ? Difficile à dire puisque rien dans la toile ne l'indique. En effet, cette dernière est « épurée ». Les coloris qui la caractérisent sont les nuances du blanc et du noir que vient aviver par intermittence un rouge vif ou une couleur terre. Khalil ben Abdallah inscrit son travail au-delà du connu pour camper dans les plis du temps, se refusant à tout ancrage temporel soit-il ou spatial.
Pour Yasmine ben Khelil, un nounours dépasse sa dimension d'objet mignon utilisé comme doudou pour endormir les enfants ou pour leur servir comme compagnon de jeu. Le petit ours devient le symbole d'une génération désenchantée. Il est le porte-parole de ceux qui vivent les violences et l'incertitude du quotidien. En dépit de sa couleur rose qui le rattache à l'univers enfantin, Yasmine ben Khelil le triture, le malmène, lui fait quitter cet univers pour le placer dans la cour des grands. Il est dès lors pris dans un tourbillon balançant entre la vie et la non-vie, entre l'étant et l'existant. Ce balancement caractérise également la série de dessins en noir et blanc où c'est une jeune fille qui en est la figure centrale. Chercher son innocence sous ses traits est une entreprise vaine. Elle est esquissée dans une mouvance tacite où le monde se réinvente et dans lequel, elle devient le centre pour en dénoncer les travers. Yasmine ben Khelil donne ainsi à voir un univers saisi dans son « bougement » prenant ses assises dans l'enfance pour se réinventer au contact des évènements secouant l'âge adulte.
Shoof place le visiteur face à la calligraphie, un art qu'on pourrait qualifier d'ancestral et qui est toujours tant apprécié. Mais contrairement à une calligraphie traditionnaliste axée sur le texte sacré, Shoof hisse au rang d'art des textes profanes. Les lettres « sculptées » sur la toile font miroiter la cadence et la puissance des mots. En filigrane, se profilent des visages. Au gré des lettres naissent d'autres lettres. Shoof entraine le « regardeur » dans la spirale de la création verbale pour le placer dans le secret de l'alchimie du verbe afin qu'il soit en communion avec l'artiste lui-même. Le noir dominant dans l'œuvre ajoute cette part de mystère où la couleur disparaitrait en surface pour la retrouver, en profondeur, dans l'esthétique du verbe-même.
« Young little Monsters » est une exposition déroutante. Trois artistes y confirment un talent et une perception des choses de la vie. Loin des sentiers connus, ces artistes donnent une nouvelle approche de l'art. Sous leurs doigts, un monde se crée, un monde qui dérange parfois. Mais n'est-ce pas là le sens et l'essence même de l'art ?


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