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Portraits de rue
Vendanges
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 11 - 2013


Par Hamma Hanachi
N'espérez pas des œuvres de collection ni des portraits à haute valeur, ici tout le monde est terre à terre. Le jeune homme a pris ses quartiers sur le trottoir, face au Théâtre municipal, place devenue emblématique, porteuse de toutes les contestations allumées le 13 janvier 2011, quand des artistes ont été violentés, traînés par terre par les policiers. Depuis, que d'eau a coulé sous les ponts, les dizaines de rebelles qui ont défié le pouvoir sont oubliés, ceux qui regardaient faire et les opportunistes de tous bords, vivant alors en dehors de la scène politique, revendiquent aujourd'hui, sans gêne, le déclenchement populaire et réclament en passant leur part du «butin». Le jeune homme est portraitiste, il a pour seul bagage une mallette, un chevalet, du papier à dessin, des crayons à mine grasse, moyenne ou sèche, du fusain et de l'aquarelle. Lui, pose en artiste, ne conteste rien, ne revendique rien. Il est portraitiste comme en on voit par paquets de douzaines à Montmartre à Paris. Mais à Tunis ça donne de l'allure, il n'a pas de concurrents, les passants s'attardent devant le modèle assis, discutent la ressemblance avec le visage, les sourcils ou la bouche, de jeunes badauds lancent des remarques méprisantes qui font désordre. Les photographes de rue ont disparu de la ville, le système numérique les a tués, les dessinateurs portraitistes vont-ils les remplacer ? Pas sûr.
Dans les capitales européennes, les portraitistes de métier sont légion, mine de rien ils vous animent un quartier, leurs places sont connues, de Bruxelles à Stockholm ou Amsterdam, elles sont devenues une destination touristique, folklorique, artistique.
Le jeune homme, ordinaire d'aspect, sans tchatche, s'appelle Magid Sabbah, il est concentré sur son modèle, on l'aborde, pour savoir davantage sur son expérience, amateur, professionnel? Pas très disert, il nous déclare avoir fait des études d'art à Berlin, l'Ecole des Beaux arts à Saint-Petersburg, une solide expérience de portraitiste.
Depuis la révolution, beaucoup d'artistes se sont exprimés avec des moyens et des concepts modernes, en banlieue nord, quelques- uns ont récupéré les voitures brûlées, les ont repeintes et en ont fait des œuvres d'art, on peut voir deux d'entre elles dressées sur un socle devant l'Acropolium de Carthage, elles piquent la curiosité de quelques touristes visitant le musée. D'autres artistes ont choisi les tags et autres graffitis pour occuper la rue, on les a rencontrés à la tâche pendant les glorieuses journées du Bardo. Les actions, il faut l'avouer, n'ont pas manqué, ni à Tunis ni en régions. Mais l'action spectaculaire dans ce genre d'intervention appelée street art a été réalisée par JR, artiste mondialement connu, qui a tiré des centaines de portraits en noir et blanc et les a apposés ensuite sur les murs, les intempéries et le vandalisme les ont fait disparaître. Mais à la lumière des manifestations et des expositions, la photo semble dominer la scène, un art, une pratique qui exige moins de moyens, moins de temps que les arts classiques tels que la peinture ou la sculpture. Beaucoup d'artistes ou des amateurs se sont saisi de ce médium, et en ont fait un moyen de lutte.
La photo ou le dessin? Celui-ci a son histoire, longue et riche. A la Renaissance, les peintres dessinateurs étaient rapides dans l'exécution et reproduisaient fidèlement le sujet. Au fil du temps, le dessin a pris une grande importance, une noblesse, les ébauches pour peinture, les portraits dessinés annonçaient le tableau. Au siècle dernier l'abstraction, la modernité a complètement marginalisé le dessin, lequel survit ça et là, à travers quelques expériences actuelles mais peu visibles, il reste comme trace pour des travaux conceptuels, tels que l'emballage ou les arts éphémères. Les siècles passent, et le dessin reprend sa forme initiale, soit une esquisse pour préparer le tableau, rien de plus, il a perdu de sa superbe, de son prestige. La photo a remplacé le dessin sur le registre de la figuration, parce qu'elle est plus rapide, plus populaire et copie à l'identique la figure ou le paysage. Pendant ces trois dernières années de «liberté», elle a été abondamment utilisée dans notre pays, alors que le dessin, tel un vieux comédien, sort de la scène discrètement mais sûrement.
La placette du théâtre est ouverte à toutes les expressions, troupes de musiques, danse, meetings, contestataires réguliers du mercredi, elle accueille un nouveau venu. Vingt dinars le portrait, 30 minutes de pose.


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