Des artistes tunisiens se sont lancés dans des projets prodigieux, dignes de fierté, de reconnaissance et de libéralité. Cette année 2013 a été une année ardue et pénible pour les Tunisiens : la Tunisie a vécu des moments terrifiants et des états de détresse surtout après les meurtres politiques, les attentats... Cependant, le doute, le spleen, la colère n'ont pas empêché les artistes tunisiens, autochtones soient-ils ou émigrés, d'installer une cartographie artistique large et de déployer une alchimie bien ajustée qui signe leur liberté artistique, réclamant ainsi une incessante créativité et une imagination ahurissante. A Paris, en effet, les artistes tunisiens se sont lancés dans des projets prodigieux, dignes de fierté, de reconnaissance et de libéralité. De la mode jusqu'au street art, passant par le cinéma, l'image artistique des œuvres fécondes de ces Tunisiens révèle une dynamique culturelle et une soif insatiable de créer. 2013 a été le parfait témoin d'une excellence artistique étoilée, particulièrement avec Azzedine Alaia, Abdellatif Kechiche et Mehdi Ben Cheikh. Le génie du sculpteur féminin On a favorisé Alaia pour la réouverture du Palais Galliera, le musée de la Mode de la Ville de Paris : 70 gabarits iconiques soufflés sur des statues représentatives de l'art fou, magique et divin de Alaia. Et c'est dans le cadre de la fashion week qu'on a voulu rendre hommage à cet artiste colossal. Précoce, discret, rebelle, mystique, spirituel, le couturier tunisien aux doigts surhumains et aux fils fantastiques est devenu un mythe dans le monde; Alaia est avant tout un gnome, le gnome du corps merveilleusement sculpté. Pour le directeur du musée Galliera, Olivier Saillard, Alaia est considéré comme «le dernier grand couturier». La palme d'or La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche est un film qui a été gratifié au festival de Cannes en mai dernier en remportant la Palme d'or. Dédiant cette palme à la jeunesse tunisienne, rendant ainsi hommage à la révolution tunisienne, le réalisateur franco-tunisien a réussi à imposer une vision du monde, une vision à fleur de peau où pullulent les signes sensuels, sensibles et sentimentaux. Aussi, les dessous de cette vie cachent-ils une critique acerbe de la bourgeoisie, des caractères humains dans toute leur complexité et leur splendeur à la manière de La Bruyère. La vie d'Adèle expose des univers opposés qui nous plongent non sans difficultés dans un rêve réaliste dans un hymne cru, pur et dur de la vie. La Tour évanescente La Tour 13 est un projet inédit et bien inspiré de Mehdi Ben Cheikh, galeriste et artiste tunisien. Cette exposition a coloré et les murs et les âmes, tout en arpentant de nouvelles contrées, et ce, grâce à un outillage artistique symbolique faisant ainsi de ce projet une des plus grandes expositions de street art dans le monde. En somme, toutes ces œuvres faramineuses font croître notre fierté et nous font croire en nos merveilleux talents en dépit de l'affliction qui nous accable quand on voit nos autres artistes propulsés dans les cachots. Tous ces Tunisiens sont dignes de respect surtout lorsqu'on est persuadés que l'arène cache mille et une batailles.