Alors que les céréaliers entament leur saison, les variétés sélectionnées posent des problèmes d'approvisionnement. Pour la troisième année consécutive, le démarrage de la saison des grandes cultures pourrait être raté. Ce qui risque, au final, de se traduire par des importations de grain sur les marchés étrangers. La sécurité alimentaire des Tunisiens serait-elle le dernier des soucis de biens de nos décideurs qui l'auraient bel et bien reléguée, inertie à l'appui, à un bon second plan. Les agriculteurs n'ont pas tardé à pousser un cri d'alarme au sujet d'une pénurie des semences. Mais il semblerait qu'ils n'aient pas été entendus. Aziz Bouhejba abonde dans ce sens, pour faire remarquer que le taux d'approvisionnement en semences n'a toujours pas dépassé les 15 à 20 % de l'ensemble des besoins. S'agissant des carences qui se trouvent à l'origine de ce constat amer, il énumère plusieurs causes : l'indisponibilité des semences, une politique devenue lucrative de la part des fournisseurs, la rareté des points d'approvisionnement, la persistance des défaillances structurelles dont souffre le secteur et l'absence d'une vision stratégique capable de planifier les réformes à entamer sur le court, le moyen et le long terme. ...Irrégularité de l'approvisionnement Notre interlocuteur fait observer que l'irrégularité de l'approvisionnement ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte à une date lointaine. Dans ce sens, il pointe du doigt l'absence d'une politique de soutien aux agriculteurs qui leur permettrait de s'approvisionner auprès de fournisseurs privés. « L'absence de mécanismes de financement, de garanties et de protection des fournisseurs favorise la méfiance de ces derniers», souligne-t-il. M.Bouhejba note, dans la même optique, qu'il est inadmissible qu'une région comme Kairouan, où l'on dénombre près de six mille ha de périmètres irrigués destinés aux grandes cultures, ne dispose que d'un seul point de vente. Le cas est aussi valable pour la région de Zaghouan, où l'on compte plusieurs points de vente, mais qui souffrent d'un flagrant manque de produits. Diverses carences L'irrégularité de l'approvisionnement est provoquée, selon la même source, par différents facteurs. L'on parle, dans ce sens, d'un manque au niveau des ressources humaines après le départ de deux compétences du département chargé de la gestion des grandes cultures au sein du ministère de l'Agriculture. Le syndicaliste note également que les nouvelles recrues peinent toujours à saisir les enjeux et défis du secteur, donc à faire le diagnostic des difficultés et à planifier les réformes qu'il faut. Sur le plan qualitatif, la faiblesse de la recherche scientifique afin d'affiner progressivement les variétés existantes est aussi pointée du doigt. De ce point de vue, le même interlocuteur note qu'il incombe à l'Institut des grandes cultures d'accomplir la tâche et à la Coopérative centrale de semences (Cosem) et à la Coopérative centrale de semences et plants sélectionnés (Ccsps) de lui faciliter la tâche. Or, il se trouve que ces structures ne parviennent toujours pas à adapter leur rythme aux exigences de l'étape et de la réalité du secteur sur le double plan local et international.