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Les desseins inavoués d'une médiation
Entre Bouteflika, Ghannouchi et Caïd Essebsi
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 11 - 2013

La Tunisie a une très longue histoire d'indépendance, de souveraineté nationale et de dignité dans le concert des nations
Les audiences successives accordées par Bouteflika à Rached Ghannouchi et Béji Caid Essebsi, au mois de septembre, puis la semaine dernière, ont suscité — et continuent de le faire — des réactions diverses et surtout des interrogations. Et ce, en l'absence de toute déclaration des intéressés. Les amateurs de transparence post-révolutionnaire, circulez y a rien à voir
Deux chefs de parti, donc, représentant selon les sondages deux tiers des voix de l'électorat, rencontrent un chef d'Etat malade, disons en convalescence, que même ses concitoyens n'ont pas beaucoup vu depuis son opération, il y a quelques mois. Qu'ont-ils pu se dire ? Question légitime. Personne ne détient la réponse, sauf les intéressés et quelques lieutenants de leur garde rapprochée. Sauf que — et c'est là que le bât blesse — les intéressés ont des comptes à rendre aux citoyens tunisiens. Car nous avons du mal à imaginer, dans une démocratie, même naissante, des chefs de partis politiques aller rencontrer le chef d'Etat d'une puissance voisine, à deux reprises, juste pour prendre le café ou le thé. Donc, ils ont des comptes à rendre au peuple tunisien et des règles à respecter.
La thèse : une médiation, une ingérence
En attendant que toute la lumière soit jetée sur ces visites « transnationales », il reste les supputations. En voici deux principales : la première, une médiation algérienne en bonne et due forme dans la crise politique tunisienne. Que pourrait dire « Boutef », comme on aime à l'appeler dans un tel cas ? Et quels leviers aurait-il, pour faire valoir son point de vue ? Le président algérien pourrait, tout au plus, proposer (ou demander) aux deux dirigeants de partager le pouvoir, soit sous forme d'alternance, soit par un gouvernement d'union nationale. La question qui se pose, ne sont-ils pas assez grands pour imaginer une solution similaire tout seuls ?
Une médiation d'une puissance étrangère, aussi amicale et fraternelle soit-elle, est un cas rare dans les affaires internationales. Cela s'appelle souvent une immixtion. Dans l'histoire contemporaine, c'est illustré par le cas des factions libanaises et le rôle tutélaire joué par la Syrie. Mais l'Algérie n'est pas la Syrie et ne l'a jamais été dans la région. Et la Tunisie ne sera pas le Liban. Enfin, nous l'espérons ! Une médiation de cette teneur est donc peu probable. Ou alors si c'est le cas, elle est indigne de ces deux chefs de partis qui ont effectué le déplacement et accepté l'ingérence.
Deuxième hypothèse, il s'agit bien de traiter le dossier sécuritaire. Bouteflika aurait pu faire part de ses craintes quant à la prolifération du fléau du terrorisme qui prévaut à l'intérieur de la Tunisie et sur la ligne frontalière. Dans ce cas, pourquoi avec deux chefs de parti politique ?
Le président algérien l'a très certainement fait avec les autorités en place, civiles et militaires. Dans ce cas, il a estimé que la réponse de ces autorités de la Tunisie n'était pas suffisante et qu'elle devait être complétée par celle des deux plus importants chefs de parti qui ne peuvent représenter, en réalité, ni l'Etat tunisien ni la Tunisie.
L'antithèse, concertations normales
Ces questions et d'autres associées ont été posées à un spécialiste en relations internationales, qui a bien voulu nous livrer son analyse et sa version des faits sous le couvert de l'anonymat : « Une médiation se déroulant dans le pays, même par le biais d'un émissaire ou d'une ambassade, ou par le déplacement de personnes, part du même principe. Si les parties sont d'accord. Mais dans ce cas précis, et ne connaissant pas la teneur des entretiens, on peut juste affirmer que les deux chefs de parti ont été invités, et qu'ils ont honoré l'invitation. Au-delà, on ne peut en aucun cas prétendre qu'ils ont accepté qu'un intermédiaire règle les problèmes internes ». « Ma compréhension, analyse notre source bien informée, est qu'ils ont été invités, en particulier Béji Caïd Essebsi. Rached Ghannouchi, lui, aurait souhaité lui-même rencontrer Abdelaziz Bouteflika. Et à mon avis, continue l'internationaliste, c'est légitime. M. Ghannouchi savait que l'objet de l'entretien en date du 10 septembre n'a pas été rempli, il fallait donc donner une explication à son interlocuteur ».
« Ce dont je suis presque sûr, continue notre source, c'est que les entretiens des 10 et 11 septembre avec Ghannouchi d'une part et Caïd Essebsi d'autre part, ont porté sur la sécurité des deux pays. Maintenant, concernant ce qui a été dit et les engagements pris, je ne peux pas le dévoiler, parce qu'eux-mêmes n'ont pas souhaité le révéler. Mais l'objet de l'entretien portait sur la sécurité. D'ailleurs, je trouve tout à fait normal, déclare notre source, que deux pays voisins ciblés par le terrorisme qui procède d'une même origine et qui vise les mêmes objectifs, se consultent. En revanche, c'est maladroit d'entretenir l'idée d'une quelconque immixtion dans les affaires internes, et c'est un mauvais service rendu à la Tunisie. Cette affirmation relève tout simplement de la propagande », reproche notre source.
« Cependant et si jamais cela se vérifie que Bouteflika a manifesté la velléité d'interférer dans les affaires intérieures, cela signifie que le président algérien a des intérêts dans l'assujettissement de la Tunisie, mais à mon avis rien ne prouve cela », souligne-t-il.
Dans l'histoire de la Tunisie, y a-t-il eu des précédents à ce genre d'affaire ? « Oui, répond le spécialiste. Jamel Abdennasser a essayé de s'immiscer dans les affaires intérieures tunisiennes, mais il n'a eu aucune chance. En revanche, la Tunisie a fait appel aux bons offices des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne dans la question de Sakiet Sidi Youssef, pour faire la médiation entre eux et la France. C'était en 1958, au lendemain du bombardement de cette localité. Le Conseil de sécurité a suspendu, à l'époque, ses délibérations en attendant que la médiation réussisse, lorsqu'il y a eu changement de régime en France. Le général de Gaulle a accepté les conditions de Bourguiba », nous apprend en concluant le spécialiste.
Malgré cette grande expertise de la situation et ces propos rassurants, les réactions des hommes politiques et des citoyens tunisiens ont donné à voir un rejet viscéral de la médiation algérienne. Verrait-on, en France, aux Etats Unis, en Malaisie, en Turquie, des chefs de parti politique avoir des discussions sécuritaires avec un chef d'Etat voisin, aussi ami soit-il ? Et quand bien même, ont-ils fait à leur retour, un rapport au chef de l'Etat et au chef du gouvernement au sujet de ces discussions, comme leur devoir et les règles d'usage le recommandent ? Autre question : quels engagements peut prendre un chef de parti politique vis-à-vis d'un chef d'Etat étranger ? Cela pose un grave problème d'éthique ; plus grave encore, de hiérarchie des normes juridiques dans un Etat de droit ou qui aspire à le devenir.
Il faudra les rassurer, les Tunisiens qui s'inquiètent pour leur pays. La Tunisie a une très longue histoire d'indépendance, de souveraineté nationale et de dignité dans le concert des nations. Ce capital, fruit de l'accumulation des expériences d'hommes de valeur qui ont servi la nation, a été entaché ces deux dernières années, notamment par le premier ministre des Affaires étrangères de la Troïka, non habilité à endosser de telles fonctions et par des positions et des déclarations intempestives du président de la République.
Que des chefs de parti politique s'y mettent à leur tour, c'est la honte assurée. A l'échelle nationale et internationale.


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