L'Ugtt sur le point de proposer le candidat du consensus que toute la Tunisie attend La semaine qui s'ouvre sera-t-elle décisive pour ce qui est du retour des participants au Dialogue national à la table des négociations ou, au contraire, marquera-t-elle l'annonce de l'échec du processus ? Il est d'autant plus légitime de se poser la question que l'on a vécu tout au long de la dizaine écoulée au rythme de déclarations prétendant que tout est rentré dans l'ordre (annulation des amendements introduits sur le règlement intérieur de l'ANC) d'une part et de petites phrases ou indiscrétions distillées soigneusement aux médias, selon lesquelles la solution de la crise viendra de l'Algérie, d'autre part. En attendant que les horizons s'éclaircissent, l'opinion publique nationale reste dans le flou, pour ne pas dire dans le désarroi, et ne sait plus qui croire. Et se poursuivent les pourparlers Du côté de la place Mohamed-Ali, on continue à croire que la solution de la crise ne pourra être que tunisienne et qu'elle émanera du dialogue et uniquement du dialogue. Certains parmi les responsables de l'Ugtt, considérée comme la cheville ouvrière du Quartet attaché bec et ongles à sa feuille de route, indiquent que «c'est une affaire d'heures ou de quelques jours au maximum puisque l'on a pratiquement trouvé la personnalité qui conduira l'opération-formation du gouvernement de compétences nationales. La reprise du dialogue se penchera sur l'aval des partis participants. Une analyse que semble soutenir Al Massar dont le porte-parole, Samir Taïeb, confie à La Presse : «Nous rencontrons demain (aujourd'hui) Hassine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, pour nous mettre d'accord sur la personnalité du chef du gouvernement qui semble bénéficier jusqu'ici du soutien des participants au Dialogue national. Quant à savoir si la semaine en cours sera décisive, nous pensons, en effet, que ce sera cette semaine ou jamais». Le constituant dissident estime, d'autre part, que la bataille au sein de l'ANC «oppose désormais Ennahdha à ses constituants ultra-durs et aux alliés du parti nahdhaoui qui font monter les enchères dans l'espoir d'être récompensés et qui finiront par s'assagir, quand tomberont les directives d'en haut. Et c'est bien dans les sphères de la direction d'Ennahdha que la partie est en train de se jouer. On a assisté, en effet, à une guerre de succession au sein du «palace» de Montplaisir et les déclarations de Houcine Jaziri et de Abdellatif Mekki dévoilent un grand désarroi qui se résume en la question suivante : Comment éviter la colère de la base gonflée à bloc contre le Dialogue national et lui faire passer la pilule que le parti va quitter le gouvernement, mais il préserve le pouvoir ?». L'Ugtt, partie prenante Dr Souheil Alouini, nouveau secrétaire général de l'Union patriotique libre présidée par Slim Riahi, l'homme d'affaires à qui certains prêtent la paternité du rapprochement Ghannouchi - Essebsi, est convaincu que «le Dialogue national reprendra au cours de la semaine prochaine et que l'on a atteint pratiquement la dernière étape avant que les protagonistes ne reprennent le chemin du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. L'identité du futur chef du gouvernement est pratiquement connue de tout le monde. Il s'agit de Abdelkérim Zbidi. Sauf qu'il subsiste encore un petit écueil à lever. La personnalité en question voudrait bien, selon une connaissance, «que le président Moncef Marzouki fasse un geste et annonce clairement qu'il cautionne son choix». Quant à l'Ugtt, le Dr Souheïl Alouini est convaincu qu'elle «est devenue une partie prenante dans la crise et qu'elle ne peut plus se suffire du rôle d'intermédiaire ou de parrain. Son image, sa crédibilité et même sa longue histoire sont aujourd'hui en jeu. C'est la raison pour laquelle Hassine Abassi est condamné à réussir sa mission et à résister face à tous ceux qui ont pour objectif de faire échouer le processus». Reste à savoir quel sera l'impact des manifestations prévues par le Front populaire en vue de célébrer le premier anniversaire des événements de la chevrotine à Siliana. «L'UPL prendra part aux activités programmées à cette occasion, mai nous ne voudrions pas que la rue s'enflamme. Nous considérons que monter la rue, en ces temps de crise, ne conduira pas à servir les intérêts des habitants de la région et nous appelons vivement à ce que Siliana et ses différentes délégations bénéficient de leur part au développement». Dans le même ordre d'idées, il n'oublie pas d'attirer l'attention sur une donnée que beaucoup feignent d'ignorer. «La rue organisée peut être maîtrisée par les partis politiques. Mais qu'en est-il de la rue spontanée qui ne peut attendre indéfiniment?», souligne-t-il.