Même si son approbation n'est, au fond, qu'une formalité. En tout cas, la reprise du Dialogue national est imminente C'est pratiquement fait. Abdelkrim Zbidi, ancien ministre de la Défense, est sur le point d'être choisi pour former et conduire le prochain gouvernement de compétences nationales. Le dernier obstacle à sa nomination aurait été levé, dimanche, lors de la rencontre qui l'a réuni à Sousse avec le Dr Moncef Marzouki, président de la République provisoire. La petite brouille qui a opposé Zbidi, il ya quelques mois, lors d'une émission télévisée, à Hédi Ben Abbès, ancien conseiller diplomatique et politique de Marzouki, n'est plus qu'un mauvais souvenir. «Le président Marzouki aurait changé d'opinion — selon une source informée qui s'est confiée à La Presse — et accepté de cautionner le choix de Zbidi, lorsqu'il a compris qu'Ennahdha pourrait le lâcher dans le cadre du deal qu'il s'apprêtait à conclure avec Nida Tounès». La même source ajoute, en analysant les résultats auxquels a abouti la dernière session du Conseil de la choura d'Ennahdha, tenue le week-end dernier : «Abdelkrim Zbidi va se trouver face à de grosses difficultés de la part d'Ennahdha lors de la formation de son équipe ministérielle. Le parti nahdhaoui mettra la pression dans le but de rassurer sa base qui n'accepte pas la ligne choisie par la direction et considère que les concessions n'ont pas abouti aux objectifs recherchés. Les menaces de démissions au sein du Conseil de la choura témoignent de la grogne qui règne actuellement au sein d'Ennahdha et qu'il importe de calmer au plus vite». Un discours et son contraire «Il est une réalité, presque une évidence, quand la direction d'Ennahdha prend une décision, la base n'a qu'à exécuter. Ainsi, les discours contradictoires que certains responsables ou constituants nahdhaouis sont en train de développer ne sont en réalité que de la poudre aux yeux ou un message cherchant à berner la base nahdhaouie», commente l'un des participants au Dialogue national au fait de ce qui se passe réellement au sein d'Ennahdha. «Maintenant que le conflit entre Marzouki et Zbidi fait partie du passé, le Conseil de la choura d'Ennahdha prend le relais et exhorte le Quartet à trouver une solution rapide à la crise relative au choix du chef du gouvernement en soulignant qu'Ennahdha n'attendra pas indéfiniment les résultats des consultations interminables. Fethi Ayadi, président du Conseil de la choura, va jusqu'à donner un ultimatum de deux semaines au maximum au Quartet pour que le nom du chef du gouvernement soit révélé. Au cas contraire, Ennahdha prendra les décisions qui s'imposeront». Pression algérienne «Il est plus que probable que Marzouki s'est, enfin, rendu à l'évidence en donnant sa caution au choix de Abdelkrim Zbidi en tant que futur chef du gouvernement», précise Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique. Plusieurs facteurs expliquent le revirement de Marzouki dont, en premier lieu, «la crise sociale qui prend de plus en plus de l'ampleur avec cette série de grèves que le pays s'apprête à vivre, grèves qui sont décidées par les structures syndicales sectorielles et régionales décidées à répondre au durcissement de certains ministres du gouvermment Laârayedh qui donnent l'impression de vouloir profiter de la situation en reniant leurs engagements avec plusieurs syndicats». Le secretaire général du Ptpd relève : «Il existe, aujourd'hui, parmi les composantes du paysage politique national, au pouvoir et dans l'opposition, un certain accord selon lequel le pourrissement de la situation ne sert les intérêts de personne d'où l'impératif de mettre en œuvre une solution consensuelle». Cette approche qui fait du chemin et suscite un soutien s'élargissant de jour en jour répond, en quelque sorte, «à la pression de l'Algérie qui est encore à l'ordre du jour. Les Algériens répètent, en effet, que les Tunisiens ont le devoir d'opter pour le consensus. Ils exigent également que la solution à privéligier ne doit, en aucune manière, s'opérer au détriment de la Troïka dont les partis doivent rester partie prenante dans le paysage politique national, même s'ils quittent le gouvernement». Sur un autre plan, on apprend que l'Assemblée nationale constituante tiendra, demain mercedi 27 novembre, une séance plénière qui sera consacrée principalement à l'annulation des amendements introduits sur le règlement intérieur de l'ANC ayant provoqué le retrait des constituants du Bloc démocratique. Ainsi, l'on peut affirmer que le retour à la table du dialogue est imminent. A moins que l'une des partes ne se ravise à la dernière minute !