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Six nouvelles facultés de médecine et pas une seule école de science politique
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 11 - 2013


Par Hatem M'RAD
Le gouvernement a décidé la création de 6 nouvelles facultés de médecine : trois facultés de médecine dans les gouvernorats du Kef, Sidi Bouzid et Médenine, une faculté de médecine dentaire à Kasserine, une faculté de pharmacie et une école supérieure de gestion hospitalière à Jendouba. Facultés de médecine à ajouter aux autres facultés de médecine déjà existantes sur le marché. En outre, trois autres écoles d'ingénieurs sont prévues à La Soukra par l'Université de Carthage (le terrain déjà acquis). Facultés de médecine prévues toutes, pour des raisons électoralistes, dans des régions, certes démunies en matière de santé, mais où, comme par hasard, la Troïka et les islamistes sont manifestement impopulaires.
Une multiplicité de facultés de médecine et d'ingénieurs, mais pas une seule Ecole de science politique n'est encore prévue, dans un pays qui en a pourtant bien besoin aujourd'hui. Une nécessité qui ne s'explique pas seulement par la fin de la dictature ou par une révolution qui a mis en place un processus de transition démocratique, mais aussi pour la requalification du personnel politique, l'amélioration de la qualité de la vie institutionnelle et politique, ainsi que le développement des recherches sérieuses en science politique.
La science politique n'a pas vocation à être enseignée dans une faculté de droit, comme c'est le cas aujourd'hui en Tunisie, mais dans une école de science politique. Peut-on enseigner le droit dans une faculté de sociologie, de théologie ou de philosophie ? Peut-on former un bon juriste, maîtrisant la science et la technique du droit chez les sociologues ou les économistes ? C'est la même chose pour la science politique, la dernière science sociale sur le plan chronologique. Un diplômé en science politique ou un politologue doit être formé dans son institution mère, par des formateurs qualifiés dans leur propre discipline, et non par «des intrus», ayant des soucis étrangers à l'enseignement même de la science politique. Doit-on continuer à solliciter un juriste pour parler de politique ? On l'a fait au XIXème siècle, lorsque la science politique n'était pas si développée, mais on ne le fait plus maintenant, avec une science politique devenue même science quantitative (organigrammes, statistiques, paraboles (voir les revues anglo-saxonnes de science politique). Ou encore,que veut dire une licence ou un master de science politique dans une faculté de droit ou dans un institut de presse, comme à l'IPSI ? Une tromperie académique, car une telle discipline n'est pas la vocation première de tels établissements, ni d'ailleurs leur tasse de thé.
En Tunisie, la politique est toutdepuis la révolution, mais la science politique est toujours Rien, trois ans après. En Occident, et notamment aux Etats-Unis, le pays où cette discipline est la plus avancée dans le monde, la science politique est mythifiée. Le prestige de l'enseignement de cette science dans les universités et le prestige dont sont entourés les politologues sont le garant de la qualité de la démocratie elle-même. Politologues, universités, hommes politiques, partis politiques, Congrès travaillent tous main dans la main, pour le bien public et le progrès démocratique. La science politique est indispensable, parce qu'elle aide les acteurs politiques à tracer les finalités politiques du pays et à définir leurs stratégies politiques et électorales.
En Tunisie, une classe politique prolifique, tant dans la majorité que dans l'opposition, est soudainement apparue après la révolution, motivée par le nouveau jeu démocratique et les nouvelles perspectives politiques. Mais, aucun membre de cette classe politique ne semble, à notre connaissance,avoir des qualifications précises ou un cursus type en science politique. Les Tunisiens se plaignent quotidiennement du niveau de la classe politique, à l'ANC ou au gouvernement. Certains membres de l'ANC et même du gouvernement ont jusque-là brillé, auprès de l'opinion, beaucoup plus par leur profil impolitique, théologique, voire folklorique pour certains, que par leur compétence politique proprement dite. Pourtant la politique, c'est une affaire sérieuse et grave. C'est tout de même la gestion des intérêts collectifs de la nation. C'est ce qui fait sa noblesse. Elle en est réduite chez nous à être un troc financier peu catholique entre des constituants que des partis de circonstances se sont empressés de mettre sur leurs listes électorales, dans l'impréparation générale.
En Tunisie, l'élection démocratique, plurielle, sera désormais le déterminant majeur de la vie politique, du Parlement, du gouvernement et le conducteur du destin national pour les prochains mandats politiques. Mais on a toujours du mal à trouver des spécialistes en matière électorale, des instructeurs pointus dans l'organisation électorale, tant dans l'Isie qu'auprès des profanes propulsés dans le contrôle des bureaux de voteet du dépouillement des urnes. L'étude de la «Sociologie électorale», devenue une matière essentielle dans l'enseignement de la science politique, peut remplacer toutes les formations factices et accélérées, suivies par des profanes,réunis dans l'urgence, deux mois avant les élections, dans l'espoir d'en faire des spécialistes assez qualifiés pour pouvoir assurer une élection correcte. Les innombrables partis politiques, qui s'agitent fiévreusement sur la scène politique, ont-ils des spécialistes en matière électorale qui leur apprennent à gagner une élection ? Qui leur apprennent à faire des stratégies électorales à moyen et long termes ? Connaissent-ils la motivation des votes des électeurs, les leurs et les autres, circonscription par circonscription ? La science politique peut les y aider.
En Tunisie, on a une administration étoffée, on a même une Ecole nationale d'administration, mais on n'a encore ni un enseignement sérieux de «politiques publiques», qui étudie la politique sectorielle de l'Etat (santé, logement, équipement, sport, éducation...), discipline devenue majeure aujourd'hui en science politique, ni un corps de spécialistes en la matière. L'ENA, plutôt proche du droit administratif, n'a jamais eu la vocation de la science politique.
En Tunisie, les politologues sont en droit d'être inquiets. Leur science est académiquement orpheline, mais la vie politique est aussi orpheline de politologues. C'est vrai que les pays arabes n'ont pas de tradition en matière de science politique, ni dans l'enseignement de la science politique, où les enquêtes de terrain sont un outil expérimental de connaissance aussi importants que les études bibliographiques. Les écoles, instituts et facultés de science politique existent bien sûr dans le monde entier, et de plus en plus en Asie, Amérique latine et en Afrique (comme au Cameroun ou en Afrique du Sud). Mais on ne voit aucune raison qui empêche maintenant la création d'une école de science politique en Tunisie : ni politique, ni administrative, ni financière. On a bien trouvé 45 millions de dinars pour ces 6 facultés de médecine.
Il reste que : institutions, démocratie et science politique vont de pair. Economie, emploi et science politique aussi. Car le processus démocratique en Tunisie a ouvert de nouvelles perspectives d'emploi pour les diplômés de science politique : carrière politique, députés, élus municipaux, militants, enseignement, journalisme politique, travail associatif, ONG, marketing politique, communication politique, administration.
Si les autorités politiques et les responsables du ministère de l'Enseignement supérieur, aveuglés par l'immédiateté de leur fonction transitoire, continuent à faire la sourde oreille sur une question interpellant les stratégies nationales, on pourra toujours inviter les partis politiques sérieux et crédibles à insérer cette question dans leurs prochains programmes électoraux.
H.M.
(Professeur de science politique)


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