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Lorsqu'un amnistié est propulsé aiguilleur du ciel en chef : Le décollage en trombe d'une carrière ! ENQUÊTE - L'administration tunisienne au temps de la troïka (I)
Alors qu'il a passé plus de vingt ans hors du monde de la sécurité des aéroports et du contrôle des radars, un amnistié de l'Oaca est propulsé chef de salle et instructeur. La plus haute qualification de son unité L'affaire se prête plus à une anecdote d'une république bananière qu'à une histoire vraie, qui se déroule sous nos cieux post-révolutionnaires. Or, dossier administratif complet à l‘appui — des décisions du PDG à celles du directeur des ressources humaine et à la fiche de paie de l'intéressé — Mohieddine. F, bachelier, militant islamiste, proche du premier cercle du parti, occupant le poste de contrôleur d'aérodrome à l'Office de l'aviation civile et des aéroports (Oaca) jusqu'en 1990, date de son arrestation par la police de Ben Ali, gagne graduellement depuis octobre 2012 jusqu'en juillet 2013 quatre grades en moins d'une année ! Il est propulsé contrôleur radar en plus d'être promu chef de salle et instructeur ! La plus haute qualification de son unité qu'il a quittée depuis plus de vingt ans, quand le système informatique en Tunisie était plus sujet de science-fiction que de réalité. Intrigant : aucune des décisions successives n'a été avalisée par la commission créée auprès de chaque ministère de tutelle (selon le décret du 13 décembre 2012) et dont la mission consiste à examiner les demandes de reconstitution de carrières*. La procédure juridique n'a pas été respectée ! «Le ministère du Transport reçoit des milliers de dossiers», s'excuse Sami Menchari, directeur des ressources humaines à l'Oaca. La prison serait-elle devenue une école des cadres pour le gouvernement dominé par le mouvement Ennahdha ? Et notamment pour les trois ministères dirigés par des partisans de l'aile dure du parti que sont M. Harouni (ministre du Transport), M. Ben Salem (ministre de l'Agriculture et M. Mekki (ministre de la Santé publique) ? Retournons à la réintégration de Mohieddine. F. Mais qui pourrait-il donc instruire dans un poste si délicat pour la sécurité des avions quand ses subordonnés sont tous largement plus expérimentés et plus qualifiés que lui ? Réponse de Sami Menchari : «Mohieddine F. exerce, après avoir réussi un test d'aptitude, uniquement la fonction de contrôleur radar. Par contre, il ne fait pas d'instruction. C'est juste là une qualification qu'il a acquise suite à la reconstitution de sa carrière». Une qualification fictive offerte juste pour gonfler le montant de ses primes... * Interrogé sur cette question, Belgacem Ferchichi, conseiller auprès du Premier ministre Ali Laârayedh, chargé des affaires administratives, qui a lui-même signé la décision d'intégration d'Oussama Ellouze (fils de Habib Ellouze) à la Cnam, pour «des raisons humanitaires», nous a-t-il expliqué, a pourtant affirmé que les commissions ministérielles fonctionnaient comme le préconise l'article 7 du décret du 13 décembre 2012.